Si les surfaces d’affichage des officines, leurs accès grand public en font des centres de référence en termes de vaccination, la Fédération Nationale des Infirmiers s’interroge sur les motivations profondes de l’USPO à projeter des pharmaciens à domicile.
La détention des doses, l’accès au portail de commande, la réalisation des actes font du pharmacien un pivot incontestable de la campagne de vaccination. La FNI salue l’implication sans faille de ces professionnels de l’officine dans la lutte contre la pandémie.
Elle salue également l’implication des infirmières et infirmiers libéraux dans cette lutte ouverte depuis plus de vingt mois. Le maillage territorial opéré par ces professionnels permet le maintien à domicile de patients âgés et fragiles, évite l’engorgement de services d’urgences dans la stratégie du « tester, alerter, protéger » mise en place par les autorités sanitaires.
Les infirmières et infirmiers libéraux ont répondu en masse aux demandes en ressources des centres de vaccination. Notre profession a été en nombre et de loin l’effecteur de ces centres.
Que l’USPO diffuse l’idée que beaucoup d’infirmiers ne vaccinent pas relève d’une vision orientée. L’USPO serait inspirée d’aider les infirmiers dans cette « stratégie de l’aller vers » plutôt que de vouloir les remplacer.
La FNI a toujours prôner la coopération étroite entre les médecins, infirmiers et pharmaciens dans le cadre de cette campagne de vaccination et bien au-delà de cette campagne. Les termes et propos tenus par l’USPO n’engagent que cette organisation.
La FNI est également en capacité de fournir des « remontées du terrain » qui mettent en relief les velléités de quelques pharmaciens à s’approprier l’intégralité des champs de cette campagne de vaccination. La FNI peut également ressortir les positionnements des organisations de pharmaciens vis à vis de la grande distribution.
À ce stade, nous ne sommes pas certains, dans le contexte, que cela fasse avancer la cause.
Une question cependant nous taraude, qui restera derrière le comptoir de l’officine quand le pharmacien sera sur la route ?
Que l’USPO sous couvert d’arguments de santé publique veuille mettre un pied dans la porte du domicile des patients ne trompe personne. La réalité est que sous couvert de cette crise, l’USPO voit une opportunité pour faire avancer sa vision singulière de la pharmacie clinique.
La FNI n’est non seulement pas convaincue que l’appétence des pharmaciens à devenir les « couteaux suisses » du système de santé soit partagée au sein de cette profession, mais elle estime que cette demande de l’USPO est de nature à créer des distorsions qui fragiliseront l’intégralité de la médecine de ville.
Covid : le pharmacien peut-il vacciner à domicile ?
Comme s’en émeut l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), on ne sait pas très bien si les pharmaciens sont autorisés ou non à vacciner contre le Covid les patients à domicile. Le syndicat pousse pour que les officinaux y soient formellement autorisés.
Président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot reçoit depuis déjà plusieurs semaines « des remontées du terrain » au sujet de la vaccination Covid à domicile, en particulier pour les patients qui ne peuvent pas se
déplacer. « Aujourd’hui, dans les textes, rien n’est écrit, ni que l’on peut le faire, ni que cela nous est interdit. Donc, dans le doute, on ne vaccine pas à domicile, déplore-t-il. En revanche, quand on en parle au ministère, il bloque cette possibilité. Pourquoi ?
ce qui est une aberration. Je ne pense pas que l’on perd notre compétence en quittant la pharmacie. Pour preuve, nous sommes autorisés à vacciner dans les centres. Donc je
pense que l’on peut aller vacciner au domicile du patient », estime Pierre-Olivier Variot.
Pour tenter de convaincre le ministère de la Santé de donner ce droit aux pharmaciens, l’USPO va lancer une enquête à ce sujet auprès des officinaux. Objectif : réunir le plus d’arguments possible et surtout « quantifier le besoin » en la matière. «
« L’idée n’est pas de vacciner systématiquement, mais uniquement quand la structure locale ne le permet pas. On voit notamment que beaucoup d’infirmiers ne vaccinent pas, de plus en plus de médecins ne font plus de visites… donc des patients qui ont des difficultés à se déplacer sont écartés de la vaccination, ce qui n’est pas normal.
Ce serait simple de laisser les pharmaciens y aller quand un besoin n’est pas couvert par les autres professionnels de santé. »