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Mortalité infantile : le coût de l’inaction (Communiqué)

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Pourquoi le risque de mourir pour un enfant de moins d’un an est-il, par rapport à la Suède, 2 fois plus élevé en France, 3 fois plus en Seine-Saint-Denis et 4,5 fois plus dans les DOM ?

En 2021, si la France avait eu le même taux que celui de la Suède, 1397 décès auraient été évités.

Le 20 décembre 2023, les députés Anne Bergantz (MoDem et Indépendants) et Philippe Juvin (Les Républicains) ont présenté leur rapport de mission flash portant sur la mortalité infantile en France à leurs collègues de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée nationale.

Un constat s’impose : la France continue d’être le mauvais élève de l’Union Européenne en matière de mortalité infantile. Depuis plusieurs années, les taux de mortalités infantiles sont en augmentation, à la différence de la plupart des pays européens.

L’OCDE montre qu’en 1995 sur 25 pays actuels de l’Union Européenne, la France occupait la 3ème position, derrière la Finlande et la Suède. En 2021, La Finlande et la Suède occupent toujours les 2 premières places, mais la France est passée en 20ème position. [1] Un pays comme l’Estonie est passé à l’inverse de la 23ème place à la 5ème place. Ce n’est pas qu’une question de richesse. Le PIB par habitant de l’Estonie correspond à 64% de celui de la France.

Cette évolution continue puisque l’INSEE donne un chiffre de 3,9‰ en 2022. Ce sont 2867 enfants de moins d’un an qui sont donc décédés en 2022 dans notre pays contre 2719 en 2021. [2]

Le rapport Bergantz-Juvin évoque les disparités territoriales, mais ne pointe pas l’évolution très rapide de ces inégalités sur 5 ans, ce que révèlent les données de l’INSEE. Toutes les régions de France affichent un taux supérieur à celui de la Suède, l’Ile-de-France ayant le taux le plus élevé (4‰). Ce taux élevé est dû principalement à la Seine-Saint-Denis (5,4‰), au Val-de-Marne (4,5‰) et au Val d’Oise (4,5‰). Un seul département a un taux inférieur ou égal à celui de la Suède : l’Aude (1,4‰).

Le département le plus touché, la Seine-Saint-Denis, a vu ainsi son taux progresser de 4,4‰ à 5,4‰ en 5 ans, soit une progression de près de 5% par an. [3] La progression des 3 autres départements les plus touchés en métropole est encore plus spectaculaire : Indre et Loire (+43%), Jura (+60%) et Lot (+54%) alors qu’en comparaison les taux dans les DOM sont restés stables sur cette période.

Le rapport Bergantz-Juvin conclut à une multiplicité de facteurs concourant à cette hausse, et formule des hypothèses au premier rang desquelles figurent l’organisation et la qualité des soins ainsi que la hausse de la prématurité extrême et ses conséquences.

Étonnamment, il n’est pas fait référence au rôle des expositions environnementales dans la survenue de la prématurité et donc par voie de conséquence sur la mortalité infantile. Le rapport publié par l’OMS, l’UNICEF et le PMNCH à l’occasion de la conférence décennale sur la prématurité tenue en mai dernier à Johannesburg affirme : « Les naissances prématurées sont aujourd’hui la principale cause de mortalité infantile » pour conclure : « Il est urgent d’agir pour améliorer la prévention des naissances prématurées». [4]

De très nombreuses études pointent le lien entre exposition environnementale aux perturbateurs endocriniens et prématurité et montrent par exemple que la réduction de la seule exposition aux phtalates des femmes enceintes se traduit par une diminution très significative du risque de prématurité.

Quelques références sur le sujet:

Le rapport publié dans la revue de référence The Lancet classe le lien prématurité et phtalates dans « les preuves de plus en plus nombreuses (qui) plaident en faveur d’une action urgente pour réduire l’exposition aux PE ». [5]

Une étude publiée en septembre 2022 dans le journal de référence JAMA Pediatrics donne une synthèse des 16 études réalisées aux Etats-Unis entre 1983 et 2014 dans le cadre du programme NHANES sur le lien « Prématurité et Phtalates ». L’originalité de cette étude était l’évaluation du gain de santé à attendre d’une réduction de la contamination des femmes enceintes : 50 % de contamination en moins, c’est 12% de cas de prématurité en moins et même 32% pour une diminution de contamination de 90%. [6]

Une étude chinoise publiée en 2022 dans la revue The science of the total environment indique que l’exposition à un mélange de 13 perturbateurs endocriniens pendant le 1er trimestre double le risque de prématurité, principalement à cause du bisphénol A et du phtalate DEHP. [7]

En 2021, une étude publiée dans Environmental Health Perspectives mettait en avant la corrélation entre exposition prénatale aux PFAS et prééclampsie, une pathologie apparaissant pendant la grossesse et qui n’a pour seul « traitement » que l’accouchement quelle que soit l’avancée de la grossesse. [8]

Le rapporteur Bergantz-Juvin conclue à juste titre à la nécessité d’une action urgente et ciblée. Mais cela suppose que l’action sur les causes environnementales en fasse partie. 

En conséquence, le Réseau Environnement Santé réitère sa demande d’une mission flash sur« Prématurité et Perturbateurs Endocriniens » en complément de celle qui vient d’être rendue publique.

Télécharger le communiqué

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Notes :

Contact presse : contact@reseau-environnement-sante.fr

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