Pénurie de médecins généralistes traitants, aggravation des inégalités sociales dans la santé comme dans l’éducation : le risque de crash sanitaire est-il encore évitable ?
De 1958 à nos jours, le système de santé français s’est développé autour de l’hôpital et de la médecine spécialisée, sans que les soins de premier recours, pour lesquels les médecins généralistes jouent un rôle central, ne bénéficient d’investissements équivalents.
Les conséquences de ce retard sont sous nos yeux. La France est un pays largement sous-équipé en soins primaires par rapport à ses voisins. Les indicateurs sanitaires de la population se dégradent. Les inégalités sociales de santé s’accroissent. Les régions les plus peuplées connaissent désormais leurs « déserts médicaux ».
La stratégie nationale de santé présentée par le gouvernement propose de développer les soins primaires autour de la fonction de médecin traitant. La profession généraliste est prête à relever ce défi qui nécessite un véritable plan d’urgence :
1) Les actes médicaux constituent aujourd’hui 90% de la rémunération des généralistes. Leur valeur doit être portée au niveau de ceux des autres spécialités.
– La consultation doit être portée à 25 € : sa valeur actuelle (23 € depuis 2011) subit une décote de 2 € par rapport aux autres spécialités en raison de l’interdiction de cotation de la MPC. MG France demande l’abrogation de l’avenant CSMF SML n° 19 signé en novembre 2006 qui organise cette décote.
– La consultation de coordination doit être fixée à 28 € chaque fois que le généraliste adresse son patient pour avis à un médecin consultant. La coordination du parcours de soins faite par les généralistes doit être payée aux généralistes.
– Il faut pouvoir coter une visite pour tous les actes faits au domicile du patient, y compris en maison de retraite. Il faut élargir le périmètre de la VL (visite longue) à 56 €. Il faut rétablir la cotation pleine du frottis au cours de la consultation.
– Il faut créer une consultation longue dans la nomenclature des actes des généralistes. Cette consultation rémunérerait les actes pour lesquels un travail de synthèse est nécessaire (premier contact, addictions, pathologies chroniques notamment)
2) Les forfaits constituent aujourd’hui 10% de la rémunération des généralistes. Ils ne rémunèrent que très partiellement les tâches faites en dehors de la présence du patient. Certains de ces forfaits sont restés bloqués à leur valeur d’origine. MG France demande leur actualisation.
– Il faut réactualiser les indemnités de déplacement : l’indemnité kilométrique est bloquée depuis … 1996, la majoration de déplacement (MD) de la visite depuis 2002.
– Le forfait pour les patients en ALD est fixé à 40 € depuis 2005, il doit être porté à 46 €, comme le C2 des médecins consultants.
– Le forfait médecin traitant de 5 € vient d’être rétabli sur demande de MG France. Il doit être étendu aux enfants de moins de 16 ans. Son montant doit être augmenté : il s’élevait à 45 € en 2004, avant d’être ramené à 0 par la convention CSMF SML de 2005.
– Un forfait « structure » doit être créé : Il s’agit d’une proposition de MG France lors de la négociation 2011. Ce forfait doit permettre de financer les services apportés par la structure du cabinet : personnel, local, etc.
Pour MG France, la stratégie nationale de santé doit commencer par ce plan d’urgence et d’investissement pour la médecine générale. Il doit permettre d’éviter la catastrophe sanitaire qu’entrainerait l’impossibilité pour chaque patient d’accéder à un médecin traitant.