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Ces missions non rémunérées du pharmacien : l’UNPF ouvre le débat (Communiqué)

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Alors que vont s’ouvrir, au second semestre 2023, des négociations économiques déterminantes pour l’avenir de la profession, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) met au jour le travail « invisible » des officinaux. De la gestion des petites urgences aux interventions sur les ordonnances en passant par la PDA, ces missions ne peuvent rester hors cadre et sans rétribution. L’enjeu : sécuriser les pratiques professionnelles dans l’intérêt des patients.

À l’heure où 6,7 millions de Français sont dépourvus de médecin traitant1, peut-on continuer à se délester sur les pharmaciens, sans contrepartie, des missions excédentaires d’un système de santé en plein débordement ? L’élargissement du rôle du pharmacien d’officine va dans le sens de l’histoire et les patients le plébiscitent. Mais il est plus que nécessaire de consolider le périmètre des interventions officinales avant d’en inventer de nouvelles. Et revaloriser de 0,80 à 1,30 euro l’honoraire de dispensation est une ambition bien faible pour absorber le double défi du vieillissement de la population et de l’accès aux soins, qui se dégrade de jour en jour.

À chaque fois que le pharmacien engage sa responsabilité et son diplôme, il doit être rémunéré. C’est non seulement une question d’équité mais surtout, pour les patients, une garantie des moyens mis en œuvre pour assurer la qualité et la sécurité des actes prodigués.

Lutte contre le mésusage, soins urgents…

À titre d’exemple la préparation des doses à administrer (PDA) ne peut plus rester une pratique empirique. Dès 2015, l’UNPF appelait dans un livre blanc à créer un protocole homogène et à rétribuer le pharmacien pour son implication dans la PDA. Une pratique reconnue comme le moyen le plus efficace pour assurer la sécurisation et la traçabilité de la dispensation et de l’administration des médicaments aux personnes âgées polymédiquées en Ehpad. Jusqu’à quand les pharmaciens devront-ils investir à fonds perdus dans une activité, qui selon certains experts et praticiens, génère une réduction des coûts pour la Sécurité sociale de l’ordre de 17 à 20 % ?

Autre exemple, la prise en charge des urgences bénignes par le pharmacien d’officine ne peut plus se contenter d’expérimentations estivales, mais doit faire l’objet d’une approche intégrée au niveau national. Maux de tête ou de ventre, infections urinaires, plaies ou brûlures, piqûres d’insectes… Très souvent, faute de protocole en place, le pharmacien doit composer au mieux, tenter de joindre un médecin en urgence, orienter le patient, mettre en place une téléconsultation s’il en a la possibilité, trouver un traitement approprié pour calmer au moins les symptômes. La Cour des comptes estime à 20% le taux de personnes ayant recours aux urgences qui n’auraient pas dû s’y rendre. Il est temps de capitaliser sur l’expertise des pharmaciens pour réduire l’engorgement des urgences, qui accueillent 22 millions de visites annuelles3 au coût unitaire de 227 euros.

Contrôle des ordonnances, alternatives aux ruptures…

Les interventions pharmaceutiques (IP) sur les ordonnances (arrêt d’un traitement, ajout d’un médicament, modification de dosage…) ne font pas davantage l’objet d’une rétribution, ni la détection et le signalement des ordonnances falsifiées, mission d’intérêt public s’il en est. C’est bénévolement que le pharmacien est chargé du contrôle renforcé des ordonnances prescrivant des produits de plus de 300 euros5.

Autre cas en recrudescence, l’identification des alternatives en cas de ruptures représente une charge croissante pour les pharmaciens, le temps de contacter le médecin, de trouver des équivalences, de vérifier leur disponibilité, etc. Une enquête européenne6 révélait que les équipes officinales passent en moyenne 6 heures et 40 minutes par semaine à gérer les ruptures de stock et à trouver des solutions alternatives, au détriment d’autres tâches.

Il ne s’agit là que d’exemples. Combien d’entretiens pharmaceutiques menés au comptoir ne sont pas reconnus comme tels, qu’il s’agisse de renouveler un traitement chronique ou un lecteur de glycémie, de conseiller un patient sur son sevrage tabagique ou une patiente sur sa contraception…

Ces missions oubliées doivent être l’objet prioritaire des négociations économiques à venir avec l’Assurance Maladie.

Contact : Christophe Le Gall, Président de l’UNPF, c.legall@unpf.eu

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