Après une baisse du tabagisme d’ampleur inédite en France entre 2014 et 2019, les dernières données du Baromètre de Santé publique France confirment la stabilisation de la prévalence observée en 2020. Santé publique France publie aujourd’hui les dernières estimations qui montrent même une hausse du tabagisme quotidien chez les femmes et les personnes les moins diplômées entre 2019 et 2021. Un impact de la crise sanitaire et sociale liée à la COVID-19 pourrait expliquer l’interruption de la baisse de la prévalence du tabagisme en France et la hausse observée dans certains groupes.
Santé publique France, en partenariat avec le Ministère de la Santé et de la prévention et l’Assurance Maladie, rediffusera en février 2023, la campagne d’incitation à l’arrêt du tabac à destination des fumeurs et en particulier des publics les plus fragiles sur le plan socio-économique. Cette campagne a pour objectif de déconstruire les peurs liées à l’arrêt du tabac et à inciter les fumeurs à se faire aider dans leur démarche d’arrêt.
Une hausse de la prévalence du tabagisme quotidien chez les femmes et les moins diplômés
Selon les données issues du Baromètre¹ de Santé publique France 2021, en France métropolitaine plus de 3 personnes âgées de 18 à 75 ans sur 10 ont déclaré fumer (31,9%).Cette prévalence est stable par rapport à 2020, mais est en hausse par rapport à 2019 (30,4%). Un quart des 18-75 ans déclaraient fumer quotidiennement, une proportion stable par rapport à 2019. Le nombre de fumeurs en France est estimé à 15 millions, dont 12 millions de fumeurs quotidiens².
Chez les femmes de 18-75 ans, le tabagisme quotidien a augmenté entre 2019 et 2021, passant de 20,7% à 23,0%.
Par ailleurs, les inégalités sociales restent très marquées. Entre 2019 et 2021, la prévalence du tabagisme quotidien augmente parmi les moins diplômés (niveau de diplôme inférieur au Baccalauréat) passant de 29,0% à 32,0%. Un écart de 15 points est observé entre les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au Baccalauréat et les titulaires d’un diplôme du supérieur.
L’augmentation du tabagisme parmi les femmes et parmi les moins diplômés pourrait être liée en partie à un impact plus fort de la crise liée à la COVID-19 chez ces populations, avec une utilisation de la cigarette comme outil de gestion du stress, notamment liée à une augmentation de la charge mentale et une dégradation des conditions de travail chez les femmes.
Une baisse encourageante du tabagisme quotidien est par ailleurs observée parmi les hommes de 18-24 ans.
Des inégalités territoriales encore marquées
En 2021, le tabagisme quotidien parmi les 18-75 ans variait de 22% à 29% selon les régions de France métropolitaine. Deux régions avaient une prévalence moins élevée que le reste du territoire métropolitain : l’Île-de-France et les Pays de la Loire (22%) ; alors que deux régions se distinguaient par une prévalence plus élevée : l’Occitanie (28%) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (29%).
Dans chacun des DROM enquêtés, la prévalence est inférieure à celle observée en France métropolitaine. Ces prévalences sont en baisse significative par rapport à 2014 à La Réunion, en Martinique, en Guyane et stable en Guadeloupe.
« Après une baisse très importante, la prévalence du tabagisme en 2021 reste élevée et marquée par les inégalités sociales et territoriales. Les résultats encourageants observés chez les hommes de 18-24 ans doivent nous inciter à renforcer la lutte contre le tabagisme, qui reste la première cause de mortalité évitable en France. Les différentes actions de prévention mises en place par Santé publique France ont pour objectif de relancer la dynamique de baisse du tabagisme notamment parmi les populations les moins favorisées. » Viêt Nguyen-Thanh, responsable de l’Unité Addictions à Santé publique France.
Rediffusion de la campagne pour déconstruire les peurs liées à l’arrêt du tabac
En février 2023, Santé publique France rediffusera sa campagne mettant en lumière le moment de bascule vers l’arrêt du tabac pour dédramatiser le passage à l’acte et inciter les fumeurs à faire une tentative d’arrêt. Elle se fonde sur des témoignages vidéos d’anciens fumeurs ou de fumeurs en cours d’arrêt.
Cette campagne s’appuie sur des leviers essentiels pour atteindre les personnes à qui elle s’adresse : situations ancrées dans la vie quotidienne, témoignages filmés une communication de proximité et un dispositif multicanal (vidéos en digital, sur les réseaux sociaux, affichage de proximité, et une opération spéciale en TV/Radio). Sur un ton réaliste et authentique, elle valorise la diversité des solutions d’arrêt et incite à demander de l’aide auprès d’un médecin, d’un pharmacien, d’un professionnel de Tabac info service au 39 89, pour être accompagné dans sa démarche.
Tabac info service : 3 outils d’aide à l’arrêt pour s’intégrer au mieux dans les habitudes de chacun
- Le site internet tabac-info-service.fr propose de nombreux contenus d’aide et outils d’accompagnement (mise en contact avec un tabacologue, témoignages, questions/réponses…).
- Le numéro d’aide à distance 39 89, le service téléphonique de Tabac info service met en relation les fumeurs avec des tabacologues, pour un suivi personnalisé et gratuit.
- L’application d’e-coaching Tabac info service, conçue par l’Assurance Maladie en partenariat avec Santé publique France propose un programme complet et personnalisé pour optimiser les chances d’arrêt définitif du tabac (astuces, vidéos de soutien, suivi des bénéfices de l’arrêt au quotidien…).
En 2021, via le numéro d’aide à distance 39 89, les tabacologues ont traité près de 67 000 appels, dont 53 600 appels de bilans et de suivis tabacologiques. Ils ont par ailleurs répondu à plus de 4 500 questions sur le site internet de Tabac Info Service.
¹ Enquête téléphonique réalisée à partir d’un échantillon aléatoire de la population des 18-85 ans résidant en France (n=24514 en métropole et n=6519 dans les DROM)