Nous venons de passer, dans la plus grande discrétion ministérielle, l’anniversaire du Ségur de la Santé de l’été 2020.
Une invitation à une visioconférence-bilan pour l’ensemble des acteurs de santé est envoyée de manière confidentielle, si bien que nombreux sont ceux qui ne l’auront pas reçue.
Mais quel bilan, pour l’hôpital public ? Quel bilan pour les praticiens hospitaliers (PH) ?
Après l’été 2020, l’hôpital public a affronté plusieurs vagues COVID, plus longues, imposant des déprogrammations d’activité faute de personnels médicaux et surtout paramédicaux disponibles. Contrairement aux effets d’annonce, rien ne s’améliore, ces personnels continuent à quitter l’hôpital : la spirale négative s’accélère.
Les praticiens hospitaliers, majoritairement regroupés sous la bannière de notre intersyndicale Avenir Hospitalier / APH – qui a refusé de signer le protocole d’accord Ségur – sont mécontents : ceux qui ont su faire bénéficier de leur expérience clinique et organisationnelle et de leur investissement dans la crise sanitaire sont méprisés via l’absence d’accélération de carrière et la juste reconnaissance du temps de travail de nuit.
– La demande de mesures transitoires pour mettre en cohérence le gain d’ancienneté pour les jeunes entrant dans la carrière médicale hospitalière ou pour ceux en fin de carrière se heurte à un refus du ministre. Ces mesures ont pourtant bien été a posteriori octroyées aux PH en prolongation d’activité ! Aucune reconnaissance salariale pour ceux qui ont tenu, tiennent et devraient principalement tenir l’hôpital public dans les années à venir. Un recours en Conseil d’Etat, des contentieux administratifs sur tout le territoire, et une pénurie toujours grandissante de praticiens à l’hôpital : voilà où nous en sommes à propos du reclassement inégalitaire des PH.
– La demande d’ouverture du chantier de la permanence des soinsn’est toujours pas à l’ordre du jour dans l’agenda ministériel. Il y a un an, les syndicats signataires du Ségur balayaient dans notre dos l’engagement de donner la 5ème demi-journée pour la permanence des soins dans l’ultime négociation « privée » avec le ministre. La pénibilité des gardes et des astreintes, la reconnaissance de ce temps sacrifié, de la téléconsultation, la prise en compte de ce temps travaillé pour la retraite, le temps de travail lui-même et son décompte objectif : ces sujets ne peuvent être écartés des mesures d’attractivité, ils sont majeurs pour la qualité de vie et l’envie de travailler à l’hôpital des praticiens.
– La gouvernance : là où nous demandons une clarification de la démocratie sanitaire, des décisions collectives, une CME décisionnaire où seuls les élus votent, une élection des responsables d’unités par leurs pairs… on nous donne un « guide Claris » laissant l’établissement libre de fixer des règles – réellement démocratiques ou non.
Le bilan du Ségur est plus qu’en demi-teinte.
Le Ségur a refermé des ouvertures que nous, SNPHARE, Avenir Hospitalier/APH proposons depuis longtemps : nous sommes praticiens hospitaliers, nous savons ce qu’il faut pour sauver l’hôpital public. Nous l’avons montré lors de la première vague en transformant l’hôpital en hôpital COVID. La promesse du Ségur était de s’en inspirer…
Le SNPHARE demande la réouverture, sous une appellation Ségur ou non, de négociations concernant les vraies préoccupations des praticiens hospitaliers et de l’hôpital tout entier :
– Mesures transitoires pour le reclassement juste de l’ensemble des PH : il s’agit de recalculer l’ancienneté de chacun sur la base des articles R6152-15 et R6152-17 du Code de Santé Publique
– Ouverture des chantiers du temps de travail et de la permanence des soins des praticiens hospitaliers
– Réforme courageuse de la gouvernance évitant l’entre soi en imposant la démocratie sanitaire à tous les étages, des services aux commissions d’établissements.
Contact : anwernet.snphar@gmail.com