Le syndicat Les Biologistes Médicaux, regroupant les biologistes libéraux, hospitaliers, et internes, a été reçu par M. Florian BON, nouveau chef de bureau « Accès aux soins » de la DGOS au ministère de la Santé et des Solidarités. Il souhaite désormais être reçu par Monsieur le Ministre Frédéric VALLETOUX, pour échanger sur l’avenir de cette spécialité structurante dans le système de santé puisque 70% des diagnostics sont posés en partie grâce aux examens biologiques.
Voici les propositions du syndicat pour faire avancer certains sujets prégnants pour notre système de santé :
1/ Amélioration des soins non programmés biologiques, du service d’accès aux soins et de la permanence de soins biologiques
Nous avons évoqué la possibilité d’organiser une cartographie nationale des laboratoires de biologie médicale, à l’instar des autres professions de santé sur annuaire.sante.fr, afin de connaître précisément l’offre, les horaires, les prélèvements particuliers, et les lieux de réalisation d’examens biologiques d’urgence. Cela permettra d’affiner les besoins, d’assurer au moins les soins non programmés et la permanence des soins biologiques, permettant ainsi de limiter le recours aux services d’urgence hospitaliers, et de limiter l’utilisation de la biologie délocalisée aux situations le nécessitant. Pour cela, et pour désengorger les hôpitaux, il est indispensable de procéder à une harmonisation des textes internes du COFRAC, en les alignant sur les textes législatifs et règlementaires, notamment en ce qui concerne les lignes de portée des examens biologiques. Des discussions sont en cours.
2/ Problématique RH : ressources trop faibles en techniciens de laboratoire
Nous avons proposé l’élargissement des diplômes permettant l’exercice en tant que techniciens de laboratoire à d’autres diplômes, telle que la licence en sciences de la vie. Cette disposition existait dans le passé, et un aménagement salutaire des textes a été réalisé lors de la crise Covid pour la partie biologie moléculaire. Il faut désormais transformer l’essai car il n’y a aucune raison de cantonner cette exception à la biologie moléculaire, d’autant que nombreux étudiants souhaitent postuler dans les laboratoires de biologie médicale à l’issue de la licence. Nous défendons aussi la valorisation en laboratoire du prélèvement sanguin du technicien et du biologiste médical au même niveau que le prélèvement d’un infirmier, et l’élargissement des actes de prélèvements réalisables par un technicien de laboratoire. Cela permettrait de redéployer un nombre important d’infirmiers sur le territoire national, à l’heure où les ressources manquent.
3/ Vaccination
Nous sommes dans l’attente de pouvoir stocker les vaccins au sein des laboratoires et d’obtenir le même forfait que d’autres professionnels pour leur achat. Cela permettrait enfin de mobiliser massivement les biologistes médicaux dans les campagnes vaccinales, notamment celle de la période hivernale où nous pourrions proposer systématiquement le vaccin anti grippal aux personnes > 65 ans. Cela pourrait concerner également les autres vaccins (papillomavirus, covid, vaccins obligatoires, …), alors que plus de 500 000 patients poussent quotidiennement la porte d’un laboratoire de biologie.
4/ Agréments (génétique, AMP…)
Nous demandons plus de souplesse dans le système d’agréments puisqu’il est actuellement nécessaire d’avoir deux agréments (moléculaire et cytogénétique) pour réaliser des examens génétiques, et deux agréments (l’un pour le praticien, l’autre pour le laboratoire), ce qui est lourd et redondant. Dans le cadre du plan génomique 2025, à l’instar de ce qui a été réalisé récemment avec l’assistance médicale à la procréation (AMP), et avec l’essor de cette discipline, il est indispensable de faciliter l’accès à des examens génétiques de qualité, dans des délais raisonnables, en adaptant des contraintes inadaptées.
5/ Prescription et consultations par les biologistes médicaux : améliorer les parcours de soins des pathologies aiguës et chroniques
Il subsiste des incompréhensions entre les textes qui autorisent les consultations et/ou prescriptions en lien avec la biologie médicale, les droits respectifs des médecins et pharmaciens biologistes, les différences de pratiques au sein des certains laboratoires privés et publics et les interprétations des Ordres et de la CNAM sur ce qui est permis ou non. Il est indispensable de cadrer ces éléments, et de valoriser les consultations et prescriptions, notamment dans certains domaines de spécialisation clés (hémato/hémostase, génétique, AMP, infectiologie, …) et certaines situations (urgence biologique, …). A noter que des consultations par un biologiste médical sont déjà légalement obligatoires dans un certain nombre de situation et de disciplines (AMP, génétique), sans aucune reconnaissance.
A titre d’exemple en infectiologie avec la recherche de cystite sans ordonnance : réalisation d’examens de 1ère intention (sédiment urinaire +/- bandelette), +/- contrôle ECBU si nécessaire selon les recommandations de la SPILF, sur le même échantillon d’urine, évitant une consultation et un nouveau passage au laboratoire. Cela permettrait de réaliser un contrôle de la leucocyturie, avec prescription et délivrance du traitement probabiliste adapté, limitant ainsi l’antibiorésistance en France et générant des économies.
6/ Financiarisation de la santé
Les autorités et les parlementaires se sont récemment emparés du sujet, et le syndicat avait été auditionné dans le cadre de la mission sénatoriale sur le sujet, en rappelant la définition de financiarisation qui reste un terme générique.
La DGOS nous a confirmé travailler sur le sujet également, en s’appuyant sur la récente Ordonnance de février 2023 sur les professions réglementées, avec des objectifs législatifs et règlementaires, après analyse approfondie du secteur de la biologie médicale et de l’impact de la concentration / financiarisation.
Ces travaux portent sur tous les secteurs de la santé, et une communication récente du Conseil National de l’Ordre des Médecins proposait la suppression de tout acteur non professionnel dans le capital.
Nous avons retransmis nos propositions, avec un équilibre entre acteurs professionnels et non professionnels dans l’encadrement des droits financiers et décisionnels, en supprimant les moyens de contournement, afin de garantir la transparence, et l’indépendance professionnelle. Nous avons bien expliqué la complexité de l’organisation actuelle en biologie médicale, avec le risque d’une concentration trop importante et constitution d’un oligopole de 3-4 acteurs, situation accélérée par les baisses brutales de tarification. Nous avons aussi pointé la nécessité de protéger l’investissement des biologistes médicaux dans les laboratoires indépendants et les plus grands groupes, sans détruire brutalement notre modèle de proximité à la française.
Nous avons insisté sur les baisses de tarification qui ne sont plus tenables sur le terrain, et qui vont avoir un impact désastreux sur la qualité de la biologie médicale en France, puisque les économies d’échelle ont déjà été réalisées au sein des laboratoires indépendants et des plus grands groupes.
Contact : contact@lesbiologistesmedicaux.fr