Les fortes baisses de tarifs des cliniques et hôpitaux privés au cours des trois dernières années, destinées à neutraliser les effets du CICE et du Pacte de responsabilité, ont eu un effet fortement délétère sur l’investissement et l’emploi dans le secteur, selon les données du rapport de secteur 2014.
En effet, alors que le secteur de l’hospitalisation privée avait créé plus de 4.000 emplois en 2013, il n’y a eu que 560 créations d’emplois nets en 2014. Outre la baisse des créations nettes d’emplois, les cliniques ont eu moins recours à l’intérim (73% en 2014, contre 77% en 2013) et à la sous-traitance (47% en 2014, contre 56%), ce qui montre qu’elles ont dû réduire, partout où elles le pouvaient, de nombreux postes.
De plus, une enquête menée récemment par la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), indique que les établissements, face à la forte baisse de tarifs survenue pour 2015, ont adopté comme première mesure une réduction drastique des investissements, alors qu’une baisse de 4% avait déjà été observée en 2014.
Des inquiétudes fortes
« Ce ralentissement des investissements et des créations d’emplois envoie un mauvais signal qui devrait alerter le gouvernement. Il témoigne d’inquiétudes fortes des entreprises dans un contexte économique et tarifaire instable et dégradé. Or, nous le savons, dans notre secteur d’activité, les investissements réalisés par les entreprises sont porteurs de créations d’emplois qualifiés. Et les investissements réalisés dans la santé par les cliniques sont autant d’investissements que l’Etat n’a pas à faire lui-même, alors que l’on sait qu’il est dans une passe financière difficile », constate le président de la FHP, Lamine Gharbi.
Les cliniques et hôpitaux privés ont été les seules entreprises de France à ne pas bénéficier du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et des allégements de charges du Pacte de responsabilité, car le ministère de la Santé a neutralisé les effets positifs de ces mesures de compétitivité par des baisses consécutives de tarifs ces trois dernières années. Pour 2015, les cliniques ont subi une baisse sans précédent de 2,5% des tarifs.
« La situation est devenue très difficile pour environ un tiers des établissements, notamment en médecine, chirurgie et obstétrique. Ce qui se joue est le risque de ne pas pouvoir maintenir notre capacité d’innovation et d’adaptation », s’alarme Lamine Gharbi.
Un arrêt brutal de la politique de recrutement
La FHP regroupe 1.030 cliniques et hôpitaux privés qui employaient 154.000 salariés (dont 4.000 médecins) en 2014, auxquels s’ajoutent 36.000 médecins libéraux. L’hospitalisation privée est un acteur économique de poids, avec un chiffre d’affaires sectoriel de 13,9 milliards d’euros et des investissements d’un montant de 656 millions d’euros (- 4%) en 2013.
Une étude prospective sur les besoins de main-d’œuvre à l’horizon 2020, faisait état sur l’ensemble du secteur sanitaire et médico-social privé à statut commercial, de plus de 35.000 créations nettes d’emplois entre 2012 et 2020, soit environ 4.500 emplois par an.
Toutefois, ces prévisions de croissance de l’emploi spectaculaires, dans un contexte économique plutôt morose, ont été fortement remises en cause par la campagne tarifaire 2014. Les effets négatifs sur l’emploi vont se poursuivre et même s’accélérer avec la campagne tarifaire 2015, qui a été particulièrement brutale, et celle qui s’annonce pour 2016.
Pour 2015 notamment, les perspectives sur l’emploi sont plutôt inquiétantes, avec un arrêt brutal de la politique de recrutement, selon les résultats de l’enquête menée par la FHP auprès des dirigeants de cliniques. D’ores et déjà, les établissements de santé privés ont pris des mesures fortes pour faire face à la situation: non-renouvellement de CDD et des départs, suppressions de poste dans 10% des établissements et report des recrutements dans neuf établissements sur dix.
Un secteur délibérément mis en panne
« Ces premiers indicateurs témoignent de l’impact direct des campagnes tarifaires sur le développement de l’emploi et de l’investissement dans les structures de notre secteur d’activité », regrette Lamine Gharbi.
« A l’instar du pays qui peine à redécoller, notre secteur a été mis délibérément en panne par une politique tarifaire particulièrement inique. Nos tarifs n’ont pratiquement pas évolué depuis dix ans, alors que nos charges, elles, ont explosé. Avec la baisse sans précédent de 2015, il est à craindre que cette mauvaise pente se creuse encore. Jusqu’où ira le gouvernement dans sa volonté d’étouffer tout un secteur économique pourtant dynamique et performant ? On est confondu devant tant d’irresponsabilité », ajoute-t-il.
Sur la seule période 2010-2014, les tarifs des cliniques ont ainsi baissé de 0,16% pour une inflation de +7% et des charges qui ont progressé de… 18,95% !
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