Voulant apporter sa contribution au Ségur de la santé, la Mutualité française vient de proposer quelques « solutions » afin dit-elle « de mettre fin aux difficultés, aux inégalités sociales et territoriales que la crise sanitaire a amplifiées »…
Parmi celles-ci, afin de récompenser l’engagement des médecins de ville, afin de les remercier d’avoir mené ce combat souvent au péril de leur vie, la Mutualité française ne propose pas moins que de diminuer leur rémunération s’ils n’ont pas la bonne idée d’être dans une maison de santé pluriprofessionnelle ou équivalent.
La Mutualité visiblement ne connaît pas la réalité que vivent les Français au quotidien : celles de médecins engagés professionnellement et travaillant quotidiennement avec des professionnels de santé libéraux autour de leur lieu d’exercice, que ce soient des infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, etc.
A moins d’exercer dans une île déserte, les médecins aujourd’hui travaillent et prennent en charge les Français de façon coordonnée. Bien sûr, la formalisation de cette coordination doit s’améliorer tout particulièrement grâce aux outils numériques. La Mutualité française ferait mieux de s’interroger sur le splendide échec extrêmement coûteux du DMP qui devait être la pierre angulaire de la coordination et qui malheureusement est perdu dans les limbes.
Autre idée tout aussi déconnectée de la réalité : celle de faire des ARS les régulateurs de l’offre. Peut-être la Mutualité française souhaite-t-elle que les ARS, dont on a vu la faillite de la plupart d’entre-elles pendant cette crise de la Covid19, soient à la manœuvre pour réguler les médecins de ville et donc qu’elles mettent fin à la liberté d’installation? Tous les pays étrangers qui ont tenté cette expérience ont montré combien ces dérives bureaucratiques et dignes des pays de l’Est se sont traduites par une aggravation des inégalités devant la maladie…
Enfin la Mutualité propose de rémunérer au forfait les équipes de professionnels. La Mutualité semble ignorer que le paiement à l’acte est le facteur de l’efficience, et qu’il faudrait simplement accompagner ce mode de rémunération d’une valorisation de la qualité et de la pertinence. La CSMF est prête à s’engager dans cette démarche de qualité qui permettrait de mieux valoriser nos actes.
La CSMF se tient à la disposition de la Mutualité française pour mener une réflexion afin d’améliorer le fonctionnement de notre système de santé mais cela ne peut se traduire par des propositions aussi éloignées de la réalité.
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