Avec un objectif de 40 millions de dossiers ouverts d’ici à 2022, la CNAM espère réussir aujourd’hui le lancement d’un projet remontant à 2004, porté successivement et sans succès par plusieurs gouvernements.
Trois raisons principales ont empêché le développement du DMP.
•Une erreur conceptuelle : le DMP n’a jamais été, en raison de sa conception même, un véritable dossier médical mais un carnet de santé numérique, propriété du patient, qui reste libre de l’alimenter, de le présenter, ou de modifier les données qu’il contient.
•Un interfaçage fonctionnel déficient avec les logiciels médicaux. En 2017, alors que cet indicateur figurait dans le forfait structure, de nombreux éditeurs de logiciels médicaux n’ont pas fourni en temps et heure une passerelle fonctionnelle du dossier professionnel vers le DMP. L’intervention de MG France a permis de neutraliser l’indicateur pour l’année 2017, mais la présence d’un connecteur fonctionnel en 2018 conditionne l’obtention de la rémunération.
•Un fonctionnement en « silo de documents » interdisant en pratique l’utilisation directe des données numériques déposées.
MG France est favorable depuis toujours au développement des outils numériques au service de la coordination des soins entre professionnels de santé, entre ville et hôpital, entre premier et second recours, dans un système de santé organisé.
Le carnet de santé numérique ou dossier médical partagé du patient pourrait être un des éléments constitutifs d’un système numérique de communication et de coordination des soins.
Il répond à une attente de certains patients souhaitant détenir leur dossier médical sous forme numérique.
Son usage interroge les médecins parce qu’il n’est ni organisé ni hiérarchisé. La multiplication des documents sans hiérarchisation ne permet pas d’envisager une exploitation professionnelle.
Les médecins généralistes ont besoin avant tout d’outils de communication entre professionnels. Ils disposent déjà d’un dossier professionnel pour tous les patients dont ils sont le médecin traitant. Ils veulent pouvoir communiquer aisément à partir de leurs logiciels de gestion de cabinet. Pour cela, ils doivent pouvoir utiliser facilement des canaux de communication : messagerie sécurisée et réseau social de professionnels de santé. Consacrer un temps d’appropriation et de formation à ces nouveaux outils est indispensable. C’est une priorité.
Le médecin généraliste met à jour régulièrement le dossier professionnel de ses patients et en fait la synthèse. Ces tâches sont longues et astreignantes ; elles engagent sa responsabilité de médecin traitant. Le temps et les moyens nécessaires à cette mission doivent être pris en compte.