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Les gynécologues obstétriciens français s’adresse à la Secrétaire d’Etat Marlène Schiappa (Lettre ouverte)

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Madame la Secrétaire d’État,

Les gynécologues et obstétriciens français ont pris l’habitude de lire sur les réseaux sociaux des propos inexacts et parfois injurieux les concernant. Ils sont hélas incontrôlables. Ils sont en revanche à la fois surpris et profondément choqués par le relais que vous donnez à ces informations fausses dans votre déclaration du 20 juillet 2017 au Sénat où vous affirmez qu’il y aurait en France 75 % d’épisiotomies et des violences obstétricales sur les femmes étrangères, les femmes très jeunes et les femmes handicapées.

Madame, vos chiffres sont faux et nous sommes désolés que vous n’ayez pas jugé utile de demander aux professionnels de la naissance des informations qui eussent été documentées. Il est par ailleurs injuste, voire néfaste pour les femmes, d’induire une telle perte de confiance envers les gynécologues et obstétriciens qui s’évertuent à assurer dans une sécurité remarquable plus de 800 000 naissances par an. Non Madame la Secrétaire d’État, il n’y a pas 75 % d’épisiotomies en France puisque la dernière évaluation officielle et publique réalisée en 2010 en rapportait 27 % avec une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998.

Non Madame la Secrétaire d’État, les obstétriciens ne maltraitent pas leurs patientes et entendent à leur tour ne pas l’être par une secrétaire d’État mal informée. Lorsque vous parlez de violences obstétricales, vous maltraitez notre profession dans son ensemble. Il nous paraît par ailleurs déplacé que vous nous fassiez la leçon sur la prise en charge de la douleur voire de l’endométriose.

Non Madame la Secrétaire d’État, il n’est pas utile de s’en prendre aux gynécologues obstétriciens pour « sécuriser » l’IVG car ils les assument bel et bien, accompagnent les femmes et entendent continuer de le faire en toute sérénité.

Nous nous attendions au contraire à ce que vous souteniez une profession en souffrance qui essuie sans arrêt des diminutions de personnel et qui se trouve souvent à la limite de l’acceptabilité en termes de sécurité. La bientraitance envers les femmes est notre tâche quotidienne, malgré des gardes épuisantes et nonobstant nos prises de risques perpétuelles.

Madame la Secrétaire d’État, il ne faut pas salir les professionnels, surtout lorsqu’ils pratiquent un métier aussi difficile que le nôtre et la perte de confiance des femmes que vous induisez par vos propos constitue un bien triste projet pour une personne censée créer de l’enthousiasme et de la sérénité en nous donnant les moyens de soigner décemment les femmes de France.

Recevez, Madame la Secrétaire d’État, l’expression de nos sentiments respectueux et de notre désolation collective.

Pr Israël Nisand Président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français

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