Le Syndicat National des Urgentistes de l’Hospitalisation Privée (SNUHP) s’élève contre une application prématurée de la réforme du Financement des Urgences.
Chaque année le secteur privé de la Médecine d’Urgence reçoit, dans ses 120 établissements autorisés, 15% des passages aux Urgences. Dans le cadre de la réforme du financement des Urgences, en l’état actuel des textes, certaines dispositions malheureuses menacent directement l’exercice de la Médecine d’Urgence dans le secteur privé.
Sous couvert de rationalisation et de simplification, cette réforme remplace le paiement à l’acte, pourtant pilier de la tarification médicale en France, par un forfait au patient, modulé selon l’âge et les circonstances d’entrée aux Urgences. Or, non seulement ce forfait n’est pas indexé sur le niveau de gravité des patients pris en charge, mais encore il n’intègre aucune majoration significative pour la nuit, les dimanches ou les jours fériés.
Sans incidence sur la rémunération des médecins hospitaliers qui sont salariés de leur établissement, ce nouveau modèle tarifaire lèse gravement les médecins du secteur privé libéral qui sont, par définition, des acteurs indépendants percevant des honoraires au prorata de leur activité individuelle.
Si le travail hors heures ouvrables ne fait pas l’objet d’une indemnisation spécifique, comment pourra-t- on recruter des diplômés à Bac+10 pour assurer le fonctionnement des services d’urgences privés, 24h/24 et 7 j/7 ? Quel professionnel, dans quelque domaine que ce soit, accepterait-il un labeur pénible, exposant sa propre responsabilité civile, affectant sa santé et compliquant sa vie de famille, sans une juste compensation ?
Et quand bien même le forfait entrainerait-il une revalorisation pour chaque passage aux Urgences, le statut libéral des urgentistes installés en clinique ne permet pas de transfert d’honoraires entre praticiens.
Le SNUHP réclame donc une révision des textes de la réforme qui seraient susceptibles de démanteler, par leur inadaptation, les équipes d’urgentistes du secteur privé libéral.
Celui-ci a su mettre en place un dispositif fiable et efficace, indispensable à l’accès aux Urgences, pour tous, en tout point du territoire national. Au plus fort de la crise de la Covid, les urgentistes libéraux ont participé à l’effort de toute la communauté médicale à égalité avec leurs confrères hospitaliers et ont eu la douleur d’y perdre l’un des leurs.
C’est pourquoi le nouveau cadre tarifaire qu’on leur impose, sans en avoir évalué l’impact, suscite chez eux, incompréhension, découragement et amertume. Beaucoup n’auront pas d’autre choix que de se désengager de ce domaine d’activité.
Fort de sa représentativité chez les urgentistes libéraux, le SNUHP se réserve le droit de les appeler à un mouvement de contestation, national et vigoureux, pour appuyer une revendication légitime, dont la portée dépasse leur seul cadre professionnel et touche toute la population.
Contact :