Filtres
Type d'information
Secteur
Zone géographique
Période
Tri

« Cannabis, cannabisme et nouveaux cannabinoïdes », Conférence à l’Académie de médecine (Paris)

Imprimer la liste
Share

Mardi 25 mars 2014, 14h30

« Cannabis, cannabisme et nouveaux cannabinoïdes »

Organisateurs : Jean COSTENTIN et Jean-Pierre GOULLÉ

 

Introduction : La situation actuelle du cannabis en France par Jean COSTENTIN (Membre de   l’Académie nationale de médecine – E-mail : jeanhenri.costentin@orange.fr)

 

   Communications

Neurobiologie des endocannabinoïdes – mise en relation avec les effets du tétrahydrocannabinol du chanvre indien par Jean COSTENTIN

Le tétrahydrocannabinol (THC), principe psychotrope majeur du chanvre indien, générateur d’addiction psychique et physique, développe de multiples effets et suscite de nombreux méfaits centraux et périphériques, en interférant avec les fonctions imparties au système endocannabinoïdergique physiologique. Ce système régule la libération de plusieurs médiateurs, dont celle de la dopamine, ce faisant il module d’une façon subtile maintes fonctions physiologiques. Il implique des ligands, dérivés de l’acide arachidonique (anandamide, diarachidonoylglycérol, virodhamine, noladin ether, N arachidonoyl dopamine, etc.), qui stimulent deux types principaux de récepteurs (CB1  centraux et CB2 périphériques). Dans le cerveau les récepteurs CB1 sont très nombreux et ubiquistes ; ils affectent diverses fonctions cérébrales importantes (éveil, attention, mémoire, cognition, anxiété, thymie, activité délirante, hallucinatoire, coordination des mouvements, équilibre, maturation cérébrale à l’adolescence, etc.). Loin de mimer les effets de ces endocannabinoïdes, le THC les caricature en s’imposant partout à la fois, intensément, durablement ; il peut alors désensibiliser ces récepteurs, affaiblissant ainsi l’effet imparti à leurs ligands endogènes. Le THC, en raison de son exceptionnelle lipophilie, s’accumule des jours et même des semaines dans le cerveau. Il n’est pas, tant s’en faut, une drogue douce, mais une drogue lente ; dont l’abus suscite des modifications très durables du fonctionnement cérébrale et peut susciter divers troubles psychiques et psychiatriques.

 

Les grands traits de la pharmacocinétique du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) ; les nouveaux cannabinoïdes de synthèse ; le cannabis et la sécurité routière par Jean-Pierre GOULLÉ (Membre de l’Académie nationale de médecine – E-mail : jean-pierre.goulle@univ-rouen.fr)

Le delta-9-tétrahydrocannabinol ou THC est le principal constituant psychoactif du cannabis dont le mode de consommation le plus fréquent est l’inhalation. La teneur moyenne en THC dans la résine a été multipliée par quatre au cours des vingt dernières années, passant de 4 % à 16 %, ce qui influe sur la pharmacocinétique et sur la pharmacologie de la drogue. Par inhalation, la biodisponibilité du THC est en moyenne de 25 %. Après une cigarette contenant 3,55 % de THC, le pic plasmatique obtenu environ dix minutes après l’inhalation est voisin de 160 ng/mL. La décroissance sanguine du THC est très rapide, de type multiphasique, contemporaine d’une augmentation de la concentration tissulaire. C’est elle qui est responsable des effets pharmacologiques. Le THC subit ensuite une séquestration intense dans les graisses corporelles, principal site de stockage. Cette pharmacocinétique particulière explique l’absence de lien étroit entre la concentration sanguine en principe actif et les effets engendrés, contrairement à ce que l’on observe pour l’éthanol. Le THC donne naissance à deux principaux métabolites, le11-OH-THC (seul métabolite actif) et le THC-COOH dont l’élimination dans les selles et dans les urines se prolonge plusieurs semaines. De ce fait, l’analyse urinaire du THC-COOH constitue l’examen de choix pour confirmer l’abstinence d’un individu. Tout résultat positif pourra être complété par un dosage sanguin du THC, à la recherche d’une exposition récente. Le cannabis est la drogue illicite la plus fréquemment rencontrée chez les conducteurs. Les études dans le cadre de la sécurité routière montrent que l’usage récent de cette drogue multiplie au moins par deux le risque d’être responsable d’un accident.

La consommation simultanée d’alcool multiplie ce risque par 14. Depuis 2009 une nouvelle classe est apparue sur le marché des drogues, celle des cannabinoïdes de synthèse. Ils agissent sur les mêmes récepteurs CB1 que le THC, avec une plus grande affinité que ce dernier. Leur pharmacocinétique et leur pharmacologie sont différentes de celle du THC, car ils sont métabolisés en nombreux dérivés, souvent plus actifs que le THC.

 

Les troubles cognitifs et psychiatriques liés à la consommation de cannabis par Alain DERVAUX (Service d’addictologie Moreau de Tours, Centre Hospitalier Ste-Anne, Paris – E-mail : a.dervaux@ch-sainte-anne.fr)

Plusieurs études ont montré que le Δ-9-THC, principal principe actif du cannabis entraînait des troubles de l’attention, de la mémoire et des fonctions exécutives. Ils sont liés à la dose, à la fréquence, à la durée d’exposition et à l’âge de la première consommation. Ils peuvent disparaître après sevrage, mais des anomalies durables s’observent chez les sujets ayant débuté leur consommation avant l’âge de 15 ans.

La fréquence de la dépendance au cannabis, caractérisée essentiellement par le craving, la perte de contrôle et le retentissement important sur la vie familiale, professionnelle et sociale est d’environ 1 % en population générale sur la vie entière.

Neuf études longitudinales ont retrouvé que les sujets qui avaient fumé du cannabis avaient environ deux fois plus de risque de présenter ultérieurement des troubles psychotiques que les sujets abstinents. Le risque, dose-dépendant, est plus élevé lorsque la consommation de cannabis a débuté avant l’âge de 15 ans et chez les sujets qui ont des antécédents familiaux de troubles psychotiques.

La toxicité cérébrale du cannabis est liée à l’interaction du Δ-9-THC sur les récepteurs cannabinoïdes cérébraux CB1. La consommation de cannabis pouvait interférer avec le système endocannabinoïde cérébral lors de la maturation du cerveau à l’adolescence.

 

 

Explications de l’attrait des adolescents pour cette drogue ? Quelle attitude pédagogique convient-il de développer ? par Richard DELORME (Pédopsychiatrie, Hôpital Robert Debré, Paris)

 

  Conclusions par Jean-Pierre OLIÉ

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Share