Le décret supprimant les trois premiers échelons de la grille salariale des praticiens hospitaliers devrait être publié depuis mi-juillet 2020, conformément aux engagements de « Ma santé 2020 » de fin 2019.
En amont de cette publication, une instruction pour son application vient d’être diffusée par la Direction Générale de l’Organisation des Soins et le Centre National de Gestion (CNG) des praticiens hospitaliers.
Cette instruction montre bien que l’écart est grand entre l’esprit de l’écriture réglementaire examinée au Conseil Supérieur des Professions Médicales (CSPM) avec les syndicats et son exécution par le CNG.
Dans l’état, cette exécution ne règle pas les problèmes d’attractivité et de fidélisation des praticiens !
Ce qui devrait être une revalorisation des traitements des PH source d’attractivité devient finalement une source d’iniquité : Un monde où les plus anciens voient leur travail moins valorisé que les plus jeunes. En effet, avec cette exécution de la refonte de la grille, les PH nommés avec déjà 6 ans d’ancienneté vont être reclassés au même niveau que les nouveaux PH néo-nommés qui n’ont que moins d’un an d’ancienneté.
Cette exécution inique s’inscrit dans la même veine que les mesures du Ségur de la santé. Le Ségur, c’est :
- l’attribution d’une prime qui se substitue à une révision des traitements afin de corriger le décrochage des traitements de plus de 30% en 30 ans.
- la création d’échelons de fin de carrière qui ne seront accessibles qu’au moment où les PH arrivent à l’âge de la retraite
- l’absence de reconnaissance du coût de la permanence des soins, sans revalorisation ni de son traitement ni de reconnaissance de sa pénibilité.
Cette nouvelle mesure qui nie la capitalisation de l’expérience acquise au travail, est une nouvelle négation exemplaire de la juste reconnaissance de la réalité du travail des 50 000 PH.
Cette méthode qui vise à communiquer dans la presse sans donner une réelle attractivité et sans chercher à fidéliser les praticiens de l’hôpital traduit un mépris pour ceux qui font tourner l’hôpital depuis des années, ceux qui ont essayé de porter la voix du terrain aux « concertations » du Ségur, voient les soins se détériorer faute de temps, d’effectifs, de moyens.
L’hôpital public, ceux qui y travaillent, ceux qui y viennent pour se faire soigner méritent mieux que ça.
Sans médecin, il n’y a plus d’hôpital public.
Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARE) demande de toute urgence
– L’inscription dans le décret du reclassement de l’ensemble des praticiens hospitaliers avec + 4 années d’ancienneté, comme c’est le cas pour les PH néo-nommés, comme cela avait été le cas en 2000, avec la prise en compte de l’intégralité de l’ancienneté des PH, et l’harmonisation des grilles de PH anciennement et nouvellement nommés
– L’ouverture d’un « Ségur 2 » pour l’attractivité hospitalière et la permanence des soins, grands oubliés du « Ségur 1 », et indispensables pour sauver l’hôpital public.
Le SNPHARE est pour l’instant resté sans réponse du ministère sur ces demandes.
Le SNPHARE demande à ce sujet un rendez-vous au ministre des Solidarités et de la Santé dès la rentrée.
En l’absence de réponse rapide du ministère, le SNPHARE saura mobiliser les praticiens pour défendre l’hôpital public.