Périmètre d’intervention des infirmiers exerçant en pratiques avancées : le SML estime qu’il s’agit d’une diversion pour éviter de parler des vrais sujets
Ce jeudi 8 mars, le SML a participé à une réunion de concertation sur les projets de décrets et arrêtés destinées à déterminer et encadrer les domaines d’intervention des infirmiers exerçant en pratique avancée.
En premier lieu, le SML estime que ce dossier touchant à la fois aux modalités d’exercice et d’organisation de la profession relève des syndicats médicaux représentatifs et non des ordres.
En second lieu, le SML considère qu’il est nécessaire de rechercher des solutions économiques viables pour répondre aux besoins de prise en charge des patients alors même que le temps médical globalement disponible est en recul.
Pour autant, le SML s’interroge de la pertinence de construire un cadre spécifique débouchant sur une nouvelle profession qui viendra exercer une partie des compétences du médecin ouvrant la porte à l’instauration d’une concurrence avec les médecins généralistes. De plus, nul ne dit quel serait le modèle économique des infirmiers en pratiques avancées exerçant en libéral. Dans un tel contexte, le SML redoute que les actes qui en découleraient soient purement et simplement financés par un transfert des honoraires des généralistes vers ceux des infirmiers. Or les dynamiques de croissance des dépenses de soins sont loin d’être équivalentes. À fin janvier 2018, selon les chiffres de l’Assurance-Maladie, les dépenses de soins des infirmiers croissent, de 6,7 % alors que les soins des médecins généralistes évoluent de 3,7 %. Ces chiffres permettent d’entrevoir les tours de passe-passe budgétaires possibles, au détriment des généralistes.
Pour le SML, et s’il s’agit bien d’apporter une réponse aux problèmes de tension dans les zones en situation de sous-densité médicale pour améliorer la prise en charge des patients, plutôt que de dépecer la médecine générale, il serait sans doute plus pertinent et plus rapidement efficace de rechercher les moyens de construire une coordination active avec les 110 000 infirmiers qui exercent en libéral et assurent un maillage opérationnel du territoire.
La construction de synergies effectives entre les infirmières libérales et le médecin libéral, unique pilote médical du dispositif, notamment en s’appuyant sur le digital et la télémédecine, est une urgence vitale pour améliorer la prise en charge des patients complexes et des patients en ALD dans le cadre du maintien à domicile. C’est sur le terrain qu’il faut apporter les réponses à partir de l’existant.
Ce dont les médecins ont besoin, ce sont d’emplois administratifs dans leurs cabinets, financés sur un forfait structure digne de ce nom, pour les décharger de la paperasse et de l’instauration d’une coordination opérationnelle avec les effecteurs du suivi quotidien à domicile que sont les infirmiers, mais aussi les autres paramédicaux, afin de disposer du temps nécessaire à une expertise, un diagnostic et des actes médicaux à haute valeur ajoutée rémunérés comme tels.
Le SML suspecte que cette discussion autour des pratiques avancées ne soit, en réalité, qu’une diversion au moment où débutent avec une extrême lenteur les négociations interprofessionnelles de l’accord-cadre interprofessionnel (ACIP).
Pour le SML, la concrétisation des moyens matériels et conventionnels d’une coordination efficace entre les professionnels libéraux de santé existants est prioritaire et doit s’accompagner d’une revalorisation de la visite à domicile à 70 €.
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