L’édition 2017 de la manifestation organisée par le Leem en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie était consacrée au défi planétaire du retour du péril infectieux. Un sujet d’une grande actualité, au regard de la recrudescence de l’épidémie du virus Ebola au nord de la République démocratique du Congo (RDC), comme l’a rappelé en introduction Philippe Lamoureux, Directeur général du Leem. Des solutions concrètes pour traiter les nouveaux foyers et éviter la propagation des agents infectieux ont été exposées devant plus de deux cents personnalités (ministres de la Santé d’Afrique subsaharienne et experts du secteur de la santé internationale).
Soulignant l’apparition ou la réémergence de 335 maladies infectieuses identifiées par l’OMS depuis soixante ans, Philippe Lamoureux a prôné une « union sacrée entre chercheurs, autorités sanitaires, agences de santé, organisations internationales, sociétés de biotechnologies, industriels du médicament et du vaccin pour croiser les approches, renforcer les soins, la recherche et la formation dans les pays du Sud et organiser une politique de lutte efficace ».
Partenaire historique de ces Rencontres, l’Organisation Internationale de la Francophonie était représentée par S.E.M. Henri Monceau, nouvel Ambassadeur représentant Permanent de l’Organisation Internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies à Genève. Se réjouissant « de poursuivre cette collaboration fructueuse et indispensable », il a fait un plaidoyer pour une approche globale et souhaité que, pour la future Direction générale de l’OMS, « le multilinguisme joue un rôle plus important – pour une meilleure représentation géographique et une approche plus démocratique de la gouvernance mondiale où le continent africain, insuffisamment représenté aujourd’hui, devra être plus présent à l’avenir ».
La transparence des autorités sanitaires des différents pays permettrait de connaître à tout moment l’état de l’épidémie et sa propagation. Il est nécessaire de créer et de développer un Centre de surveillance africain afin que ce réseau sentinelle puisse avoir une grande efficacité dans l’émission d’alertes.
Le Pr Alpha Condé, Président de la République de Guinée et Président de l’Union africaine, ayant eu à gérer la crise Ebola, a affirmé la nécessité d’une coopération, d’une mobilisation et d’une solidarité internationale pour régler ces urgences sanitaires. Le réseau de surveillance des maladies infectieuses au niveau de l’Afrique doit être développé, renforcé et équipé.
Au cœur de la révolution opérée dans ces domaines par la cyber santé, le Dr Ann AERTS a appelé à la coopération inter-gouvernementale entre les Technologies de l’information et de la communication (TIC) et la santé.
En réponse à la fragmentation des initiatives dans la santé numérique, il est urgent de mettre en place des outils de communication rapides qui permettront d’alerter en temps réel, de mobiliser les moyens, de géo-localiser les équipes, les malades… afin que demain, en cas de nouvelle épidémie, l’alerte soit donnée immédiatement et que les dispositifs mis en œuvre soient monitorés, grâce à un suivi géo-localisé de tous ceux qui participent à la lutte.
Le Pr Christian Bréchot, Directeur général de l’Institut Pasteur, prône ainsi « une approche globale, via des réseaux de surveillance et d’évaluation, des infrastructures de sécurité », avec pour socle la formation, soulignant que l’exemple de la Guinée montre que « nous devons travailler à la fois sur l’urgence, la coopération et dans la durée ».
Le Dr Guenaël Rodier, Directeur de la Préparation des pays aux urgences sanitaires et Règlement sanitaire international de l’OMS, rappelle que « 1 204 événements dans 168 pays ont eu un impact économique désastreux ».
Aucun pays ne peut aujourd’hui faire face seul aux épidémies. La réponse à ce type de péril viendra du concours éclairé des structures de veille sanitaire qui feront remonter les informations au plus haut niveau mondial (OMS Afro, OMS central, Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, Institut Pasteur), cette synergie permettant de déclencher en simultané le déploiement d’opérations concertées, s’appuyant sur des équipes formées capables d’y répondre non seulement au niveau national mais surtout international.
Le retour d’expérience du Pr Awa Marie Coll Seck, Ministre de la Santé du Sénégal, qui a eu, elle aussi, à gérer la crise Ebola, est éloquent : « beaucoup d’acteurs, d’ONG, d’agences veulent aider nos pays – mais parfois dans une cacophonie parce que la coordination n’est pas optimale : il est important que l’OMS y reprenne sa place mais il faut aussi que les pays acceptent d’être coordonnés » d’où « l’importance des centres de sécurité nationale, des structures mobilisables 24h sur 24 avec des personnels compétents et bien formés. Il faut être un ministre de la santé solide pour pouvoir s’imposer mais tous les ministères doivent être impliqués, jusqu’au ministère du tourisme. » La ministre s’insurge aussi contre la désinformation : « il faut être proactif, ne pas laisser les rumeurs passer ou courir derrière la presse » et l’ostracisme : « on vous pointe en rouge sur les cartes, plus personne ne veut venir : il faut respecter les pays africains et restaurer la confiance ».
« Nous traitons toujours les épidémies comme au XIXe siècle, sur un modèle purement réactif », regrette pour sa part le Dr Jean Lang, Directeur Projets nouveaux vaccins et Vice-président Associé R&D de Sanofi Pasteur. « Nous sommes des partenaires de santé publique, nous disposons d’un certain nombre de vaccins et nous investissons un million d’euros par jour pour continuer à en développer de nouveaux, plus efficaces, avec une durée de couverture plus longue. » Il illustre l’intérêt d’une collaboration publique/privée par « l’initiative pour les médicaments innovants (IMI Innovative medicines initiative) favorisant la coopération entre les industriels et les scientifiques. Elle répond, notamment, à des enjeux de sécurité et d’efficacité : l’interdépendance est la clé pour réussir ensemble ».
En clôture de ces Rencontres, le Pr Claude Vigneron, Président de l’Académie Nationale de Pharmacie de France, a remis le Prix 2016 de la Pharmacie Francophone au Dr Yvette Rakotobe, Directeur de l’Agence du Médicament de Madagascar, pour son remarquable engagement et ses actions en faveur de la qualité du médicament, de la lutte contre la contrefaçon et de la création d’une faculté de pharmacie.
En clôture du débat, Philippe Lamoureux a souligné : « La mobilisation des États contre le fléau des maladies infectieuses est possible. La responsabilisation des acteurs et des patients progresse. Les industriels du médicament saluent les efforts déployés en Afrique, pour le plus grand bénéfice de la santé publique et des concitoyens ».
Les Rencontres Leem-OIF-Délégations francophones constituent, depuis dix-neuf ans, un événement majeur. Elles sont une tribune exceptionnelle permettant de dresser – en français – l’état des lieux de la santé mondiale, à la veille de l’Assemblée Mondiale de la Santé à Genève. Elles réunissent officiels, professionnels de santé, OMS, organisations non gouvernementales, bailleurs de fonds, fondations privées, organisations internationales multilatérales et industriels du médicament, et mettent en avant les différentes initiatives pour améliorer la prévention et la prise en charge des pathologies dans les pays émergents ou en voie de développement.
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