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Cancer du sein : la France est devenue le 1er pays au monde en 2022 (Communiqué)

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Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) vient de publier les données pour l’année 2022 sur le cancer dans le monde ainsi que les projections jusqu’à 2050.  La France reste un des pays les plus touchés au monde avec 484 000 cas et 191 000 décès. Le nombre de cancers a doublé en 30 ans. La France est le 9ème pays au monde (7ème pour les hommes et 10ème pour les femmes). Les prévisions pour 2050 sont 595 000 cas et 261 000 décès.

La France est devenue le 1er pays au monde pour l’incidence du cancer du sein

Les dernières données publiées en 2020 la classaient en 4ème position derrière la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le taux de ces pays a diminué alors que celui de la France a augmenté sur cette période.

Comme en 2020, le pays avec le taux le plus faible est le Bhoutan (23 fois moins), mais les différences sont aussi importantes avec des pays comme l’Inde (4 fois moins) et même en Europe avec l’Ukraine (2,4 fois moins).

Ce ne peut pas être dû au sur-dépistage comme cela est parfois évoqué, puisque la France occupe aussi la 1ère place chez les femmes de moins de 49 ans, soit avant toute systématisation du dépistage. Les différences avec les pays déjà cités sont du même ordre dans cette tranche d’âge.

La mortalité reste élevée par rapport aux pays européens

En termes de mortalité, la France se situe au niveau mondial loin de la 1ère place, occupée par les Iles Fidji. Elle est néanmoins au-dessus de la moyenne mondiale, mais également au-dessus de la moyenne européenne (+45% par rapport à l’Espagne pour les 0-85+ et +82 % par rapport à la Norvège et la Suisse pour les <49 ans).

Ile-de-France, Paris, 1er pays au monde ?

Publiée en 2016, une étude de l’ORS Ile-de-France portant sur l’incidence (2007-2016) et sur la mortalité (2007-2014) avait montré que l’Ile-de-France avait un taux qui en ferait encore aujourd’hui le 2ème pays au monde. Dans cette étude, Paris était la plus touché avec un taux supérieur à celui de la France en 2022.   En termes de mortalité, les taux d’Ile-de-France, Paris, Seine & Marne et Val-d’Oise étaient nettement supérieurs à la moyenne nationale. Qu’en est-il aujourd’hui, sachant qu’il y a eu une progression nationale ?

Quel avenir en 2050 pour les femmes < 49 ans ?

De 2022 à 2050, selon le CIRC, le nombre de cas annuels en France passerait de 65 700 à 75 400 et celui des décès de 14 700 à 20 100. Les femmes de moins de 49 ans représentent déjà aujourd’hui 12 709 cas soit 1 cas sur 5 et 1087 décès, soit 1 cas sur 14. Ce sont elles qui sont, par principe, les plus concernées par cette prévision pour 2050.

Comment arrêter le tsunami à venir ? C’est la question que l’on doit se poser aujourd’hui sachant qu’en matière de cancer, il faut penser les actions sur le long terme. L’exemple des succès enregistrés dans la lutte contre le tabac ou, dans un autre domaine, les accidents de la route, devrait aujourd’hui inspirer la politique de lutte contre le cancer.

Le pic de la mortalité routière a été atteint en 1972 avec 18 034 morts, soit un taux de mortalité 12 fois plus élevé qu’en 2021 avec 2 944 morts, soit 6 fois moins de morts avec deux fois plus de voitures. Il n’y a pas de fatalité si on construit des politiques sur le long terme.

2024 : 30ème année d’Octobre Rose.

C’est le moment de faire le point sur l’efficacité de la stratégie suivie. Manifestement, le choix de mettre l’accent sur le dépistage n’a pas abouti au résultat souhaité, ni en termes d’incidence, ni en termes de mortalité. Il n’est pas surprenant que l’incidence ait augmentée, puisque par principe le dépistage ne s’attaque pas aux causes. Par contre, on pouvait espérer une baisse de la mortalité, liée à un dépistage précoce et aux progrès thérapeutiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il faut donc mettre en cause le choix stratégique qui a été de ne pas considérer les causes environnementales, au motif qu’il n’y avait pas de preuves scientifiques suffisantes, hormis tabac et alcool.

Les données scientifiques depuis 30 ans n’ont pourtant cessé de confirmer, non seulement que la génétique n’explique que 10% des cas, mais que le poids des causes environnementales est écrasant, en définissant évidemment l’environnement de la façon la plus large. Les études sur les migrantes montrent que le passage d’un pays asiatique à l’Amérique du Nord ou à l’Europe (où le taux moyen est 3 fois plus fort que dans le pays de départ) augmente le risque dans les mêmes proportions.

Le rôle des Perturbateurs endocriniens

La contamination chimique joue un rôle déterminant, en priorité celle liée aux perturbateurs endocriniens (bisphénol A, perfluorés, phtalates, parabènes, cadmium, certains pesticides…). L’étude récente publiée dans la revue de référence Environmental Health Perspectives par les chercheuses du Silent Spring Institute a identifié 920 substances susceptibles d’initier ou de favoriser le développement du cancer du sein.  La dimension transgénérationnelle a été démontrée chez l’humain avec le pesticide DDT, la dioxine de Seveso, le distilbène…

L’étude récente PEPS’PE de Santé Publique France classe d’ailleurs le cancer du sein dans la catégorie « Niveau de preuve suffisant » pour le lien avec les Perturbateurs endocriniens. Sont aussi en cause la pollution atmosphérique, le travail de nuit, les rayonnements ionisants, l’alimentation ultra-transformée comme l’a montré en France l’étude NUTRI-NET.

Des effets peuvent être obtenus rapidement.  

La diminution observée au début des années 2000 chez les femmes de plus de 60 ans suite à l’arrêt du THS (Traitement Hormonal Substitutif) de la ménopause, alors que le taux progressait dans toutes les autres tranches d’âge, montre qu’il est possible de réduire en quelques années l’incidence à tous les âges en agissant sur des facteurs identifiés. Un autre bénéfice à attendre serait d’agir pour augmenter l’efficacité de la chimiothérapie en diminuant la contamination de la femme par des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A ou un phtalate comme le BBzP.

Comme ce sont des perturbateurs endocriniens non persistants éliminés quotidiennement, les gains à attendre sont donc très immédiats.

Le 30ème anniversaire d’Octobre Rose doit être l’occasion de redéfinir la stratégie de lutte contre le cancer du sein en France et dans le monde.

Les différences entre pays, les études sur les migrantes, montrent que le cancer du sein est principalement une maladie environnementale. Des programmes de recherche internationaux devraient être développés pour analyser la raison de ces différences, notamment au vu de leur évolution dans le temps et par tranche d’âge.

Plus particulièrement, le rôle majeur des perturbateurs endocriniens justifie une politique d’élimination à la source.

La lutte contre le cancer du sein doit se mener à partir des connaissances scientifiques d’aujourd’hui et non des incertitudes du passé.

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