Pendant 8 mois, en 2013, l’Académie de médecine a pu recenser le nombre d’autopsies scientifiques menées en France et recueillir les avis et les souhaits des professionnels en s’adressant directement auxmembres du Collège des Pathologistes (CoPATH), de la Société Française de Foetopathologie ( SOFOET) , de la Société française de Neuropathologie, et de la Collégiale des Professionnels de Chambres Mortuaires (CPCM).
Un constat sans appel
L’autopsie médico-scientifique est en voie de disparition en France chez l’adulte et l’enfant
Avec seulement 588 autopsies d’adultes, 433 d’enfants et 6541 actes de foetopathologie recensés en France métropolitaine en 2013, la France est la lanterne rouge de l’autopsie scientifique en Europe et dans le monde. En effet, même si ce déclin est perceptible partout, c’est en France et de loin qu’il est le plus important. A noter d’ailleurs que la tendance est même inverse en Belgique : au seul hôpital Erasme de Bruxelles, 219 autopsies médico-scientifiques ont été effectuées en 2011, 193 en 2012, contre 60 en 1998.
Une utilité incontestable mais oubliée et non reconnue
Alors qu’elles révèlent un nombre non négligeable d’erreurs diagnostiques, parfois majeures et multiples, ayant échappé aux techniques d’investigation les plus modernes ; sachant qu’elles sont souvent indispensables au diagnostic de certaines maladies et à certaines recherches… les autopsies médico-scientifiques se heurtent une réglementation parfois mal adaptée, des tabous sociologiques et des raisons religieuses erronées, la croyance tant des médecins que des familles en l’infaillibilité des techniques modernes de diagnostic ante-mortem qui contraste avec la remise en question du pouvoir médical et la crainte de poursuites judiciaires. S’y ajoutent le coût de l’autopsie, des techniques modernes qui doivent lui être associées et de la mise aux normes des salles d’examen. Enfin et surtout, il y a de moins en moins de spécialistes de cette pratique qui n’est même pas incluse dans la formation médicale.
Six recommandations pour sauver l’autopsie médico-scientifique en France
1) pratiquer les autopsies soi dans les centres hospitaliers agréés en collaboration avec un réseau régional ou interrégional. Ce schéma pourrait s’appuyer sur certains Centres de Référence Spécialisés existants et des équipes mobiles ; 2) assurer leur financement au titre des MIGAC et/ou MERRI ; 3) mentionner l’autopsie parmi les index de qualité des soins hospitaliers et les outils de veille sanitaire ; 4) mettre en œuvre lors de toute hospitalisation la déclaration de la «Personne de confiance» (ou du représentant légal pour ce qui concerne les mineurs), afin de faciliter une éventuelle demande d’autopsie ; 5) sensibiliser l’ensemble du personnel hospitalier, soignant et administratif à l’importance majeure de l’autopsie médico-scientifique malgré les apports des techniques modernes d’investigation; 6) mettre en œuvre des campagnes d’information sur l’utilité des autopsies en santé publique et pour la recherche scientifique.
> Enquête : http://www.academie-medecine.fr
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