Depuis 2020, l’ARS Occitanie soutient activement la dynamique des équipes soignantes et de tous les acteurs régionaux mobilisés pour améliorer la prise en charge des personnes confrontées aux symptômes d’un Covid long. Des plateformes téléphoniques sont déployées dans chaque département pour répondre aux questions des patients et des professionnels de santé. Les soignants libéraux sont mobilisés auprès de leurs patients dans chaque territoire. Des équipes hospitalières dédiées sont identifiées dans toute la région pour accueillir et soigner ces personnes malades.
Tous ces nouveaux dispositifs médicaux doivent désormais être coordonnés pour dynamiser leur réponse aux besoins des personnes concernées.
C’est la mission que l’ARS a confiée au Dr Jérôme Larché, dans le cadre de Réso Occitanie, Fédération des réseaux de santé dans toute la région. Toutes les équipes soignantes mobilisées au côté des représentants des patients, vont ainsi bénéficier de l’expérience médicale d’un pionnier de la prise en charge de ces patients, confrontés depuis des mois à des symptômes Covid qui pèsent souvent lourdement sur leur vie quotidienne. Point de situation sur cette mission et sur les initiatives régionales en 3 questions au Dr Jérôme Larché.
3 QUESTIONS au Dr Jérôme Larché, nouveau référent régional du réseau de prise en charge du Covid long en Occitanie
- Comment votre parcours professionnel vous a t’il amené à vous impliquer dans cette prise en charge spécifique des patients qui font face à un Covid long ?
« Dès la première vague de Covid-19, en février 2020, j’ai été impliqué dans l’organisation et la prise en charge des patients, en tant que médecin interniste et référent infectiologie, pour le groupe Oc Santé. Dès octobre 2020, j’ai vu arriver en consultation des patients avec des symptômes persistants, bien qu’une grande majorité d’entre eux n’aient pas été hospitalisés, et très souvent avec une grand errance diagnostique.
En raison de cet impact médical, mais aussi socio-économique, pour ces patients et d’articles scientifiques commençant à décrire ce que l’on appelle aujourd’hui le Covid long, j’ai décidé de mettre en place, à la Clinique Clémentville de Montpellier, un dispositif structuré de consultations et de prise en charge pluridisciplinaire en réseau, répondant aux besoins de cette nouvelle pathologie émergente.
Ce modèle hybride, à la fois présentiel mais utilisant aussi les outils de télémédecine pour réaliser des téléconsultations et des télé-expertises, a permis de prendre en charge des patients venant de toute l’Occitanie comme de nombreuses autres régions en France, et de réduire fortement les délais diagnostiques. »
- Au regard de votre expérience médicale, que peut-on dire aujourd’hui de ces cas de covid long et du profil des personnes concernées ?
« Les différentes études épidémiologiques réalisées convergent vers une proportion de 10 à 30% de patients ayant fait une infection aigue au Covid, qui développent un Covid long. Pour la France, cela représente une estimation (basse) de plus d’un million de personnes atteintes.
On parle aujourd’hui DU Covid long, mais il existe très probablement DES Covid long, car ces patients présentent de très nombreux symptômes, allant des formes simples aux formes beaucoup plus complexes. On a décrit plus de 200 symptômes persistants au-delà de 4 semaines, mais les plus fréquemment retrouvés sont une fatigue intense, un essoufflement, une accélération intermittente du rythme cardiaque, des troubles neurocognitifs associant troubles de la mémorisation et de la concentration, des douleurs articulaires, et la persistance des troubles du gout et de l’odorat.
Cette diversité des présentations cliniques est à mettre en rapport avec les différentes causes physiopathologiques à l’origine de cette nouvelle pathologie, et secondaires à l’infection aigue par le SRAS-Cov-2 : persistance virale dans certains organes, inflammation persistante, troubles de l’immunité et auto-immunité. Différents facteurs de risques commencent à être aujourd’hui identifiéset constituent des leviers d’identification précoce et de prévention, que doivent connaitre les professionnels de santé pour mieux prendre en charge cette pathologie.
Le Covid long, de par son caractère polymorphe et récurrent, nécessite donc qu’un parcours de soins structuré diagnostique et thérapeutique, adapté à la complexité de chaque patient, soit mis en place à l’échelle territoriale. »
3. En Occitanie, des avancées importantes sont déployées pour organiser une prise en charge plus adaptée : qu’en pensent les patients et les professionnels que vous rencontrez ?
« L’attente des usagers, des associations d’usagers et des professionnels de santé sur la mise en place d’un parcours de soins Covid long en Occitanie est très forte. Mon rôle principal est de faciliter et d’assurer l’articulation des différents acteurs de la filière mise en place pour ces patients. De façon plus précise, il s’agit de poursuivre la dynamique partenariale et organisationnelle de ce projet initié et financé par l’ARS Occitanie, en faisant le lien entre tous les acteurs et structures concernées : médecins de ville, Communautés professionnelles territoriales de santé, cellules de coordination départementales Covid long, établissements hospitaliers (MCO) labellisés pour recevoir les patients les plus complexes et services de soins de suite et de réadaptation (SSR) pour les différentes formes de rééducation nécessaires (olfactive, neurocognitive, cardiorespiratoire, motrice,..).
L’objectif du déploiement opérationnel régional de ce parcours de soins pluridisciplinaire Covid long vise à augmenter de façon quantitative et qualitative l’offre de soins sur cette pathologie, en améliorant l’orientation des usagers et des professionnels de santé, à réduire les délais diagnostiques, et à renforcer les modalités de prise en charge et de suivi. La prévention du Covid long est aussi un axe important, qui peut être mis en œuvre par la vaccination et l’identification précoce de patients présentant des facteurs de risques.
Au vu du nombre de patients potentiellement impliqués, et de l’impact du Covid long sur le plan sanitaire comme socio-économique, la mise en place de ce dispositif régional collectif piloté par l’ARS Occitanie entend répondre effacement à cet enjeu de santé publique émergent. »
L’ARS Occitanie a mobilisé 2 M€ sur le Fonds d’intervention régional en soutien à des actions innovantes en faveur la prise en charge des situations de Covid les plus complexes en Occitanie : 13 cellules départementales de coordination post-covid sont opérationnelles, 6 centres de recours de médecine ont été labellisés pour des plans de soins personnalisés et 18 centres de rééducation et réadaptation sont également labellisés pour aider les malades à retrouver leur autonomie.
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