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« Présidentielles 2017 : la prévention, une priorité de santé unanimement partagée » (Communiqué)

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L’ensemble des candidats, à l’exception notable de Nathalie Arthaud, partage l’idée selon laquelle notre système de santé est trop centré sur les soins curatifs et que la prévention en est le parent pauvre. Une carence qui contribue à expliquer pourquoi les inégalités sociales de santé restent aussi marquées, malgré les mesures visant à universaliser l’accès financier aux soins.

Ces inégalités, conjuguées à celle de l’augmentation alarmante des maladies chroniques dont les causes environnementales et comportementales ne sont plus à démontrer dans les caractéristiques de leur développement, amènent plusieurs candidats à placer la prévention au cœur de leurs discours sur la santé.

Ils rejoignent en cela une attente forte de nos concitoyens qui sont unanimes [1] à attendre la mise en œuvre d’actions et de campagnes de prévention :

–       65 % estimant qu’elles doivent continuer à être adressées à l’ensemble de la population,

–       35 % pensant qu’elles doivent cibler ceux qui en ont le plus besoin.

Mais si personne n’apparaît indifférent ou en retrait par rapport à cette exigence d’une plus grande place laissée à la prévention et aux actions de santé publique, comment les candidats entendent-ils répondre concrètement à cette attente ?

Sanctuariser une part substantielle du budget de la santé pour la prévention

Plusieurs candidats s’engagent à réserver au moins 10 % du budget de la santé pour financer des actions et des politiques de prévention et de promotion de la santé : c’est le cas d’Emmanuel Macron en visant d’arriver à cet objectif à la fin de son quinquennat, de Jacques Cheminade et de Benoît Hamon.

Marine Le Pen envisage quant à elle d’y consacrer une part comprise entre 5 % et 10 % du budget de la santé.

En revanche, aucun candidat n’apporte d’information explicite sur le fait que cette augmentation des financements d’actions de prévention / promotion de la santé vienne s’ajouter au budget actuel de la santé, ou au contraire consiste en une réorientation de financements aujourd’hui orientés vers le curatif.

Des actions ciblées et non stigmatisantes : du discours à la réalité

Tout en tenant compte de l’attente forte des Français en matière de diffusion large, auprès de l’ensemble de la population, de campagnes de prévention grand public, les candidats s’affichent dans leur grande majorité comme sensibles au développement d’actions ciblées vers des populations identifiées comme prioritaires et construites avec elles. C’est notamment le cas de Marine Le Pen, Jacques Cheminade et Emmanuel Macron.

Ce souci d’avoir une approche ciblée en matière de prévention est en effet essentiel afin de réussir à toucher celles et ceux se trouvant déjà les plus éloignés du système de santé, et donc de l’accès à l’information et à l’accompagnement pour la préservation de leur capital santé. De notre capacité, à adresser les actions de prévention à ces populations identifiées comme prioritaires, dépendra leur efficacité à contribuer à la réduction des inégalités sociales de santé. Et la volonté d’une co-construction des actions de prévention avec des représentants des populations visées est à la fois un gage en termes de pertinence des messages, et de limitation du risque de leur stigmatisation.

Il nous faudra toutefois rester très attentifs à cette dérive de voir des actions de prévention / promotion de la santé se traduire, dans les faits, par une augmentation de la stigmatisation ou de la discrimination à l’encontre de certaines populations. Ainsi, dans les développements apportés par Emmanuel Macron, on voit ce risque de glissement potentiellement se dessiner en dépit du discours affiché comme contraire : s’il affirme par exemple que la promotion de la santé ne doit aucunement entraîner la mise sous condition de la prise en charge des soins par le système d’assurance maladie en fonction de l’adoption ou pas de « comportements responsables » vis-à-vis de la préservation de sa santé (arrêt du tabac ou de l’alcool par exemple), il explique aussi que plutôt que de pénaliser des comportements déviants il pourrait proposer une prise en charge meilleure des comportements vertueux « s’inscrivant pleinement dans les parcours de prévention et de soins ». Deux approches en apparence contraires mais qui risquent, si l’on n’y accorde pas suffisamment d’attention, d’entrainer les mêmes aggravations des inégalités sociales de santé… au lieu de les résorber. Récompenser les bons comportements est une façon déguisée de pénaliser les mauvais !

Favoriser l’omniprésence des enjeux de santé publique

Un même consensus s’exprime entre plusieurs candidats, si l’on en croit leurs déclarations, sur les questions touchant à la santé publique. Ils sont nombreux à affirmer vouloir lutter contre les inégalités sociales de santé en :

–       développant les travaux du Comité interministériel sur la santé, en interaction avec la société civile (Jacques Cheminade, Marine Le Pen), de façon à ce qu’il s’empare des sujets sensibles sur lesquels différents ministères peuvent avoir des approches plus ou moins divergentes tels que l’alimentation et la production agro-alimentaire, la consommation d’alcool, la politique en matière de logement ou encore d’énergie, le contrôle du droit du travail et des risques associés, la vaccination…

–       intégrant une étude d’impact santé à tous les textes de loi ayant un lien avec un ou plusieurs déterminants de santé, comme cela existe déjà pour les conséquences environnementales (Emmanuel Macron, Jacques Cheminade, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon).

Notons que pour lutter contre les inégalités sociales de santé, au-delà du comité interministériel et des études d’impacts sur la santé dans tous les projets de loi, certains candidats proposent des actions sur des déterminants de santé (facteurs agissant sur la santé de la population) spécifiquement identifiés comme l’alimentation (Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan), l’activité physique (Emmanuel Macron, Benoît Hamon), ou le logement (Jean-Luc Mélenchon).

Des déclarations encourageantes qui laisseraient penser que, quel que soit le candidat élu, une importance prioritaire sera donnée à la prévention et à la préservation, voire à l’amélioration, de l’état de santé de la population… Mais ne sont-elles pas trop belles et unanimes pour être vraies ?

Le contenu de certains programmes peut en faire douter. En effet, une politique de santé publique efficace, c’est une politique qui tient compte de l’état de santé de toutes les populations vivant sur un territoire. Or lorsque les candidats des partis Front National, Les Républicains ou Debout la France, prônent la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), destinée à permettre aux professionnels de santé de répondre à leurs obligations déontologiques de soigner toute personne en assurant leur prise en charge par la solidarité nationale y compris lorsque les personnes sont en situation irrégulière sur le territoire, ils fracassent cette logique de santé publique. Une suppression de l’AME totalement incompatible avec la priorité accordée à la prévention et à la santé publique, en particulier lorsqu’on considère les risques épidémiques que fait courir le refus de prise en charge des soins qui serait opposé aux étrangers sans papier.

Retrouvez les constats et propositions du CISS ainsi que les propositions de chacun des candidats quant à la prévention et à la santé publique sur www.66millionsdimpatients.org/presidentielles2017, et continuez à y interpeller ceux dont les positions vous paraissent trop timides.

4 autres thématiques de mobilisation dans le cadre de cette campagne présidentielle y sont par ailleurs consultables : déserts médicaux, pertinence des soins, restes-à-charge, prix des médicaments innovants.

[1] Sondage BVA réalisé pour le CISS du 24 au 25 février 2017, par téléphone auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus

Contact presse :
Marc Paris, mparis@leciss.org – 01 40 56 94 42 / 06 18 13 66 95

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