Innovation, proximité, lutte contre les inégalités, réforme : les valeurs mises en avant par Emmanuel Macron peuvent s’appliquer à la réorganisation du système de santé autour des soins primaires et de l’exercice de la médecine générale. Alors que la problématique de l’accès aux soins a été au cœur de la campagne électorale, MG France interpelle le nouveau Président de la République afin qu’il se saisisse très rapidement du dossier des soins primaires.
• La volonté affichée de répondre aux difficultés d’accès aux soins n’ayant pas suffi, le quinquennat de François Hollande s’achève sur un double échec sanitaire : aggravation des déserts médicaux et difficultés croissantes pour nos concitoyens pour se soigner.
• Le virage ambulatoire annoncé et le renforcement des soins primaires promis n’ont pas empêché la dégradation des conditions d’exercice des médecins généralistes.
• Les réelles mais tardives revalorisations tarifaires ne modifient pas le constat, la spécialité médecine générale reste une des moins attractives pour les médecins en fin d’études avec des conditions d’exercice de plus en plus difficiles, des revenus inférieurs de 30% et des horaires plus élevés, de 55h par semaine.
Le pays demande au nouveau président de défendre l’accès aux soins de proximité, le vote en zone rurale montrant s’il en était besoin ce sentiment d’abandon. Pour cela, le premier syndicat de médecins généralistes fait quatre propositions au nouveau président :
• Il faut inciter les futurs médecins à choisir notre spécialité et à s’installer, et réduire pour cela le différentiel de revenus en défaveur de la médecine générale. Amorcé par la convention 2016, ce rattrapage doit être poursuivi.
• La politique d’organisation des soins amorcée en 2004 a été conduite par les diverses majorités politiques ; elle a créé le médecin traitant, le médecin généraliste de premier recours, les équipes de soins primaires. Elle doit être poursuivie par une politique d’organisation territoriale volontaire.
• Les arbitrages au ministère de la santé sont souvent défavorables aux soins primaires. Il faut créer une direction des soins primaires qui permettra de corriger ce déséquilibre permanent.
• Le PLFSS 2018 doit mettre en place dans l’ONDAM un fonds d’investissement en soins primaires pour permettre aux médecins généralistes d’embaucher et de libérer du temps médical, pour être en capacité de répondre aux demandes de soins de toute la population. Ce fonds devra aussi doter l’organisation territoriale de moyens, l’articulation soins primaires -soins secondaires pouvant seule permettre un usage approprié de l’Hôpital.
Ce fort investissement sur la médecine générale et sur l’organisation des territoires autour des soins primaires est indispensable pour assurer la prise en charge sanitaire de la population et organiser le virage ambulatoire. Sans cette action résolue, aucune maîtrise de l’évolution des dépenses de santé n’est envisageable à long terme.