A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme lundi 25 avril, Coalition PLUS, union internationale d’associations communautaires luttant contre le sida dans 15 pays, dénonce les ravages du paludisme qui pourraient pourtant être évités.
Des décès évitables
Plus de 214 millions de personnes sont atteintes du paludisme dans le monde[1] et chaque minute une personne en meurt[2]. Le paludisme est d’autant plus mortel quand il est combiné au VIH. Il entraine chez les personnes séropositives une augmentation de la charge virale, ce qui affaiblit davantage leurs défenses immunitaires déjà peu résistantes.
Selon l’UNICEF[3], les femmes enceintes infectées par le VIH ont deux fois plus de risques que celles séronégatives d’être touchées par une crise de paludisme au cours de leur grossesse. Chez les séropositives, le paludisme peut également provoquer un accouchement avant terme.
Pourtant, le paludisme, qui se transmet par une simple piqûre de moustique, peut aujourd’hui être prévenu et traité. Les efforts déployés depuis les années 2000 à l’échelle mondiale ont permis de réduire de 60% la mortalité liée à l’épidémie.
Une riposte efficace mais fragile
La communauté internationale dispose aujourd’hui des outils techniques et scientifiques pour prévenir et traiter les infections au paludisme. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui finance près de 80% de la lutte mondiale contre le paludisme, a sauvé 17 millions de vies et distribué près de 600 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide, depuis sa création au début des années 2000.
L’Equateur est l’un des pays connaissant le plus fort recul du paludisme en Amérique latine. En 2014, 2 000 cas cliniques étaient dénombrés, contre 5 000 en 2009[4].
« Grâce aux financements du Fonds mondial, nous avons pu développer un réseau d’agents communautaires qui font la promotion des changements de comportements afin d’encourager la population à mieux se protéger. Ils deviennent un lien incontournable entre les communautés affectées par le paludisme et le système de santé national. Avant, les gens ici mouraient du paludisme. Maintenant, la maladie se prévient. Mais les acquis viennent d’être fragilisés par le tremblement de terre du 16 avril qui a frappé les zones du pays où le paludisme est le plus présent. Nous lançons un appel à la solidarité internationale », réagitAmira Herdoiza, directrice de l’association équatorienne Kimirina, membre de Coalition PLUS.
Les progrès restent globalement fragiles. La lutte contre le paludisme se heurte à la résistance grandissante aux médicaments et aux insecticides, ainsi qu’à l’insuffisance de la couverture en traitements contre le sida. Si les efforts se relâchent, le nombre de décès liés au paludisme pourrait repartir à la hausse, y compris chez les malades du sida.
Augmenter les financements pour en finir avec le VIH et le paludisme
3,2 milliards de personnes – soit plus de la moitié de la population mondiale – restent exposées au risque de contracter le paludisme, en particulier dans les pays déjà fortement touchés par le sida. Il est donc nécessaire de redoubler d’efforts pour éliminer cette maladie qui peut se prévenir.
L’ONU s’est fixé l’objectif de mettre fin aux épidémies meurtrières que sont le sida, la tuberculose et le paludisme d’ici à 2030[5]. Les moyens pour mettre fin à ces épidémies sont connus, les études le démontrent, mais la mobilisation pour lutter contre ces fléaux doit être plus audacieuse.
Cet automne, le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme réunira les Etats donateurs pour qu’ils s’engagent financièrement pour les années 2017-2019 à lutter contre les trois pandémies dans les pays en développement.
« Si on n’agit pas maintenant, le paludisme repartira à la hausse et les avancées réalisées depuis 15 ans seront réduites à néant, alerte Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS. Nous appelons les Etats donateurs au Fonds Mondial, dont la France, à prendre la mesure de leurs responsabilités et à augmenter leur contribution financière afin que la planète soit débarrassée de ces épidémies ravageuses. »
Contacts presse :
Coalition PLUS : Camille Sarret – +33 (0)7 81 73 34 77
Kimirina : Amira Herdoiza – +593 994 904 450
[1] « Paludisme », Aide-mémoire n°94, OMS, Janvier 2016
[2] Soit 438 000 morts par an en 2015 – http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2015/report-malaria-elimination/fr/
[4] « Juntos contra la Malaria. Una acción de la comunidad », Corporación Kimirina, 2014
[5] Dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, les Nations Unies affirment vouloir « d’ici 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose et au paludisme », dans l’objectif n°3 de la déclaration de l’Assemblée Générale des Nations Unies de septembre 2015 « Transformer notre monde d’ici 2030 : un nouveau programme d’action mondiale »: https://sustainabledevelopment.un.org/content/documents/7456Draft%20ZERO%20-%20Document%20final%20post%202015%20-%20Traduction%20de%20courtoisie%20FR%20-%20OIF.pdf