« Alors que le stade épidémique de l’infection à coronavirus menace l’organisation de notre système de santé, la téléconsultation est présentée par certains comme une solution miracle pour prendre en charge les patients.
Très largement sollicité par les promoteurs de ces solutions techniques, le gouvernement ne doit pas pour autant balayer les garde-fous difficilement mis en place par l’assurance maladie et les syndicats professionnels, indispensables pour l’usage sécurisé de ces outils par le médecin.
La téléconsultation permet bien sûr d’éviter les contacts directs entre malades et soignants.
Mais cet avantage évident ne doit pas masquer les autres risques.
La téléconsultation sans outils connectés met le médecin en difficulté pour apprécier l’état réel de son patient durant l’épidémie ; elle augmente le risque dans la prise de décision. Son rôle pour établir un diagnostic de gravité est très restreint. Elle ne crée pas du temps médical supplémentaire par rapport à une consultation présentielle.
Les infections graves et les décès surviennent le plus souvent chez les patients âgés ou présentant une pathologie pré existante. La connaissance préalable de ces patients par leurs médecins traitants est un atout majeur pour leur santé. Les règles conventionnelles (avenant 6) gardent donc leurs justifications.
La téléconsultation effectuée par un praticien qui ne connait pas le patient est dangereuse si le patient n’est pas en état de décrire correctement son histoire, ses antécédents, son traitement en cours, et parfois même les signes cliniques qui l’amènent à consulter.
Si la téléconsultation a une place parmi les outils dont dispose le médecin généraliste, c’est au sein d’une organisation territoriale efficiente des professionnels de santé de proximité, et surtout pour le suivi des patients. Elle ne devrait en aucun cas se transformer en moyen de contournement de ces organisations locales que MG France se propose de recenser et de soutenir.
MG France appelle solennellement le gouvernement à s’appuyer sur les médecins généralistes à la veille de la phase épidémique de l’infection à coronavirus. L’expérience des épidémies saisonnières passées permet d’estimer qu’ils sont collectivement en capacité d’absorber un surcroît de consultations de patients infectés, y compris de patients de passage ou sans médecin traitant désigné. »
Référence du communiqué de presse : N° 2020-10 (à rappeler en cas de demande d’information complémentaire)