Le 5 novembre, Florence Dabin, présidente du département de Maine-et-Loire et de France Enfance Protégée, a remis son rapport sur le circuit des alertes dans les lieux d’accueil du jeune enfant à Agnès Canayer, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Petite Enfance. Ce rapport, faisant suite au décès tragique d’un nourrisson dans une crèche à Lyon et en écho aux révélations des livres Les Ogres, dresse une fois encore un constat préoccupant des dysfonctionnements.
Un système en échec face à des défis cruciaux
Si le rapport propose des mesures telles que la mise en place d’un circuit des alertes, il manque cruellement d’ambition face à une réalité alarmante. Les rapports se suivent et se ressemblent : depuis 2016, sept rapports successifs ont pointé les mêmes insuffisances structurelles et organisationnelles. Tous dressent un constat alarmant, soulignant les lacunes du système et l’augmentation des violences envers les enfants. Pourtant, les véritables actions tardent à se mettre en place.
Ces publications ne suffisent pas à enrayer des chiffres toujours plus inquiétants : en 2022, le 119 a traité les situations de 40 334 enfants en danger ou en risque de danger, tandis qu’en 2021, les violences signalées avaient augmenté de 16 % par rapport à l’année précédente. un système en échec face à des défis cruciaux.
Des propositions en décalage avec les besoins réels
L’ANPDE déplore que ce rapport, bien qu’exhaustif dans l’analyse des failles actuelles, se concentre uniquement sur des solutions réactives, une fois les problèmes identifiés. Il fait l’impasse, ou en tous les cas ne met pas assez l’accent sur les leviers essentiels de la prévention et de la formation, pourtant fondamentaux pour protéger les enfants.
Les professionnels de la petite enfance, en première ligne, manquent cruellement de moyens et de reconnaissance. Le rapport omet également de traiter de l’attractivité des métiers, pourtant cruciale pour garantir un accueil de qualité.
S’appuyer sur les compétences des Référents Santé et Accueil Inclusif (RSAI)
L’ANPDE souligne que le temps dédié aux Référents Santé et Accueil Inclusif (RSAI), souvent assuré par les infirmières puéricultrices, reste insuffisant. Ces professionnels sont essentiels pour assurer un accueil de qualité, axé sur le développement psychomoteur, la santé, l’alimentation et le sommeil des enfants. Malgré l’importance de leur rôle durant les 1000 premiers jours de vie, les professionnels de la petite enfance sont souvent mal formés et peu soutenus. Les missions des RSAI, renforcées par le décret d’août 2021, visent à les accompagner. L’ANPDE déplore le manque d’engagement de l’État.
Avec seulement 10 heures allouées annuellement aux Référents Santé et Accueil Inclusif (RSAI) par crèche, comment assurer un accompagnement efficace et une formation continue ?
Investir dans la formation et la valorisation des métiers : une priorité oubliée
L’ANPDE appelle à une réforme ambitieuse pour revaloriser les métiers de la petite enfance :
- Obligation de formation : Aujourd’hui, aucune formation obligatoire n’est imposée aux professionnels. L’État doit garantir que chaque intervenant soit formé aux enjeux de la petite enfance, à la détection des maltraitances et aux procédures de signalement.
- Renforcer les RSAI : Leur rôle est essentiel pour guider et soutenir les équipes. Il est urgent d’augmenter leurs heures d’intervention afin de répondre aux besoins réels.
- Revalorisation des conditions de travail : La qualité de l’accueil passe par une reconnaissance salariale et des conditions adaptées pour ces métiers en tension.
- L’obligation de contrôle des casiers judiciaires B2 à l’entrée en formation et embauche
Pour un accueil sécurisé et bienveillant
L’ANPDE insiste également sur la nécessité d’acculturer les professionnels à la prévention des maltraitances et à l’accompagnement parental. Cela inclut :
- La détection précoce des signes de maltraitance.
- L’éducation et la sensibilisation des parents aux comportements appropriés.
- Une maîtrise des procédures de signalement pour intervenir rapidement.
L’ANPDE demande des actes, pas des constats
Les chiffres alarmants sont connus, les failles identifiées depuis des années. Ce nouveau rapport, bien qu’utile pour le diagnostic, fait l’impasse sur des actions concrètes et durables. L’ANPDE en appelle au gouvernement pour qu’il prenne des mesures courageuses : revaloriser les métiers, imposer des formations, et investir dans un système d’alerte et de prévention efficace.
Il est temps de passer des constats à l’action. L’avenir des enfants de France en dépend.
Créée en 1949, l’Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiants (ANPDE) est l’unique association qui défend et rassemble les professionnels de la spécialité de puéricultrice. Forte de ses 2000 adhérents, elle vise à promouvoir une politique de santé ambitieuse pour les quelque 13 millions d’enfants, et à défendre leur intérêt et celui de leur famille. Elle représente les 20 000 professionnels diplômés de la spécialité et les étudiants dans les instances officielles permettant ainsi l’évolution de la profession et la reconnaissance de la plus-value de la puéricultrice.
Contacts :
Peggy Alonso – Présidente – ANPDE
presidence@anpde.asso.fr
Sébastien Devillers – Aurasi Communication
sdevil@aurasicommunication.com