En France, on estime que près de 4% des jeunes de moins de 18 ans seraient obèses. A cet âge, l’obésité a des effets délétères sur la puberté, le développement osseux mais aussi sur l’image de soi. La HAS a décidé de préciser les rares situations et les conditions dans lesquelles une chirurgie de l’obésité peut être envisagée pour un jeune de moins de 18 ans car aujourd’hui ces opérations se multiplient en dehors du cadre des recommandations officielles.
En France, 18% des 3-17 ans sont en surpoids, dont 3,5% d’obèses. En 2013, 114 mineurs ont subi une chirurgie de l’obésité.
Outre les complications cardio-respiratoires (hypertension, apnées du sommeil, asthme,…) ou métaboliques (diabète de type 2, dyslipidémie,…), l’obésité a, à cet âge de la vie, un retentissement particulier au niveau de l’activité hormonale et de la survenue de la puberté, de la croissance des os et du développement psycho-affectif.
Si en 2011 la Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommandait pas la chirurgie bariatrique chez les enfants et adolescents[1], certains professionnels de santé ont toutefois de plus en plus envisagé cette intervention chez les jeunes. Afin de répondre à ces demandes de chirurgie des mineurs en situation d’obésité, la HAS fait aujourd’hui le point.
La HAS réaffirme l’importance de privilégier une prise en charge pluriprofessionnelle suivie et adaptée
Pour traiter l’obésité, la HAS rappelle qu’il faut privilégier une prise en charge associant des professionnels de spécialités différentes et comprenant une éducation diététique, des conseils sur l’activité physique ainsi qu’un accompagnement psychologique. Le mineur doit être suivi régulièrement et au long cours, au sein ou en lien avec un centre spécialisé de l’obésité (CSO) à compétence pédiatrique. A cet âge, l’objectif de la prise en charge est le ralentissement de la progression de la courbe de corpulence (et non pas forcément la perte de poids) ainsi que l’amélioration de la qualité de vie physique, mentale et sociale et la prévention des complications.
La chirurgie de l’obésité : une solution envisageable uniquement en dernier recours…
La chirurgie de l’obésité est une chirurgie lourde qui peut entraîner des complications graves et des difficultés au quotidien, même plusieurs années après l’intervention. Elle ne permet pas à elle seule de perdre du poids et n’est efficace qu’à condition de modifier ses habitudes alimentaires, d’augmenter son activité physique et d’être suivi médicalement à vie. Pour ces différentes raisons, la chirurgie bariatrique ne peut être envisagée chez le mineur qu’après l’échec d’une prise en charge pluriprofessionnelle bien suivie, régulière et adaptée.
…et dans des cas particuliers
Pour pouvoir envisager une chirurgie, le mineur devra en outre remplir différents critères, aussi bien physiologiques que psychologiques :
1être âgé d’au moins 15 ans au minimum (et au cas par cas entre 13 et 15 ans) ;
2avoir atteint un stade de croissance osseuse et de puberté suffisant ;
3présenter un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 35 kg/m2 avec au moins une comorbidité sévère[2]ou un IMC supérieur à 40 kg/m2 avec une altération majeure de la qualité de vie ;
4avoir une maturité psychologique assurant sa compréhension (ainsi que celle de son entourage) des risques d’une telle chirurgie et de son engagement à vie à des changements de modes de vie et à un suivi médical régulier.
L’opération – qui requiert une expertise chirurgicale importante – sera réalisée au sein d’un centre spécialisé obésité (CSO) à compétence pédiatrique ou en lien étroit avec celui-ci.
Quelles sont les étapes indispensables avant de procéder à une chirurgie de l’obésité ?
Après l’échec d’une prise en charge pluriprofessionnelle de l’adolescent (au moins un an), le recours à une chirurgie pourra être discuté lors d’une première réunion de concertation entre professionnels de différentes spécialités. Après évaluation et si sa situation répond notamment aux critères définis par la HAS, l’adolescent pourra être dirigé vers une phase de préparation à cette chirurgie d’au moins un an. A l’issue de cette période, une dernière réunion entre professionnels validera (ou non) le recours à l’opération chirurgicale ainsi que le type de chirurgie choisi (anneau gastrique, gastrectomie ou court-circuit gastrique dit « bypass »). Compte tenu du faible recul sur ces interventions chez l’adolescent, il n’existe pas à l’heure actuelle d’argument pour privilégier une intervention plutôt qu’une autre.
Après l’opération, une surveillance régulière devra être mis en place avec un suivi pluriprofessionnel tous les 3 mois jusqu’à la transition vers l’équipe adulte du centre spécialisé.
Pour en savoir plus, retrouvez :
– le communiqué en ligne et les documents professionnels
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[1] Recommandation de bonne pratique « Surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent », HAS, 2011
[2] diabète, syndrome d’apnées du sommeil sévère, hypertension intracrânienne idiopathique ou stéatohépatite sévère.