Cette année a été très chargée et lourde d’évènements et de questions en santé. La pandémie de la COVID-19 a cependant permis d’accélérer la création institutionnelle d’une Europe de la santé, par l’annonce, le 11 novembre, de sa mise en place par Ursula von der Leyen, avec notamment la Stratégie Pharmaceutique pour l’Europe pour une Union européenne de la santé plus forte. En effet, le secteur de la pharmacie ayant été au centre de cette crise, et plus largement un acteur majeur dans l’accessibilité des informations et produits de santé, sa considération et son implication dans les politiques européennes est indispensable.
Aujourd’hui, l’ANEPF, Association Nationale des Étudiants en Pharmacie de France, s’engage en tant qu’association d’étudiants en santé, dans un des pays fondateurs, pilier de l’Union européenne, pour la construction d’une Union européenne de la santé, et en anticipation à la présidence française de l’UE en janvier 2022. Dans sa contribution, 77 propositions reprennent les divers domaines d’action pharmaceutique en Europe.
Tout d’abord, un ensemble de 37 propositions ciblent les pénuries médicamenteuses, l’accès aux médicaments, et la collaboration public-privé, sujets énormément discutés en cette période de crise. En effet, entre 2000 et 2018, les pénuries de médicaments se sont multipliées par 20 au sein de l’UE. La pandémie de la COVID-19 n’a fait qu’aggraver ce phénomène, par la mise en lumière de la dépendance européenne des chaînes de production indiennes et chinoises notamment. Ainsi, pour limiter les pénuries, plusieurs propositions prônent la relocalisation de la production en territoire européen, ainsi qu’une évaluation des besoins médicamenteux plus précise au sein des Etats membres. Il est également primordial de faire du pharmacien un acteur central dans la gestion des pénuries.
Cependant, l’accès au médicament n’est pas uniquement limité par ce phénomène, mais parfois par une organisation même des systèmes de santé. Ainsi, l’intégration des associations de patients dans les comités de remboursement nationaux pour une meilleure transparence, et une meilleure accessibilité des informations sur les produits de santé par la création d’une base de données paneuropéenne d’information sur les produits de santé sont proposés. Également, l’accent a été mis sur le rôle des agences européennes pour assurer une mise sur le marché rapide, ainsi que la prescription de génériques, à favoriser pour la pérennité de nos systèmes de santé.
Une seconde partie est dédiée à la santé publique avec la question de l’antibiorésistance et la santé environnementale. En effet, la pandémie de la COVID-19 est un exemple des conséquences désastreuses d’un agent pathogène non traité, mais elle n’est pas la seule. La nature transfrontalière de l’antibiorésistance signifie que l’Union européenne est particulièrement responsable pour mener et mettre en œuvre une nouvelle réponse ambitieuse et multisectorielle pour ce phénomène croissant. En ce sens, la stratégie pharmaceutique pour l’Europe pourrait marquer un tournant dans le freinage du développement des infections résistantes.
Ainsi, plusieurs propositions ont été faites pour stimuler l’innovation, par la prolongation des brevets, ou des financements complémentaires, ainsi qu’une révision du modèle économique afin de l’adapter aux nouvelles technologies de santé. En ce qui concerne les bonnes pratiques, l’ANEPF propose une révision des lignes directrices européennes, afin d’actualiser celles-ci, ainsi que la promotion du pharmacien comme acteur central de la régulation entre la prescription et la prise d’antibiotiques. L’impression du symbole de la lutte contre l’antibiorésistance sur les conditionnements est également proposé, ainsi que la promotion de la formation aux bonnes pratiques en matière d’antibiotiques en milieu universitaire.
Ensuite, dans une optique One Health, l’ANEPF propose une prise en compte de l’impact écologique du médicament dans son dossier centralisé d’AMM, ainsi qu’une transparence des industries sur les produits utilisés et leur émission dans l’environnement.
«Une Europe adaptée à l’ère numérique» fait partie des six priorités politiques de la Commission pour la période 2019-2024. Pour cela, l’ANEPF propose de réglementer le marché des soins transfrontaliers, notamment en matière de vente en ligne des produits de santé, ainsi que l’incitation des États membres à inclure la santé numérique dans les parcours de soins. Cela passe notamment par une sécurisation des données de santé, par une gouvernance européenne identifiée.
Enfin, la stratégie européenne en matière de compétences, socle du progrès européen en matière de santé, est mentionnée dans la stratégie, et fera l’objet de 11 propositions sur la formation des professionnels de santé. Par exemple, le développement d’un programme européen de recherche réalisé par les hospitalo-universitaires pourrait faciliter la poursuite d’études cliniques multinationales au sein de l’UE. Également, une anticipation des besoins de formation par un rapport bi-annuel des avancées et des compétences requises pour les professionnels de santé pourrait faire l’objet de recommandations aux Etats membres, et d’en faire des compétences socles de notre formation.
>Contact
– Chloé Lebbos, Vice-Présidente en charge des Affaires Européennes, affaires.europeennes@anepf.org
– Charlotte Lecompte, Vice-Présidente en charge de l’Industrie, industrie@anepf.org
– Tristan Cebelieu, Vice-Président en charge du Numérique, numerique@anepf.org