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« Formation continue des médecins hospitaliers : stop aux injonctions paradoxales » (Communiqué)

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L’Ordre des Médecins, missionné pour s’assurer de la formation continue des médecins, vient d’envoyer un courrier explicatif pour que chaque médecin remplisse son dossier de « Développement Professionnel Continu » (DPC), sur les périodes triennales 2017-2019 et 2020-2022. Il ne s’agit clairement pas d’une incitation mais d’une obligation, laissant penser que des sanctions ordinales pourraient être prises en l’absence de validation de ce dossier administratif.

Faut-il rappeler aux pouvoirs publics que les médecins hospitaliers sont depuis plus d’un an sur le front de la crise sanitaire ? L’hôpital public prend en charge 84 % des patients « COVID », des réanimations et des unités COVID sont créées partout, à grand renfort de personnels, répondant à l’effort demandé par nos tutelles – effort rendu plus que nécessaire compte tenu de la gestion calamiteuse du dernier déconfinement et du naufrage de la vaccination… et, « en même temps », cet hôpital public voit une montagne de reprogrammations de patients à réaliser rapidement, pour limiter au maximum la perte de chance ! Est-ce le moment pour nous rappeler que nous devons nous reformer constamment ? Il ne viendrait pas à l’idée de demander à des militaires de faire des pompes quand ils sont sur le champ de bataille…

Faut-il rappeler que le DPC, institué par la loi HPST en 2009, est une usine à gaz qui a fait la preuve de son inefficacité, bien éloignée de la simplification administrative souhaitée dans le Ségur de la Santé ?

Faut-il rappeler que si l’obligation de formation est faite, le temps de formation n’est sanctuarisé que dans le statut de praticien hospitalier ? Qu’il s’agit de 15 jours par an, qui ne sont jamais pris intégralement, pour « raison de services » – c’est-à-dire, pour raison de sous-dimensionnement des équipes ?

Faut-il rappeler que le financement de la formation des médecins hospitaliers est réduit à peau de chagrin – et est loin de couvrir 15 jours de formation ?

Faut-il rappeler que le sujet de la formation continue des médecins a été écarté des concertations du Ségur de la Santé, et ajouté in extremis dans le protocole d’accord ?

Le SNPHARE doit-il rappeler qu’il se positionne clairement pour le maintien à jour des compétences, par exemple via la recertification des médecins, ce qui demande des moyens décents de formation continue, en temps et en financement ?

Depuis 2009, rien n’a été fait pour le DPC des médecins hospitaliers. Cette demande en pleine crise sanitaire est une injonction paradoxale très inopportune, et devrait conduire à une radiation de l’ensemble des médecins hospitaliers : sans médecin, il n’y a plus d’hôpital public.

Le SNPHARE demande

–          Un moratoire sur le décompte de la formation continue des médecins hospitaliers pendant la période de la crise sanitaire : les médecins ont très bien su se former et se transformer pour les nouvelles prises en charges liées à la crise COVID.

–          La mise en place des moyens indispensables à la formation continue des médecins (cf. livre blanc du SNPHARE « Demain, l’hôpital » remis au ministère pour le Ségur de la santé, propositions 57 à 66), notamment

o   Sanctuarisation de 15 jours de formation à tous les médecins hospitaliers, quel que soit leur statut et leur contrat, et ce, dès la première année post-internat : ces 15 jours de formation doivent être non seulement sanctuarisés mais obligatoires, hors crise sanitaire

o   Financement de la formation via un budget DPC transparent dans chaque établissement, à hauteur du financement dans le secteur privé, soit 5 % du budget de la masse salariale ; communication au praticien, à l’Ordre des Médecins et aux Conseils Nationaux de l’argumentation d’un refus de financement de formation

o   Simplification du parcours du DPC

–          L’ouverture, dans le cadre d’un chantier post-Ségur, d’une concertation sur la formation continue des médecins, le DPC et la recertification.

Au lieu de s’enferrer dans un refus d’appliquer de manière équilibrée des mesures pour l’attractivité des carrières hospitalières (gain de 4 ans d’ancienneté pour l’ensemble des PH) – il est temps que les pouvoirs publics s’inquiètent réellement des besoins des médecins hospitaliers.

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