Le communiqué de presse de Samu-Urgences de France est un nouvel hymne à l’hospitalo-centrisme : le 15 est débordé, mais nos concitoyens devraient se discipliner et l’appeler pour tout problème de santé ressenti …
Est-ce bien raisonnable ? Si certains constats du Dr Braun (Samu de France) sont pertinents, des éléments dérangeants sont occultés. En effet « la plateforme de régulation médicale, qui traite déjà plus de 90 % des appels décrochés par le 15, le 18 et le 112» est opérée pour 80 % de ces 90 % par des régulateurs libéraux. Ce sont donc bien les libéraux qui devraient avoir la place de choix dans le futur dispositif !
L’engorgement des services d’urgence fait régulièrement la Une de la presse.
Les chiffres sont cependant têtus : l’activité globale des services d’urgences répartie sur l’ensemble des médecins généralistes libéraux représente moins d’un acte par médecin et par jour.
Les initiatives se multiplient dans nos régions pour apporter des réponses innovantes, pragmatiques et respectueuses du parcours de soins aux demandes de soins non programmés, en s’appuyant sur des organisations territoriales de médecins libéraux. Elles doivent être encouragées et outillées.
Dans la cacophonie ambiante, l’équation vertueuse est finalement simple :
1. Les différents services impliqués dans la prise en charge des véritables urgences médicales, via le 15 ou le 112 doivent optimiser leur organisation : cela ne fait pas directement partie des missions de la médecine générale.
2. La médecine générale doit piloter, organiser et réguler la réponse aux demandes de soins non programmés. Pour cela trois conditions doivent être remplies :
- le 116-117, numéro d’appel national inscrit dans la loi et dédié aux soins non programmés ne présentant pas un caractère de gravité, doit être accessible sur tout le territoire. Ce numéro contribue à la définition d’un mode d’emploi de notre système de santé pour la population.
- la médecine générale doit avoir une place prépondérante dans la cogestion des services régulant les appels du 116-117
- il faut libérer du temps médical dans les cabinets de médecine générale en facilitant l’embauche de personnel et en soutenant sans hésitation les projets innovants portés par les libéraux
Les médecins généralistes sont dans l’attente d’un message du Président de la République et de la Ministre de la santé fixant de façon précise les missions de chaque acteur.