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Chirurgie d’urgence en contexte d’attentat : les chirurgiens tirent la sonnette d’alarme face à l’insuffisance de préparation et de formation (Communiqué)

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Seuls 38% des chirurgiens se disent préparés à gérer des patients dans le contexte d’attentat

1 chirurgien sur 5 méconnait les protocoles d’organisation de type plan blanc et 45% disent n’avoir aucune formation complémentaire en traumatologie…

Ce sont les principales conclusions d’une étude publiée par l’Association Française de Chirurgie en mai 2019 auprès de 317 chirurgiens dont l’objectif est de dresser un état des lieux des connaissances et compétences chirurgicales dans le domaine de la traumatologie en situation d’attentat. Le rapport mesure les écarts entre ce qui existe au niveau des infrastructures, de la préparation des professionnels et ce qui est nécessaire à la mise en place d’un vrai « trauma system » français. Formations complémentaires aux gestes chirurgicaux généralistes, organisations régulières de plans blancs au sein des plateaux hospitaliers et nouvelles gestions managériales, sont les 3 axes qui devraient être mis en place par les Pouvoirs publics…

Une étude auprès de 317 chirurgiens révèle que seuls 38% des chirurgiens sont préparés aux situations d’attentats.

L’Association Française de Chirurgie a publié un rapport, intégrant une étude auprès de 317 chirurgiens français. La majorité des répondants se sentent impliqués dans la prise en charge des traumatisés graves. En revanche, l’implication dans l’organisation des soins en traumatologie dans le cadre d’un plan blanc d’établissement est faible ; seuls 38% d’entre eux ont déjà participé à un exercice et/ou participé à leur élaboration et 22,5 % ont déclaré ne pas connaître l’existence de tels exercices.

« La méconnaissance des exercices plan blanc de plus d’1/5 des chirurgiens interrogés doit nous interpeller. Nous vivons une ère où le terrorisme est devenu une menace permanente avec des attentats imprévisibles par le nombre de victimes et le profil des blessures, dans les grandes villes comme dans les plus petites… Les chirurgiens risquent d’être confrontés à des situations exceptionnelles. Leur participation aux exercices de simulation de leur établissement devrait être mieux encadrée et obligatoire » explique Paul Balandraud, Professeur de Chirurgie agrégé du Val de Grace.

Les chirurgiens doivent développer leur maîtrise du « damage control » chirurgical

Les chirurgiens du civil doivent s’inspirer des chirurgiens militaires, plus structurés et plus préparés à gérer le flux des patients en situation d’attentats. Parmi les principaux axes :

  • Favoriser le binôme médecin anesthésiste-réanimateur / chirurgien pour optimiser la gestion des flux des patients: le premier a un point de vue sur la réserve fonctionnelle de chaque blessé, le second a un point de vue sur les lésions anatomiques et les procédures techniques requises pour les traiter. C’est ce duo qui va permettre de gérer de la façon la plus optimale l’afflux massif de patients.
  • Garder dans la formation des chirurgiens une part « généraliste » dédiée à l’urgence et la gestion des afflux massifs. Les chirurgiens digestifs doivent continuer à apprendre à opérer et faire face à des situations qui ne font pas partie de leur spécialité. La question se pose d’autant plus, à un moment où la réforme des formations de santé s’oriente vers des spécialisations qui excluent définitivement la chirurgie générale.
    « Il n’existe pas en France de formation diplômante en chirurgie traumatologique. La prise en charge de la traumatologie est faite par les chirurgiens d’organes, qu’ils soient orthopédistes, neurochirurgiens, urologues, cardiothoraciques, vasculaires ou viscéraux. Notre activité opératoire est pour la plus grande part une activité « réglée » et nous sommes – fortheureusement – rarement impliqués dans la prise en charge des blessés par attentat terroriste » rappelle Emmanuel Benizri, professeur au CHU Nice.

Ce sont des formations qui auront un coût non négligeable car elles nécessitent des outils de simulation mais les pouvoirs publics doivent prendre conscience de l’importance de la bonne préparation à ce type d’événement.

  • Simuler des situations d’attentats via de nouveaux « serious game » Les plans blancs doivent être mis en place pour accompagner les formations. Les simulations en conditions sont essentielles. Des logiciels sont en train d’être développés pour établir des projections en termes de lits, de poches de sang… Dans un proche avenir les exercices plans blancs pourront se faire par l’intermédiaire de « serious games » multi-acteurs. Ilspermettront de simuler différents types d’afflux massifs, où les praticiens « joueurs » auront chacun un rôle (médecin directeur de crise, chirurgiens trieurs et opérateurs, médecins anesthésistes-réanimateurs, médecins de différentes spécialités, pharmacien, cadre de bloc opératoire, bed manager, etc.), d’autant plus que les risques ne sont pas seulement chirurgicaux mais également radiologiques, biologiques ou encore chimiques.

« Nous utilisons des outils de simulation en perfectionnant nos techniques comme par exemple sur les cadavres perfusés pour développer notre apprentissage ou maintenir nos compétences », continue Paul Balandraud.

Vers l’organisation d’un trauma system français

« Même si les attentats passés montrent que tout a été bien géré, les chirurgiens ont besoin de formations et de simulations pour acquérir des compétences en traumatologie et pour maintenir une qualité au niveau chirurgical et organisationnel », indique Emmanuel Benizri.

« Notre retard, est principalement dû à des défauts d’organisation et de prise en compte de la traumatologie comme un enjeu de santé publique. Les chirurgiens étant au cœur du dispositif de prise charge de ces blessés, ils doivent dès à présent s’interroger sur leurs connaissances et leur maîtrise du damage control chirurgical comme sur les capacités opérationnelles de l’établissement au sein duquel ils exercent ». « Confrontés à ce type de situations, les chirurgiens, comme leurs équipes et collègues d’autres spécialités, ne pourront pas improviser leur organisation sur le moment » continue-t-il.

Un trauma system français est en cours de gestation, avec la création toute prochaine d’un registre national de traumatologie, qui sera accessible à un grand nombre de professionnels de santé concernés par la traumatologie, quelle que soit leur spécialité, médecins urgentistes, anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens.

Enfin, dans le cadre de la réforme, la FST de chirurgie en situation de guerre et de catastrophe se présente comme une formation qualifiante, qui ne remplacera pas le DES de chirurgie générale, mais attestera d’une formation multidisciplinaire dans le domaine de la traumatologie en contexte d’attentat.

Les principaux résultats de l’étude seront présentés lors du Congrès de l’AFC le 16 mai en plénière à 10h45– Palais des Congrès – Porte Maillot

Le 121ème Congrès Français de Chirurgie, organisé par lAssociation Française de Chirurgie, se tiendra au Palais des Congrèsdu 15 au 17 mai 2019.Il s’agit du rendez-vous incontournable de la discipline, où chaque année près de 2000 chirurgiens se retrouvent pour des échanges concernant l’actualité scientifique et technique de la chirurgie viscérale, digestive et oncologique. Les grands thèmes abordés : chirurgie oeso-gastrique, hépato-bilio pancréatique, colo-rectale, endocrinienne, pariétale et bariatrique. Plus d’infos : www.congres-afc.fr et http://afc.chirurgie-viscerale.org/.

 

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