Au lendemain de la parution du livre « Les fossoyeurs » du journaliste Victor CASTANET, les réactions médiatiques se multiplient.
Indignations légitimes des familles des résidents heurtées par les pratiques rapportées dans cet ouvrage auxquelles nous ne pouvons rester insensibles. Nous condamnons toutes les pratiques qui ne respectent pas la dignité de la personne quel que soit le lieu ou cela peut se produire.
Sentiments de désemparement de l’immense majorité des soignants en EHPAD qui ne se retrouvent pas dans ces lignes et qui pourtant tous les jours accompagnent avec professionnalisme, dévouement et humanité des personnes âgées dépendantes. Médecins coordonnateurs d’EHPAD, nous apportons tout notre soutien et notre entière solidarité aux plus de 300 000 professionnels travaillant dans les 7 500 EHPAD de France.
Cette médiatisation lève le voile sur plus de 20 ans d’abandon du secteur du Grand Âge en France !
De nombreux rapports ministériels (Aquino, Broussy 1, Pinville, Libault, El Khomri, Broussy 2, Dufeu,… ) ne cessent de recommander une augmentation des moyens accordés aux EHPAD, pour l’accompagnement de résidents de plus en plus dépendants et porteurs de nombreuses maladies chroniques nécessitant des soins de plus en plus complexes.
Alors qu’une tendance européenne de 1 ETP soignant par résident semble s’installer, le triste constat de 0,5 ETP par résident perdure en France (données DREES1), faisant même réagir la Défenseuse des Droits, qui dans son dernier rapport en mai 2021, recommande au gouvernement « de fixer un ratio minimal de personnels travaillant en EHPAD de 0,8 ETP par résident, afin de garantir leur droit à une prise en charge et à un accompagnement adaptés »2.
Alors que la crise sanitaire a mis en lumière les difficultés que rencontrent les soignants en EHPAD: déficit de recrutement, effectifs en tension, pénibilité, manque de reconnaissance et d’attractivité, les professionnels ne peuvent se sentir que dévalorisés et peu reconnus par ces situations récurrentes, alors que leurs métiers sont essentiels en EHPAD et plus généralement à l’accompagnement du Grand Âge.
Alors que la plupart des pays européens considèrent et accompagnent les situations de handicap sans différence quel que soit l’âge, la France reste le seul pays d’Europe à maintenir la barrière de l’âge entre le handicap et la dépendance, source de discrimination, d’âgisme, voire de situations de maltraitances.
Ainsi, pour que l’EHPAD de demain puisse permettre un accompagnement de qualité, MCOOR interpelle l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle pour qu’au sein de leur programme apparaissent enfin de vrais solutions aux problématiques posées.
MCOOR revendique ainsi :
- Une refonte totale du mode de fonctionnement, de financement et de gouvernance des EHPAD ;
- Un alignement sur le secteur du handicap des moyens attribués à l’accompagnement de la dépendance;
- Une augmentation de l’encadrement soignant à 1 ETP par résident dans les 5 ans (0,8 ETP par résident dès que possible) et l’ouverture immédiate de 10 000 postes d’aides-soignants (au moins 1 par EHPAD) ;
- Une formation spécifique des personnels sur la prise en soins et l’accompagnement en EHPAD ;
- Une campagne nationale contre l’âgisme et la valorisation de tous les métiers du Grand Âge.
Il est temps de garantir un accompagnement en santé digne pour toute personne en avancée en âge accueillie en EHPAD par un plan « Quoiqu’il en coûte » en EHPAD !
Contact presse : MCOOR – Association Nationale des Médecins Coordonnateurs d’EHPAD et du Secteur Medico-Social – secretariat@mcoor.fr