Ce mardi 3 juin 2019, le Sénat a adopté une version amendée du projet de loi « Ma santé 2022 » proposé par la ministre, Mme Agnes Buzyn.
La discussion de ce projet de loi la semaine dernière a été l’occasion de débats sur lesquels le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) entend prendre position (1).
La première réaction du syndicat indépendant des Jeunes MG, au vu du travail préparatoire des sénateurs en commission des affaires sociales, a été de se mobiliser contre des projets coercitifs visant les jeunes médecinscomme l’imposition au dernier tiers du numerus clausus d’un exercice dans les zones sous-denses, ou la limitation à trois ans de la durée de remplacement médical (2).
Ce dernier projet qui portait un redoutable coup au fragile mais indispensable système de remplacement des médecins « libéraux » a fait l’unanimité de la profession médicale contre lui (3) et a été fort heureusement écarté en discussion plénière, comme d’ailleurs le projet d’imposition au dernier tiers du numerus clausus d’un exercice dans les zones sous-denses. Il a toutefois généré un florilège d’interventions démagogiques de sénateurs caricaturant les jeunes médecins en feignants voire en nantis dénués de tous sens civique… tout en reconnaissant plus ou moins explicitement les difficultés d’exercice des médecins installés.
A la différence de ces deux projets écartés, un autre amendement objet de polémique a été approuvé par le Sénat : il s’agit de la proposition visant à faire de la dernière année d’internat de Médecine Générale et d’autres spécialités en difficulté démographique (ex : ophtalmo) « une année de pratique ambulatoire en autonomie, en priorité dans les zones (déficitaires) ».
La polémique s’explique d’abord par le fait que l’amendement ne précise pas explicitement qu’il ne s’applique que dans le cadre d’un internat de Médecine Générale rallongé de 1 an pour être organisé comme les autres spécialités en 3 phases.
Sans cette précision, l’amendement supprime de facto l’une des trois actuelles années de formation en Médecine Générale sans préciser les 2 stages qui seraient retirés de la maquette de formation : le SNJMG comme, sans trop le préjuger, la grande majorité des internes et enseignants de MG, n’acceptera jamais de remplacer des stages de formation avec encadrement pédagogique par une pratique intérimaire sans encadrement pédagogique.
La polémique s’explique aussi par le caractère autoritaire de cette mesure : il est facile de comprendre le rejet par les étudiants d’une année sans base pédagogique ainsi imposée à tou-te-s.
Devant cette polémique, le SNJMG rappelle donc ses propositions en matière d’internat de Médecine Générale :
- Mise en place d’une phase de consolidation via l’allongement de l’internat à 4 ans sous réserve des conditions impératives suivantes : réduction préalable des deux premiers cycles d’études de médecine d’au moins une année et encadrement pédagogique suffisant pour 4 ans d’internat ;
- Phase de consolidation constituée soit par un SASPAS et un stage libre soit par un projet professionnel sur 1 an (ex : FST, année de recherche) ;
- Phase d’approfondissement constituée par un stage mère/enfant (de préférence en ambulatoire), un stage en santé de la personne âgée ou en santé mentale (de préférence en ambulatoire) et un stage libre ou un SASPAS (si projet professionnel sur l’année de consolidation) ;
- Maintien en l’état de la phase socle
- Soutien à l’organisation et à la pérennisation de terrains de stages en zones démographiquement fragiles.
Toutes ces discussions parlementaires illustrent une nouvelle fois la prégnance chez les politiques et les administratifs de la vision utilisatrice des externes et internes (main d’oeuvre corvéable et pas chère) et le SNJMG se doit une nouvelle fois de rappeler que les études de médecine sont faites pour former les médecins et non pour suppléer des problèmes de démographie médicale.
Contact presse : Dr Sayaka Oguchi – presidente@snjmg.org