La pénurie en spécialistes médicaux et chirurgicaux est une réalité vécue au quotidien très négativement par les Français. Très inégalement répartie sur le territoire national et fonction des spécialités, cette pénurie est en relation avec 4 phénomènes :
- Un nombre encore insuffisant de spécialistes formés eu égard aux besoins d’une population vieillissante et de la démographie médicale,
- Une organisation des soins fondée sur l’offre et non sur une approche populationnelle,
- Une répartition dans les territoires insuffisamment adaptée aux réalités sanitaires locales,
- Une prise en compte insuffisante des facteurs d’attractivité, avec un impact particulièrement préoccupant pour l’exercice libéral.
L’Académie nationale de médecine, consciente de la réalité du problème posé et de la complexité des solutions à trouver, après avoir entendu les différentes parties prenantes, recommande les mesures pratiques suivantes :
- Planifier les besoins de formation en spécialistes médicaux et chirurgicaux, en les fondant sur une véritable prospective nécessitant le développement d’indicateurs objectifs et la mise en place d’un zonage pour toutes les spécialités
- Faire évoluer la formation, avec une universitarisation des territoires propice à la fidélisation des futurs médecins, un développement de CHU/facultés hors-les murs avec des antennes universitaires, la remise en place d’un internat régionalisé, un assistanat territorial, une meilleure préparation à l’exercice libéral
- Faire évoluer l’organisation des soins, avec un assouplissement des conditions de recours aux médecins spécialistes, le développement d’exercices mixtes ville-hôpital, la facilitation de la mobilité dans les parcours professionnels, la prise en compte de l’impact de la transformation numérique dans l’organisation des soins, la revalorisation des statuts et des rémunérations, l’organisation des spécialités, le décloisonnement du système de santé
- Mettre l’accent sur l’aménagement territorial des soins, avec le développement d’une approche populationnelle et d’une organisation territoriale ainsi que le renforcement du rôle des collectivités locales aux côtés de l’Etat dans l’organisation du système de santé
Compte tenu d’une situation hautement complexe et rapidement évolutive, la mise en œuvre de ces recommandations nécessite un changement de logique de la part des pouvoirs publics, apportant :
- Des réponses aux difficultés fondées sur la réalité des besoins et une approche populationnelle
- La remise des territoires au cœur des décisions
Souplesse et réactivité doivent être les maîtres-mots dans la conception et la mise en application de ces mesures dont les effets devraient être soumis à évaluation.
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CONTACT PRESSE : Virginie Gustin – virginie.gustin@academie-medecine.fr