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Bulletin épidémiologique hebdomadaire consacré à « La tuberculose en France : une maladie des populations les plus vulnérables » (Document)

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Les articles qui composent le BEH 10-11 sont les suivants :

Editorial :

Tuberculose et inégalités sociales de santé, Alistair Story, University College Hospitals NHS Foundation Trust, Royaume-Uni et Delphine Antoine, Santé publique France

Articles :

La tuberculose, maladie en France en 2018. Faible incidence nationale, forte incidence dans certains territoires et groupes de population, Jean-Paul Guthmann et coll., Santé publique France.

La situation de la France au regard de la tuberculose est marquée par une baisse constante des cas notifiés depuis des décennies. Cependant, les données nationales cachent une situation hétérogène marquée par d’importantes disparités. À partir des données de la déclaration obligatoire (DO), nous décrivons brièvement les principales caractéristiques épidémiologiques de la tuberculose maladie en France en 2018, et faisons un focus sur les territoires et les groupes plus particulièrement atteints. En 2018, 5 092 cas de tuberculose maladie ont été déclarés, soit un taux de déclaration de 7,6 cas/100 000 habitants. Les taux de déclaration les plus élevés ont été observés en Guyane (25,7/100 000), en Île-de-France (16,1/100 000) et à Mayotte (11,5/100 000). Le taux de déclaration était près de 17 fois plus important chez les personnes nées à l’étranger que chez celles nées en France (respectivement 40,1/100 000 et 2,4/100 000). Le taux de déclaration était de 249/100 000 dans la population sans domicile fixe et de 76,0/100 000 chez les détenus.
Malgré l’amélioration globale de la situation concernant l’épidémiologie de la tuberculose en France, les fortes incidences dans certains territoires et groupes de population nécessitent la poursuite des actions de lutte et la plus grande vigilance. Une adaptation des mesures tenant compte des situations épidémiologiques particulières est nécessaire, afin d’atteindre l’objectif d’élimination de la tuberculose en France et en Europe.

Tuberculose chez les personnes exilées : une prévalence élevée et un parcours de santé marqué par de nombreuses difficultés, Joseph Rustico et coll., Comede

Les personnes exilées récemment arrivées en France sont confrontées à la multiplication des facteurs de vulnérabilité pour la santé, notamment les obstacles à l’obtention d’une protection maladie, le faible recours à l’interprétariat en santé, l’absence d’hébergement et l’isolement social qui sont autant de freins à un accès à la prévention et aux soins. Entre 2009 et 2018, soit au cours des 10 dernières années, 11 968 personnes exilées ont bénéficié d’un suivi médical avec bilan de santé au Comede (Comité pour la santé des exilés), parmi lesquelles 53 cas confirmés de tuberculose maladie ont été retrouvés, soit un taux de prévalence global de 400 pour 100 000.

L’analyse des parcours de ces personnes exilées montre une forte instabilité voire une absence d’hébergement, des difficultés d’accès à une protection maladie, une instabilité juridique et administrative qui conduit à des retards de prise en charge et de dépistage. Pour atteindre un certain nombre de personnes en situation de grande précarité en marge du système de santé de droit commun, et renforcer ainsi les propositions de dépistage, des dispositifs d’accès aux soins et à la prévention, intégrant les démarches « d’aller-vers » ce public, ainsi qu’une approche globale tenant compte des co-facteurs de morbidité et des vulnérabilités sociales sont nécessaires.

Enquête rétrospective sur les cas de tuberculoses maladies diagnostiquées au Centre pénitentiaire de Fresnes de 2014 à 2018, Catherine Fac et coll., Service de médecine interne, Université Paris-Saclay, Hôpital Bicêtre

La distribution de la tuberculose en Île-de-France est caractérisée par de fortes disparités populationnelles et territoriales. Le milieu carcéral, qui fait cohabiter un ensemble de personnes présentant de nombreux facteurs de risque de développer la maladie, présente un taux de déclaration plus de 10 fois supérieur à celui de la population générale en France. Les prisons sont par ailleurs des établissements favorisant la transmission de la tuberculose en raison d’une grande promiscuité. Cet article présente les résultats d’une étude descriptive rétrospective unicentrique, réalisée de 2014 à 2018 auprès des personnes détenues au Centre pénitentiaire de Fresnes. Elle montre d’une part, l’importance du dépistage de la tuberculose chez les personnes arrivant en détention en retrouvant sur cette population un taux d’incidence de 141,58/100 000, pour un taux d’incidence global sur la période de 183,53/100 000. D’autre part, elle étudie les caractéristiques des tuberculoses maladies dépistées en montrant qu’elles sont souvent paucisymptomatiques et difficiles à confirmer bactériologiquement.

