L’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité révèlent, dans leur 6e baromètre, une augmentation alarmante du nombre d’enfants sans abri, malgré les alertes répétées et les recommandations formulées, loin d’être suivies. L’incertitude du contexte politique fait craindre une dégradation de la situation.
Au moins 2 043 enfants étaient sans solution d’hébergement dans la nuit du 19 août, soit une hausse de 120% par rapport à 2020. Parmi eux, 467 ont moins de trois ans. Si ces chiffres illustrent une situation dramatique, ils ne sont pas exhaustifs: de nombreuses personnes ne recourent pas ou ne parviennent pas à joindre le 115[1]. Par ailleurs, les mineurs non accompagnés sans-abri et les familles vivant en squats ou en bidonvilles ne sont pas comptabilisés.
Dysfonctionnements et échecs politiques face à un nombre record d’enfants à la rue
Nous constatons, cette année encore, une hausse du nombre d’enfants laissés pour compte à quelques jours de la rentrée. Les gouvernements successifs ont opté pour des politiques de court terme, loin d’œuvrer en faveur de réponses structurelles et ambitieuses. Pire, des orientations délétèresont vu le jour ces dernières années: loi dite «anti-squat», détricotage de la loi SRU, baisse des APL…
Face à une crise du logement et de l’hébergement qui perdure, nous constatons un abandon de tous les principes fondamentaux et juridiques de l’accueil, qui ne permettent même plus de protéger des femmes enceintes et des enfants de moins de trois ans.
«Vous avez plus de 2 000 enfants dans les rues de ce pays. Il y a eu un engagement pris par le gouvernement en 2022 à les sortir de cette impasse, que nous attendons toujours. Nous demandons que ces enfants et ces familles soient sorties immédiatement de cette situation indigne», appelle Pascal Brice, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
Le temps des promesses doit laisser place à l’action concrète
Les enfants, oubliés lors de la campagne des législatives, doivent dès à présent être au cœur des priorités du nouveau gouvernement et des parlementaires. L’UNICEF France et la FAS appellent en ce sens à une augmentation immédiate des places d’hébergement, promise depuis janvier 2024, ainsi qu’à la mise en œuvre d’une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement, conformément aux principes du Logement d’Abord. La vision court-termiste et les promesses sans lendemain doivent laisser place à des politiques ambitieuses pour un accès au logement durable.
«Cette augmentation incessante du nombre d’enfants sans abri est une tragédie. Pour la sixième fois, notre baromètre révèle une dégradation constante de la situation, en violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, que la France a ratifiée», s’indigne Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.
Ces solutions concrètes doivent être mise en œuvre sans délai pour garantir à tous les enfants un logement ou un hébergement digne, adapté à leurs besoins et conforme à leur intérêt supérieur. La Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France, nous y engage collectivement, mais c’est avant tout notre humanité qui nous y oblige.
[1] 69 % des personnes sans-abris n’appellent plus ou pas le 115 – Nuit de la Solidarité Paris 2024.
- Accéder au dossier de presse et au baromètre ICI.
- Lire le communiqué du Collectif des Associations Unies, UNICEF France, la Fédération des acteurs de la solidarité, le Réseau national d’aide aux élèves sans toit, la Fédération des conseils de parents d’élèves