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« Une psychiatrie en bout de course » : 6 propositions de l’UFML Syndicat (Communiqué)

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Le 26 janvier dernier, au congrès de l’Encéphale, Madame Agnès Buzyn annonçait un plan en 12 points en faveur de la psychiatrie qu’elle reconnaît comme le parent pauvre de la médecine. Pour l’UFML Syndicat, le compte n’y est pas.

On constate une forte prévalence des maladies mentales en France : elles viennent en troisième place derrière les cancers et les affections cardio-vasculaires. On estime d’ailleurs qu’un Français sur trois rencontrera un problème psychiatrique au cours de sa vie.

Une démographie médicale en chute libre

Le nombre des psychiatres et des installations chutent inexorablement. Le secteur libéral représente 26,7 % de la cohorte des psychiatres dont 11,2 % opèrent en exercice mixte. La moyenne d’âge des psychiatres est actuellement de 53 ans, ce qui annonce un horizon catastrophique en 2020. Paris, zone soi-disant surdotée, a perdu en dix ans 21 % de ses psychiatres libéraux. De plus, une sous-évaluation du tarif de la consultation est notoire : 46,70 euros alors qu’elle est évaluée à 75 euros.

L’hôpital lui-même a perdu en trente ans la moitié de ses lits. 30 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants et nombres de soignants travaillent en effectif réduit, en intérim et/ou avec des contrats précaires.

Quant à la pédopsychiatrie, elle est déjà sinistrée puisque l’on estime qu’il ne reste que 540 pédopsychiatres libéraux pour toute la France. Il y a aujourd’hui deux ans d’attente pour obtenir un rendez-vous dans un Centre Médico Psycho-Pédagogique du 93. À Paris, six lits seulement sont disponibles dans le centre d’accueil et d’hospitalisation pour adolescents le plus réputé. Toujours à Paris, on compte un seul lieu d’urgence à l’hôpital pour les adolescents de moins de 15 ans.

« Face à ce constat, Agnès Buzyn n’annonce aucune augmentation de budget. Elle entend conserver le budget de la psychiatrie hospitalière qui devra se fondre dans le Groupement Hospitalier du Territoire. Mais quid des lits, des soignants, des psychiatres, du manque de structures extra hospitalières – centres médico-psychologiques, centres médico-psycho-pédagogiques, hôpitaux de jour, centres de crises, foyers ? En psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, notre retard est affligeant, et les mesures incitatoires à l’installation annoncées ne sont pas chiffrées. Quid des recherches en neurosciences, enjeu de santé publique dans le domaine psychiatrique ? Une « formation psychiatrique » aux futurs médecins généralistes en trois à six mois ne remplacera pas l’actuelle formation des psychiatres en quatre années au moins d’internat en service spécialisé. Comment répondre à la pénurie actuelle en s’appuyant sur une médecine générale déjà débordée ? », s’inquiètent les psychiatres Jacqueline Goltman et Thierry Asquier.

6 propositions de l’UFML Syndicat

1/ Sortir la filière psychiatrique des Groupements Hospitaliers des Territoires, et créer une filière autonome, ayant son propre budget de recherche et de formation,

2/ Réviser les contrats précaires en institutions,

3/ Ouvrir aux médecins généralistes la possibilité d’effectuer un trimestre dans le cabinet d’un psychiatre libéral, en clinique privée ou en centre médico psychologique,

4/ Remettre en vigueur une formation spécifique diplômante au-delà des trois années d’étude des infirmières,

5/ Revaloriser la consultation psychiatrique à hauteur de trois consultations chez un généraliste ; et ainsi s’aligner sur les valeurs européennes,

6/ Ouvrir aux internes de spécialité psychiatrie, la possibilité de réaliser un semestre validant pour la maquette DES Psychiatrie, dans le cadre d’un cabinet libéral ou dans une clinique psychiatrique privée.

« Il faut comprendre que la psychiatrie est une spécialité. Elle se situe à un carrefour où convergent la médecine somatique, la connaissance approfondie des maladies mentales et l’approche particulière de la relation au patient. C’est une spécialité clinique qui exige du temps pour les patients, du temps pour les familles, une écoute et un investissement personnel. Or ce sont ces points qui ont été mis à mal dans tous les domaines de soins par des contraintes budgétaires qui imposent aux équipes hospitalières des cadences infernales, ceci aux dépens des soins ».

L’offre de soins psychiatriques comprend l’hôpital avec son secteur psychiatrique édifié dans les années 1960 à 1980, véritable maillage de soins du territoire, et qui traite les affections les plus lourdes ; les services psychiatriques des hôpitaux généraux ; des structures privées ; et enfin la psychiatrie de ville. »

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