Au regard de la situation critique de la périnatalité en France en cette période de congés estivaux, l’ensemble des instances de sages-femmes ont écrit une lettre au gouvernement :
« Madame la Première Ministre,
Madame, Monsieur les Ministres,
La périnatalité, faute de professionnels de santé en nombre suffisant, est aujourd’hui à bout de forces. Les parcours de soins sont mis à mal, qu’ils aient lieu en libéral, en PMI ou dans les établissements. L’exercice libéral est dans un contexte de tension inédite. Les fermetures temporaires voire définitives de maternités se multiplient. Un nombre très important d’établissements recentre leurs activités autour de la salle de naissance, avec un impact important sur la prise en charge ambulatoire et en ville. Le suivi des femmes enceintes et des nouveau-nés est alors compromis de même que d’autres activités, pourtant essentielles, comme les interruptions volontaires de grossesse. La santé et les droits des femmes sont plus que jamais menacés alors que les congés estivaux accentuent comme chaque année cette crise. Dès lors, nous sollicitons la mise en place, en urgence, d’un plan d’action pour la périnatalité.
Les professionnels de la périnatalité alertent pourtant depuis de nombreuses années les pouvoirs publics. Malheureusement, malgré les propositions et les initiatives des acteurs de la périnatalité, aucune stratégie n’a été mise en place pour mettre fin à cette situation critique.
Le mal-être au sein de notre profession et dans nos maternités est ancien, profond et connu de longue date. Notre modèle périnatal est archaïque et déshumanisant : manque de personnel, manque de temps pour accompagner les patientes, manque de prise en compte des attentes des femmes et des couples, ruptures de parcours, épuisement des professionnels… Les indicateurs de périnatalité, qui se dégradent d’année en année, illustrent les manquements de notre politique périnatale.
Nos établissements de santé sont sources de violence et de souffrance pour les femmes mais aussi pour les soignants dont l’exercice n’a que peu de sens, faute de pouvoir assurer leurs missions élémentaires d’accompagnement. Dès lors, les conditions d’exercice dégradées poussent les sages-femmes à quitter les maternités et à fuir la profession, diminuant les effectifs déjà restreints et créant un cercle vicieux délétère.
Il est donc urgent de repenser le modèle périnatal, le fonctionnement de nos maternités et l’organisation des soins ville hôpital. Des réponses pérennes, cohérentes et structurelles sont nécessaires à l’image de celles proposées par l’ensemble des instances de la profession dans le cadre de l’initiative « PPL Santé pour toutes ». Elles doivent être construites avec les professionnels de santé et les usagers, répondre aux attentes des femmes et des couples tout en garantissant la qualité et la sécurité des soins. Il s’agit donc de redonner du sens à nos métiers pour briser ce cercle vicieux. Ces mesures doivent également s’accompagner d’un choc d’attractivité : il est plus que jamais temps de donner aux sages-femmes un statut et un positionnement conformes à leur rôle, quel que soit leur mode d’exercice.
Enfin, dans l’immédiat pour limiter les conséquences de cette situation catastrophique, il est nécessaire d’utiliser l’ensemble des leviers disponibles : recrutement sur contrats longs, activité mixte, grilles récentes… Pour cela, nous vous appelons à mettre l’ensemble des acteurs autour de la table pour trouver des réponses rapides.
Dans l’attente de votre retour, nous restons à votre disposition pour travailler à une issue à cette crise. »
Contact : claireakouka@ordre-sages-femmes.fr