Cette journée ne pourra être celle de toutes les femmes dans une société qui s’obstine à exclure, harceler, stigmatiser et pénaliser certaines d’entre elles. Cette mise au ban de groupes entiers de femmes, en raison de leurs pratiques, de leur précarité socio-économique, de leur origine ou de leur parcours de vie est une violence contraire à l’objectif progressiste de cette journée. Elle ouvre aussi un boulevard au VIH et aux hépatites qui continuent à toucher ces femmes de plein fouet, et compromet leur accès aux soins et à la prévention. AIDES tire la sonnette d’alarme.
AIDES le répète depuis 30 ans : l’accès aux droits des populations les plus exposées est indissociable d’une politique efficace de lutte contre le sida. Or 30 ans après la découverte du virus, la vulnérabilité particulière des femmes reste une constante épidémiologique. En 2013, 54% des contaminations d’origine hétérosexuelle concernaient des femmes. Et les plus touchées restent celles qui cumulent les facteurs de vulnérabilité. Femmes sans papiers, usagères de drogue, femmes trans, femmes en situation de grande précarité, travailleuses du sexe, femmes victimes de violences et femmes détenues, elles sont bien souvent oubliées des politiques publiques de santé et paient un lourd tribut à l’épidémie. Victimes de dénis de droits organisés de façon systémique, de stigmas sociaux ou culturels, de rapports de domination et d’inégalités sociales de santé, ces femmes doivent faire l’objet de dispositifs spécifiques de protection. « Les femmes migrantes par exemple, représentaient 74% des découvertes de séropositivité chez les femmes en 2013. Une situation due en grande partie à leur précarité administrative et à la peur de l’expulsion, qui génère un déficit d’accès aux droits, à l’information et à la prévention »explique Patricia Girardi, administratrice de AIDES et référente du groupe Femmes. Pour nos militantEs, une telle situation n’est pas acceptable.
AIDES demande aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour garantir à ces femmes un accès aux droits et aux soins plein et entier. Accès qui seul permettra une lutte efficace contre le VIH et les hépatites, et le respect de la dignité de toutes les femmes. AIDES appelle à :
– rétablir le droit au séjour pour soins et garantir aux migrantEs un accès effectif à la santé et à la prévention. Il est temps d’en finir avec les persécutions policières contraires aux impératifs de santé publique.
– cesser cette guerre idéologique contre le travail du sexe, incarnée par le délit de racolage ou pénalisation des clients. Ces mesures ont pour seul effet d’exposer un peu plus aux violences, à l’isolement et à la précarité les femmes en situation de prostitution, en les rejetant de l’espace public et en les éloignant des structures de soin et de prévention.
– troquer les politiques répressives à l’égard des usagèrEs de drogue contre une réelle politique publique de prévention et d’accompagnement, seule à même de réduire les dommages et les contaminations au VIH et aux hépatites.
– en finir avec les mesures discriminatoires à l’encontre des personnes trans (changement d’état civil, psychiatrisation, stérilisation, défaut de prise en charge…) et lutter efficacement contre la transphobie. Ces discriminations engendrent précarité forcée, exclusion et prise de risque chez les femmes trans. Elles font le lit de l’épidémie.
AIDES invite toutes celles et tous ceux qui souhaitent exprimer leur solidarité avec ces revendications à marcher à nos côtés le 8 mars partout en France !
> Contact presse : Antoine Henry – 06 10 41 23 86