Commandé par le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche et le Ministre de la santé et de la prévention, le rapport sur la création d’une 4e année d’internat en médecine générale a été rendu public ce lundi 12 juin.
Jeunes Médecins s’était vivement opposé à la création de cette 4e année, inutile telle qu’envisagée et totalement incohérente avec l’ensemble des politiques publiques menées.
En effet, et avant tout, la création de cette 4e année d’internat (qui équivaut donc à une 10e année d’études) est totalement à contre-courant de ce qui se discute et se décide actuellement au Parlement, au Ministère, et avec la Caisse nationale d’assurance maladie :
- On allonge la durée d’études des futurs médecins généralistes car, selon le rapport, « les conditions actuelles de formation en trois ans […] ne permettent pas de préparer suffisamment les futurs médecins généralistes à l’exercice en soins primaires » (p. 13) alors même que les pouvoirs publics discutent parallèlement de la possibilité que d’autres professionnels de santé puissent accéder à des compétences médicales !
- On veut que cette année supplémentaire permette aux étudiants en DES médecine générale « qu’ils se projettent dans leur futur exercice majoritairement en milieu ambulatoire selon un exercice libéral » (p. 13) alors que dans le même temps on assiste en France à la casse totale du secteur libéral :revalorisation de la consultation de seulement 1,5€ en 6 ans, sous-effectifs et sur-sollicitations ayant conduit 45% des médecins généralistes au burn-out, etc.
Jeunes Médecins demande de la cohérence et de la considération !
En plus de repousser l’installation des médecins, cette année supplémentaire n’apporte aucun avantage ni aucune garantie. Le rapport préconise que les internes réalisent cette 4e année sous le statut de docteur junior « spécial » (avec une base de rémunération fixe identique auquel s’ajoutera une part variable en fonction du pourcentage des actes effectués, avec plafond de 30 consultations par jour), une manière d’inventer le « remplacement libéral obligatoire » et d’empêcher l’exercice en secteur 2 dont les docteurs juniors « spéciaux » de médecine générale seront expressément exclus. Cela créera un précédent, réinstaurant une différence statutaire entre la spécialité de médecine générale et les autres spécialités : le Gouvernement souhaite-t-il un retour au résidanat ?
Si le Gouvernement avait vraiment voulu faire « entrer la médecine générale dans le droit commun », il aurait profité des dernières négociations conventionnelles pour soutenir la revalorisation des consultations à la hauteur de ce qui se pratique dans d’autres spécialités et il aurait décidé de renforcer les capacités d’enseignement et d’encadrement dès la loi de financement de la sécurité sociale 2023. La réalité qui ne sera pas résolue à la rentrée c’est que nous manquons d’enseignants titulaires et associés de médecine générale, de chefs de clinique universitaires de médecin générale, de maitres de stage universitaires en médecine générale.
Bien que le rapport ait souligné la nécessité que « les textes réglementaires relatifs à la mise en place de la quatrième année du DES de médecine générale soient publiés avant mai 2023 », il est clair qu’à la mi-juin et à quelques jours des épreuves de classement des internes, on ne sait rien de ce que, sera sur le fond et la forme, cette 4e année d’internat pour les étudiants de spécialité médecine générale ! Le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) a d’ailleurs voté majoritairement contre ce projet lors de sa séance du 13 juin.
On voudrait vider les facultés de médecine d’étudiants en médecine générale qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Internes, mobilisez-vous à nos côtés, et rejoignez le mouvement de grève du 3 juillet prochain !
Contacts presse :
Emanuel Loeb
Président de Jeunes Médecins
president@jeunesmedecins.fr
Mélina Elshoud
Directrice des affaires publiques
jm.aff.publiques@gmail.com