Les alertes s’accumulent sur le retard de la France en matière de transition écologique et de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre, et les vagues de chaleur se succèdent en Europe. Pourtant, mardi 15 juillet, le Premier ministre pourrait annoncer des coupes budgétaires qui impacteront la transition écologique, que ce soit par le choix d’une année blanche ou des coupes ciblées. Un choix qui va creuser tant la dette environnementale que budgétaire. Reporter, ralentir, tergiverser : chaque année perdue alourdit la facture. Le Haut Conseil pour le climat, la Cour des comptes, le Haut commissariat à la stratégie et au plan, la Direction Générale du Trésor le rappellent : le coût de l’inaction est bien supérieur au coût de la transition.
Une année blanche qui coûtera très cher
Ne pas augmenter les financements pour la transition écologique ne signifie pas seulement une pause dans l’investissement public : c’est entériner un retard supplémentaire, alors même que les années précédentes ont déjà été marquées par des moyens insuffisants, et des coupes sur plusieurs postes clés. En 2024, les baisses sur les aides à la rénovation, les crédits dédiés au vélo ou encore les rabots sur les aides pour les véhicules électriques ont envoyé un signal clair de désengagement. Une nouvelle année sans investissement supplémentaire viendrait aggraver cette dynamique de désinvestissement structurel.
Cela signifie concrètement : moins d’outils pour accompagner les ménages, les collectivités, les agriculteurs, les entreprises dans la transition. Les coupes budgétaires pour la transition écologique en 2024 ont eu également des impacts directs sur les émissions de gaz à effet de serre avec un ralentissement de leur baisse et une prévision pour 2025 qui est totalement hors des clous. Poursuivre ces reculs ou ne pas augmenter les fonds pour la transition écologique est incompatible avec les objectifs climatiques de la France et met en péril la capacité même de l’État à piloter son propre plan de planification écologique.
De nouvelles coupes : un choix politique aux conséquences durables
Alors que l’État a identifié un besoin de 10 à 15 milliards d’euros supplémentaires par an dans son budget pour réussir la transition, les signaux envoyés sont exactement à l’inverse : un appui budgétaire fragilisé sans prise en compte des conséquences à venir, tant budgétaire que écologique, et une perspective d’abandon de dispositifs pourtant indispensables – du fonds vert aux aides à la rénovation performante des logements.
Les moyens existent pour financer la transition écologique : les refuser est un choix politique
Malgré le besoin criant de trouver des financements complémentaires qui ne viennent pas creuser le déficit budgétaire, le gouvernement refuse encore d’ouvrir un débat sur la création de nouvelles recettes pour la transition écologique et la fiscalité sur les grands pollueurs. Leur taxation, même à des niveaux modestes au regard de leur impact sur l’environnement, permettrait de dégager des milliards d’euros pour financer la transition écologique.
Par exemple, des mesures relevant du bon sens pourraient être adoptées dès 2026,
- la fin des exonérations fiscales octroyées au secteur aérien (pas de taxe kérosène, TVA à 0 % sur les vols internationaux) par le relèvement de la taxe sur les billets d’avion générerait 3 milliards d’euros.
- Le renforcement du malus au poids sur les véhicules les plus lourds permettrait de générer jusqu’à 2 milliards d’euros de recettes.
- la mise en place d’une fiscalité cohérente avec les objectifs de réduction de l’artificialisation, dont un récent rapport du WWF a montré qu’elle pouvait apporter à court terme 2 à 5 milliards d’euros de revenus supplémentaires.
D’autres leviers plus ambitieux sont également susceptibles d’être activés pour retrouver des marges financières. Par exemple, Oxfam a estimé qu’une taxation renforcée des dividendes climaticides rapporterait jusqu’à 48 milliards d’euros et un ISF climatique pourrait générer 15 à 17 milliards d’euros supplémentaires
Le choix de ne pas activer ces leviers n’est pas une fatalité budgétaire, c’est un renoncement politique.
Nous ne nous résignerons pas
L’écologie n’est pas une variable d’ajustement. Nous ne pourrons nous contenter d’améliorations à la marge. Un changement d’orientation globale s’impose. Le PLF doit devenir un outil de mise en œuvre d’une transition écologique et juste ambitieuse, pas l’acte final d’un renoncement.
CONTACTS PRESSE :
- Réseau Action Climat – Emeline Notari – Responsable Financements de la Transition Ecologique – emeline.notari@reseauactionclimat.org
- Réseau Action Climat – Mathilde Lebourgeois, directrice de communication, mathilde.lebourgeois@reseauactionclimat.org