1,8 million de personnes consultant pour Covid en médecine générale depuis le 17 mars, 340 000 durant la semaine du 6 au 12 avril, près de 9 000 décès en ville en rapport avec le virus : telles sont les principales estimations tirées de la deuxième enquête (1) réalisée par MG France entre le 14 et le 21 avril, à laquelle 2339 médecins généralistes ont répondu.
Ces estimations ont été réalisées en extrapolant département par département les réponses obtenues dans les 95 départements métropolitains. Malgré les limites liées au caractère déclaratif des résultats reçus, cette photographie de la prise en charge ambulatoire du Covid permet de tirer plusieurs enseignements intéressants :
- Comme le montrait déjà la première enquête de MG France, les médecins généralistes occupent une place prépondérante dans le diagnostic et le suivi des malades atteints de Covid. Si les projecteurs des médias se sont à juste titre tournés vers les soins hospitaliers, la très grande majorité des patients ont en pratique été soignés en ville, dans les cabinets de médecine générale ou dans les centres créés à l’initiative des professionnels de santé libéraux.
- En ville comme à l’hôpital, la semaine du 6 au 12 avril a confirmé la décrue du nombre de cas nouveaux, qui résulte de la politique de confinement observée par les Français.
- Comme on pouvait s’y attendre, les médecins généralistes observent une mortalité spécifique liée au Covid, y compris chez des patients qui n’ont pas été hospitalisés. L’estimation réalisée par MG France devra être confirmée par l’observation du surcroit de mortalité déclarée par rapport à la même période de 2019. A coté des chiffres de décès à l’hôpital, en EHPAD et en établissements médico-sociaux, elle n’en constitue pas moins un intéressant élément d’appréciation de l’épidémie actuelle.
Les chiffres présentés témoignent de l’importance de la prise en charge ambulatoire de l’infection à coronavirus. Face à une maladie qui relève le plus souvent de l’exercice de la médecine générale, la préparation de la sortie du confinement devra donc se baser en premier lieu sur les équipes de soins primaires et sur les médecins généralistes. S’appuyant sur leur connaissance du milieu familial et social des malades, ces équipes sont les mieux armées pour contribuer à l’isolement des foyers épidémiques persistants après le 11 mai.
Les médecins généralistes, échaudés par la tentative de vaccinations collectives en 2009 pour la grippe H1N1 (2) ne comprendraient pas que le gouvernement refuse de reconnaitre leur rôle de soignants de première ligne quand viendra l’heure du dé-confinement.
MG France appelle le gouvernement à retenir les propositions des médecins généralistes, des infirmières libérales et des biologistes pour le diagnostic et le traitement des clusters en phase post-confinement (3), ainsi que pour l’accompagnement des patients fragiles ou âgés dans leur retour à la vie en société.
(1) : https://www.mgfrance.org/actualites/2541-enquete-covid-2e-volet
(2) : Cet événement est resté gravé dans la mémoire des médecins généralistes. En ne s’appuyant pas sur le tissu professionnel existant, le gouvernement de l’époque a méprisé les médecins généralistes en créant une organisation parallèle qui s’est avérée coûteuse et peu efficace.
(3) : Pour connaître ces propositions, lire la tribune co-signée par la présidente du SNIIL, le président du SDB et le président de MG France :
https://www.lejdd.fr/Societe/tribune-comment-les-professionnels-de-sante-liberaux-preparent-le-deconfinement-3964476