Dans le contexte du vieillissement rapide de la population française – en 2050, un tiers de la population française sera âgée de plus de 60 – la coalition d’experts A-Grippe-Toi publie aujourd’hui une étude sur la perception du bien-vieillir par les Français. Cette étude montre que, malgré une opinion largement positive sur les vaccins, les séniors méconnaissent ou sous-estiment l’importance de la vaccination pour vieillir en bonne santé.
Vieillir en bonne santé, un défi pour la société et le système de soin : une préoccupation partagée par les séniors
Selon les projections de Santé publique France, 2,3 millions de personnes pourraient se retrouver en situation de dépendance en 2060. Le vieillissement en bonne santé des séniors dépendra de la capacité du système de soin à prévenir les infections (grippe, coqueluche, zona VRS) et leurs conséquences parfois invalidantes pour la population âgée.
Les résultats de l’étude, menée sur un échantillon de 1039 personnes âgées de 60 ans et plus, montrent que bien vieillir est une préoccupation primordiale. Pour les Français, les trois principaux critères définissant le bien-vieillir sont :
■ être en bonne santé le plus longtemps possible (en premier choix pour 43% des répondants)
■ conserver son autonomie physique (en premier choix pour 18 %)
■ vivre à domicile le plus longtemps possible (en premier choix 17 %).
Les craintes principalement associées au vieillissement s’inscrivent en creux de ces attentes : 41% des répondants craignent avant tout le handicap, 17% la baisse de la forme physique, et 10% la vulnérabilité aux maladies. La crainte du deuil, l’isolement social et familial ou encore la perte d’autonomie financière n’arrivent qu’ensuite. Ces espoirs et ces craintes sont partagés, et leur distribution ne varie que peu avec l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, ou le lieu de résidence.
La vaccination, une condition méconnue du bien-vieillir
Les répondants identifient comme principales conditions du bien-vieillir le fait de pratiquer une activité physique régulière (en premier choix pour 27%), l’équilibre de l’alimentation (en premier choix pour 17%), et le maintien d’une activité intellectuelle (en premier choix pour 17%). Les conditions plus strictement médicales n’arrivent que bien après, comme le fait d’avoir accès à des rendez-vous médicaux réguliers (en premier choix pour 12%), de pratiquer régulièrement des tests de dépistage des cancers et maladies chroniques (en premier choix pour 6%), ou d’être à jour de ses vaccins (en premier choix pour 3%).
L’importance accordée à ce dernier critère est légèrement plus importante chez les hommes que chez les femmes, chez les 75 ans et plus que dans les autres cohortes, et dans la population convaincue de l’efficacité et de la sûreté des vaccins.
Ces chiffres tendent à prouver qu’il existe une méconnaissance ou, a minima, une sous-estimation importante des séquelles durables que peuvent provoquer certaines maladies infectieuses, quand on n’en est pas préservé par la vaccination adéquate. Si les personnes interrogées constatent les désagréments de court-terme que provoque une infection grippale, comme des visites répétées chez le médecin, le recours à un aidant ou à un infirmier, ils perçoivent mal les conséquences de moyen-terme – pourtant bien réelles – que ces épisodes peuvent avoir sur leur santé telle que la complication d’une maladie chronique.
Pourtant, 71% des personnes interrogées se disent d’accord ou plutôt d’accord avec la proposition selon laquelle les vaccins sont efficaces, et 66% pensent qu’ils sont sûrs. Cette opinion favorable a été confortée ou renforcée par l’épidémie de covid-19 : 39% des répondants disent se renseigner davantage sur les vaccinations recommandées pour leur tranche d’âge. Cette perception favorable ne se transforme qu’imparfaitement en acte : seuls 48% sont sûrs d’être à jour de leur vaccination ; 31% « pensent l’être ».
Quant à la vaccination contre la grippe, elle est considérée comme importante par 75% des répondants, mais seuls 53% se vaccinent chaque année. Plus inquiétant, plus d’un quart des répondants disent ne jamais se vacciner contre la grippe, y compris ceux étant atteint de comorbidité(s).
La nécessité d’une politique de sensibilisation plus ambitieuse à destination des seniors
Alors que 82% des répondants s’estiment suffisamment informés au sujet de la vaccination contre la grippe, les répondants ont une connaissance manifestement lacunaire de l’importance des vaccins. Une politique de sensibilisation à destination des séniors pourra bénéficier de la confiance que ceux-ci accordent à leur médecin traitant et aux pharmaciens. Pour 76% des personnes interrogées, le médecin traitant reste la source d’information privilégiée, très loin devant les émissions de télévision ou de radio. Le pharmacien est quant à lui considéré par 73% comme une des sources principales d’information médicale.
Pr Elisabeth Botelho-Nevers
Vice-présidente de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) – et membre de la coalition« Ces résultats démontrent que, pour la vaccination des séniors, ce n’est pas la confiance qui manque, mais la conscience. Un effort résolu d’information et de communication, sur le modèle des « cinq fruits et légumes par jours », devrait permettre de répondre à cette méconnaissance qui empêche d’atteindre une meilleure couverture vaccinale. C’est la condition du « bien-vieillir » pour les personnes âgées. C’est aussi celle qui permettra à la société et au système de soin de faire face au vieillissement de la population. Une loi sur le Grand-âge ou sur le bien-vieillir, réclamée aujourd’hui par de nombreux acteurs, devra nécessairement se pencher sur cette question ».
Téléchargez le communiqué sur la perception du bien-vieillir par les Français
À propos de la coalition A-grippe-toi
Coalition d’experts avertis sur la vaccination notamment des adultes et particulièrement des seniors, la coalition A-grippe-toi souhaite instaurer un nouveau dialogue de proximité entre patients, politiques, institutions et professionnels de santé, afin de réfléchir à la problématique spécifique de la vaccination de ces adultes à risque et d’élaborer des actions concrètes qui répondent à leurs besoins.
Contact : Solène Batier | solene.batier@nile-consulting.eu