Santé Publique France vient de rendre public le BEH n°5. Il est composé de 2 articles.
Résumé du contenu :
1. Connaissances et pratiques de prévention contre la borréliose de Lyme et les piqûres de tiques en France métropolitaine : baromètre santé 2019 et 2016, Alexandra Septfons et coll., Santé publique France
La borréliose de Lyme (BL) est la maladie vectorielle transmise par les tiques la plus fréquente en France. En 2016, un plan national de lutte contre les maladies transmises par les tiques a été lancé par le ministère de la Santé, incluant l’amélioration de la prévention contre les piqûres de tiques.
Nous avons analysé la connaissance de la population française sur la BL et la prévention contre les piqûres de tiques à partir du Baromètre santé 2019, enquête téléphonique menée auprès d’un échantillon probabiliste de personnes âgées de 18-85 ans résidant en France métropolitaine. Les données ont été comparées aux résultats du Baromètre 2016.
En 2019, 30% de la population déclarait avoir été piquée par une tique au cours de la vie et 6% au cours des 12 derniers mois. Ces proportions étaient respectivement de 25% et 4% en 2016 (p<0,001). En 2019, 25% de la population se sentait exposée aux piqûres de tiques contre 23% en 2016 (p<0,001). La proportion de personnes ayant entendu parler de la BL a augmenté passant de 66% en 2016 à 79% en 2019, ainsi que la proportion de personnes se sentant bien informées (de 29% à 41%). Une part plus importante de la population déclarait appliquer les mesures de prévention contre les piqûres de tiques et ces mesures étaient plus appliquées par les personnes âgées de 55 ans et plus, par les femmes et par les personnes vivant en régions de haute incidence.
Une augmentation des connaissances et de l’application des mesures de prévention a été observée. Ces résultats permettront de cibler les futures campagnes de prévention auprès de certaines tranches d’âge ou régions plus à risque. Les barrières à l’utilisation des moyens de prévention nécessiteraient néanmoins d’être étudiées pour adapter au mieux les messages de prévention.
2. Épidémiologie de l’accident vasculaire cérébral à Mayotte de 2013 à 2017 : incidence, mortalité, caractéristiques et étiologie, Améthyste Wolff et coll., Centre hospitalier de Mayotte, Mamoudzou
L’impact sanitaire des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ne cesse de croître, notamment chez les moins de 45 ans et dans les pays en voie de développement. Mayotte manque de données épidémiologiques propres à sa population face à cette pathologie et ses facteurs de risque. Dans ce contexte, une étude a été mise en place afin de calculer les taux d’incidence et de mortalité des AVC à Mayotte, d’en étudier les facteurs de risque et l’étiologie.
Il s’agissait d’une étude descriptive unicentrique rétrospective. La population concernait les patients admis aux urgences du centre hospitalier de Mayotte pour AVC, sur la période de 2013 à 2017.
Au total, 553 patients ont été recrutés dont 463 AVC ischémiques. L’incidence standardisée était de 159,9/100 000 habitants. L’incidence standardisée des AVC ischémiques était de 125,9/100 000. La mortalité en phase aiguë était de 20,5/100 000. Les AVC étaient de type ischémique chez 78% des patients, 22% étaient de type hémorragique, dont 13% de nature cardio-embolique, 15% causés par l’athérome des gros vaisseaux, 42% de cause microangiopathique et 30% de cause indéterminée. L’âge moyen de survenue était de 62 ans chez l’homme et 63 ans chez la femme. La population de moins de 65 ans était représentée à 52%. La prévalence de l’HTA était de 88,5% et seulement 57% des hypertendus étaient traités.
Un traitement anti-hypertenseur était significativement plus présent lorsque le patient bénéficiait de la Sécurité sociale. La prévalence du diabète était de 33% avec une valeur d’HbA1c moyenne de 9%. Les complications du diabète affectaient significativement plus les patients sans couverture sociale. Le taux de patient en surpoids ou obèse était de 63%.
Ces résultats témoignent de la particularité de la population mahoraise qui apparaît plus exposée que les métropolitains aux événements vasculaires cérébraux, et notamment sur les lésions de la micro-circulation. Le poids des facteurs de risque comme l’HTA et le diabète est indéniable. La similitude de nos résultats avec ceux d’autres départements et régions d’outre-mer nous oriente vers l’hypothèse de l’influence de l’environnement insulaire en lien avec l’évolution des modes de vie. La comparaison avec les études réalisées en Afrique subsaharienne suggère également un rôle du terrain génétique dans la susceptibilité aux facteurs de risque.