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« Violences conjugales et familiales : La prise en charge a-t-elle progressé? » (Communiqué)

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Violences conjugales et familiales

La prise en charge a-t-elle progressé ?

 A l’occasion de la Journée de la Femme 2014, L’Académie nationale de médecine tient de nouveau à affirmer son engagement dans la lutte contre les violences envers les femmes

L’Académie rappelle qu’elle s’est prononcée sous différentes formes, à plusieurs reprises, depuis le rapport du groupe d’experts réunis en 2000 par la secrétaire d’Etat à la Santé et aux Handicapés pour évaluer l’impact des violences sur la santé physique et mentale des femmes victimes et présenter des propositions susceptibles d’améliorer l’information et la formation du corps médical (1).

Elle a ainsi pris successivement position en 2002 (3, 4) , 2003 (2), 2010 (5), et dernièrement, les 2 et 3 septembre 2013, à l’occasion du Colloque sur « violences faites aux femmes : soins aux victimes, prise en charge des auteurs » organisé à l’Académie, en présence de la Ministre des droits des femmes.

L’Académie a recommandé que soient prises les mesures suivantes :

  • assurer d’abord une meilleure connaissance des violences familiales, en recensant et en publiant chaque année le nombre d’homicides et d’assassinats dus aux violences conjugales ;
  • saisir l’occasion de la grossesse pour les mettre en évidence ;
  • assurer la mise à l’abri des femmes victimes, afin d’éviter que les maris extrêmement agressifs ne les retrouvent et ne les tuent ;
  • installer des lieux d’écoute et de prise en charge des hommes violents ;
  • organiser à l’échelon local des rencontres interdisciplinaires entre médecins, magistrats, policiers et travailleurs sociaux ;
  • renforcer la formation initiale et continue de tous les médecins et les inciter à dépister les violences au moindre soupçon ;
  • organiser une prévention dès l’école primaire et le collège.

La plupart de ces recommandations ont à ce jour été suivies d’effet, et l’Académie se réjouit qu’elles soient désormais mises en œuvre par des mesures concrètes et efficaces :

  • La connaissance du phénomène est nettement meilleure: la délégation d’aide aux victimes du Ministère de l’intérieur (DAV) publie chaque année depuis 2006 une étude nationale des décès au sein du couple recensant, sur tout le territoire, les assassinats, les meurtres, les violences suivies de mort sans intention de la donner, commis par l’un des deux partenaires, quel que soit son statut : conjoint, concubin, « pacsé », y compris les « ex » qui sont les plus dangereux;
  • la législation a été considérablement améliorée : depuis 2004, huit nouvelles lois et de nombreuses circulaires ont été adoptées et/ou complétées afin de protéger les femmes, d’éloigner les hommes violents et de les soigner ;
  • de nouveaux dispositifs d’information et de protection des femmes sont apparus ou ont été perfectionnés ;

·       les professionnels qui appliquent les lois (justice, gendarmerie, police ) ont modifié leur comportement ;

·       la prise en charge des agresseurs est désormais mieux assurée ;

·       une consultation au quatrième mois de grossesse a été créée.

Toutefois, les médecins, pris entre le respect de la vie privée, le secret professionnel et le devoir de porter secours, restent réticents.  La création de plusieurs diplômes d’université(DU) sur le sujet, l’ajout d’un item intitulé « violences sexuelles » dans le programme de l’épreuve nationale classante prévu en 2016, et l’insertion du sujet dans le programme d’étude des sages femmes devraient pallier cette faille du système.

 

Par ailleurs, une prévention dès l’école primaire serait souhaitable, mais s’avère délicate à organiser. En effet, si la création expérimentale d’un programme intitulé « ABCD de l’égalité », destiné à transmettre dès le plus jeune âge « une culture de l’égalité et du respect entre les filles et les garçons », est une heureuse initiative a priori, on peut émettre des réserves sur son origine et sur la manière dont ce programme sera appliqué, se limitant effectivement à promouvoir le respect et l’égalité des chances entre les filles et les garçons ou suggérant plus ou moins insidieusement l’absence de toute différence entre les deux sexes.

 

Enfin, l’Académie ne peut que regretter la persistance du phénomène entretenue, entre autres, par le climat de violence que secrète notre société, le délitement de la famille, le nombre croissant de séparations et de divorces, le chômage.

 

 

Bibliographie

1-HENRION R.- Les femmes victimes de violences conjugales, le rôle des professionnels de santé. La documentation française. Paris, 2001

2- Information, 17 juin 2003 : « Mutilations génitales féminines,mariages forcés et grossesse précoce » Bull.Acad.Natl Med, 2003, 187, 1051-1066  http://www.academie-medecine.fr/publication100035081/

3- Séance thématique. Les violences familiales. Bull. Acad. Natle Med, 2002, 186, 935-938 et 1001-1002, séance du 4 juin 2002 http://www.academie-medecine.fr/publication100034942/

4- Communiqué, 19 novembre 2002 : «  Les violences familiales. » Recommandations Bull. Acad. Natle Med, 2002, 186, 75-84-186 http://www.academie-medecine.fr/publication100034983/

5- « Violences conjugales : soigner les auteurs pour sauver les victimes » . Bull.Acad.Natle Med. 2010, 194, 1519-1523, séance du 23 novembre 2010 http://www.academie-medecine.fr/publication100036226/

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