La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie les résultats d’une étude sur les opinions et pratiques des médecins généralistes sur l’antibiorésistance (DREES, Études et Résultats, 1217).
Le Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale est une enquête menée à intervalle régulier par la DREES et ses partenaires auprès de 3 300 médecins généralistes. Les réponses recueillies sont pondérées pour être représentatives de l’ensemble des médecins généralistes libéraux en France entière (hors Mayotte). La dernière vague d’enquête, menée par internet et téléphone entre avril et juillet 2021, a permis de recueillir les réponses de 1 550 médecins.
L’antibiorésistance est une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique
Près de trois quarts des antibiotiques vendus en France sont prescrits par les médecins généralistes. Toutefois, leur mésusage peut générer, au fil du temps, une augmentation des résistances bactériennes à ces médicaments, réduisant ainsi leur efficacité. L’Organisation mondiale de la santé a identifié l’antibiorésistance comme l’une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique.
8 médecins sur 10 ont du mal à refuser un antibiotique aux patients qui leur en demandent
Un médecin généraliste libéral sur deux déclare avoir été confronté, au cours des trois derniers mois, à des problèmes d’antibiorésistance au sein de sa patientèle. Si la quasi-totalité des médecins estiment avoir un rôle à jouer contre la résistance aux antibiotiques, huit sur dix indiquent être en difficulté pour refuser un antibiotique aux patients qui leur en demandent, et quatre sur dix indiquent qu’ils leur arrivent de prescrire un antibiotique à des patients qui n’en ont peut-être pas besoin.
Un recours fréquent à des outils d’aide au choix thérapeutique en matière de prescription d’antibiotique
Six médecins généralistes de ville sur dix déclarent recourir régulièrement au site Antibioclic (site et application à visée thérapeutique, indépendants de l’industrie pharmaceutique, élaborés par un comité d’experts) pour les aider dans leurs choix thérapeutiques ou dans leur communication avec les patients pour la prescription d’antibiotiques. Ce recours diminue avec l’âge et est plus fréquent chez les femmes et chez les médecins exerçant en groupe. Le dosage de la protéine C-réactive (CRP), qui permet de détecter une éventuelle pathologie infectieuse ou inflammatoire (ce qui induira la prescription ou non d’antibiotiques), est utilisé par la moitié des médecins.
Des prescriptions d’antibiotiques plus fréquentes pour les médecins ayant un volume d’activité élevé
La quasi-totalité (96 %) des médecins déclarent être confrontés à des patients leur demandant un traitement antibiotique lors d’une infection virale (parfois : 53 % ; fréquemment : 43 %), alors que ces médicaments permettent de soigner uniquement des infections bactériennes. Les trois quarts font par ailleurs parfois (72 %) voire fréquemment (3 %) face à des patients qui refusent un traitement par antibiotique.
Concernant les pratiques de prescription, près de sept médecins sur dix déclarent atteindre un objectif cible fixé par l’Assurance maladie sur l’antibiothérapie, dans le cadre des indicateurs de rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp). Celui-ci correspond au fait de prescrire des antibiotiques dans moins d’un cas sur cinq aux patients de 16 à 65 ans sans affection de longue durée et dont ils sont le médecin traitant. Les médecins ayant un volume d’activité élevé indiquent moins souvent atteindre cet objectif que les autres.
Le Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale
Le quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale est une enquête menée en France entière, hors Mayotte, par la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les Observatoires régionaux de la santé (ORS) et les Unions régionales des professions de santé-médecins libéraux (URPS-ML) des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Pays de la Loire, auprès de 3 300 médecins généralistes libéraux, installés au 1er janvier 2018, ayant au moins 200 patients dont ils sont le médecin traitant et sans mode d’exercice particulier exclusif (comme homéopathe ou acupuncteur).
Cette vague d’enquête a été menée par internet et par téléphone entre le 23 avril et le 16 juillet 2021. Plus de 1 550 médecins y ont répondu.