« Le président de la République a appelé, mercredi soir, à la mobilisation des acteurs de soins de ville au moment où la crise sanitaire s’aggrave.
Les médecins libéraux répondront présents à cet appel, mais encore faut-il que le Gouvernement les aide à le faire en ne rééditant pas les erreurs de la première vague, marquée par un excès d’hospitalo-centrisme.
Les médecins libéraux sont mobilisés pour prendre en charge les patients Covid en amont et en aval de l’hôpital, mais aussi participer à la stratégie « dépister-tracer-isoler ». Cependant, il faut aussi assurer la continuité des soins et des prises en charge des autres patients, au premier rang desquels les plus fragiles et chroniques. Alors que les retards pris au printemps n’ont toujours pas été résorbés, il s’agit également d’éviter par tous les moyens les reports de diagnostics et d’interventions chirurgicales qui conduisent à des pertes de chance pour les patients.
C’est pourquoi le SML, qui a réuni sa cellule de crise hier soir après l’intervention du chef de l’Etat, demande au Gouvernement d’aider les médecins libéraux en facilitant leur action. Pour cela le SML réclame de :
- Libérer le dépistage et l’utilisation des tests antigéniques : le champ d’application actuel de ces tests est trop restreint et doit être élargi. Il faut donner la possibilité et les moyens aux médecins libéraux de tester dans les indications qu’ils jugent nécessaires : en chirurgie en préopératoire, en médecine générale pour s’assurer qu’un patient récalcitrant sera bien testé et pris en charge, pour les médecins spécialistes, et tout particulièrement ceux qui réalisent des gestes techniques sur les patients. Le SML souhaite développer le dépistage en partenariat avec les infirmières libérales, et lorsqu’ils seront en mesure de le faire, avec les pharmaciens d’officine et les masseurs-kinésithérapeutes libéraux.
- Anticiper le besoin de ressources humaines en médecine de ville : pour assurer la prise en charge des patients Covid, le suivi des patients et le dépistage, les médecins libéraux, généralistes et spécialistes, ont besoin de mobiliser à leurs côtés toutes les ressources humaines disponibles que représentent les assistants médicaux, les stagiaires en médecine générale, les étudiants en médecine, mais aussi les remplaçants. C’est pourquoi le SML demande au Gouvernement de laisser ces ressources à la ville et de ne pas les réquisitionner vers les hôpitaux, comme ce fut le cas la dernière fois.
- Maintenir l’activité chirurgicale dans les établissements privés : les ARS ont commencé à ordonner des déprogrammations massives dans ces établissements. Le SML estime qu’il s’agit d’une erreur et qu’il faut, au contraire, tout faire pour maintenir l’activité chirurgicale et éviter des pertes de chance aux patients. Surtout, les praticiens libéraux des blocs opératoires estiment qu’ils sont plus utiles à la collectivité à travailler et prendre en charge les patients dans leurs établissements plutôt que d’aller « pointer » à l’aide sociale de la Cnam qui reste trés insuffisante, ou de jouer les supplétifs ailleurs.
- Organiser la communication : il s’agit d’éviter que les patients désertent les cabinets médicaux et renoncent à se soigner. Le SML demande au Gouvernement de multiplier les messages en direction des patients pour les inciter à poursuivre leurs prises en charge, en particulier ceux en ALD et les chroniques, à continuer à se faire diagnostiquer et, lorsque c’est possible, à maintenir leurs interventions chirurgicales. Les médecins libéraux, généralistes et spécialistes s’organisent pour les accueillir et leur proposer des téléconsultations, des audio-consultations. Ils pourront aussi, dans le cadre d’une coordination des soins simplifiée avec les autres professionnels de santé leur éviter des hospitalisations. Ils pourront aussi leur prescrire des télésoins infirmiers et kinésithérapeutiques. Les renoncements aux soins conduisent à des pertes de chance qui sont évitables si la communication est bien dosée et préparée. Le SML suggère que l’Assurance maladie puisse écrire dans ce sens en direction des 16 millions de patients fragiles.
Au total, les médecins libéraux se mobiliseront, mais il faut les aider à le faire et le Gouvernement devra dire par quels moyens il compte reconnaître et valoriser cet engagement, comme il l’a fait pour les hôpitaux.
Pour le SML, cela doit passer par des revalorisations d’honoraires massives et l’ouverture de négociations conventionnelles sur ce sujet sans attendre 2023. »
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Sylvie FONTLUPT
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