Le dépistage de la tuberculose en prison est un sujet important et sensible, qui représente un enjeu considérable, aussi bien pour les personnes détenues que pour les personnes, soignantes ou non, qui travaillent au sein des établissements pénitentiaires.

Focus : Tuberculose en Guyane : une incidence élevée, un contexte particulier, Tiphanie Succo et coll., Santé publique France

Favoriser l’observance thérapeutique des patients en situation de grande précarité atteints de tuberculose-maladie : l’expérience de l’Équipe mobile de lutte contre la tuberculose du Samusocial de Paris, 2015-2018, Marie Wicky-Thisse et coll., Samusocial de Paris

L’observance thérapeutique est un enjeu majeur de la réussite du traitement antituberculeux. Les personnes en situation de grande précarité associent de nombreux facteurs médico-sociaux de vulnérabilité compliquant la prise régulière d’un traitement. Le Samusocial de Paris a donc été à l’initiative de la création de l’Équipe mobile de lutte contre la tuberculose (EMLT) il y a 20 ans. Son but est d’apporter un soutien à l’observance thérapeutique des patients précaires atteints de tuberculose-maladie, tout au long de leur traitement. La particularité de cette équipe est de proposer une approche pluridisciplinaire et personnalisée, afin d’optimiser les chances de guérison.

De 2015 à 2018, 691 nouveaux patients ont bénéficié d’un suivi par l’EMLT. À l’issue de l’accompagnement, le traitement était considéré comme achevé pour 584 patients (85,5%). Parmi les issues de l’accompagnement défavorables, on notait 8 décès (1,2%), 78 patients étaient perdus de vue (11,4%) – parmi lesquels 34 (5%) étaient perdus de vue depuis 12 mois et 44 (6,4%) avaient été transférés – et 13 patients (1,9%) avaient un traitement interrompu et non repris.

Malgré le suivi complexe dans cette population, la majorité des patients accompagnés par l’EMLT parvient au terme de leur traitement. Notre hypothèse est qu’une approche multimodale pourrait favoriser l’observance thérapeutique. L’impact de ce type d’interventions sur les issues de traitement mérite d’être évalué par des études prenant en compte les vulnérabilités médico-sociales.

Incidence de la tuberculose en 2013-2018 : en quoi la Seine-Saint-Denis se distingue-t-elle ? Aloïs Castro et coll., Département de la Seine-Saint-Denis

L’objectif de cette étude est de décrire l’épidémiologie de la tuberculose en Seine-Saint-Denis, au regard du contexte démographique et socioéconomique particulier du territoire.

Entre 2013 et 2018, 2 482 cas de tuberculose ont été déclarés en Seine-Saint-Denis, le taux d’incidence atteignant son pic à 27,8/100 000 habitants en 2014. Ce département conserve un taux plus élevé que le reste de la France métropolitaine (7,3/100 000 habitants en moyenne) et en relative stabilité.

Le taux de pauvreté et l’incidence de la tuberculose étaient corrélés à toutes les échelles (intra-départementale, régionale, nationale), mais la Seine-Saint-Denis se démarquait des autres départements métropolitains par ses valeurs extrêmes. Par ailleurs, une typologie socioéconomique des communes montrait une répartition remarquablement superposable des indicateurs de défavorisation sociale à la carte des taux d’incidence de la tuberculose ; la proportion de personnes étrangères et la part des habitants déclarant des conditions de vie difficile étaient associées à une plus forte incidence de tuberculose.

La situation sociale particulière en Seine-Saint-Denis pourrait donc contribuer à cette incidence tuberculeuse qui demeure élevée dans un pays de faible endémie. Le double enjeu épidémiologique et de rattrapage des inégalités territoriales et sociales, appelle donc un fort niveau d’engagement des pouvoirs publics.

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