Le 18 novembre marque le début de la semaine mondiale de la sensibilité à la résistance aux antimicrobiens. Les Ministères de la Santé et de la Prévention, de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur et de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires rappellent les enjeux de la résistance des bactéries aux antibiotiques, qui constitue un risque stratégique pour la santé publique et pour la santé animale en France comme dans le monde.
Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre de l’approche « Une seule santé », qui articule la santé de l’homme, la santé animale et la santé des écosystèmes pour une meilleure prévention des maladies, et fait l’objet d’une feuille de route interministérielle à horizon 2033.
La résistance aux antibiotiques : un défi majeur pour la santé publique
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) identifie la résistance aux antimicrobiens comme l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle globale. La résistance aux antimicrobiens inclut par exemple celle des champignons aux antifongiques, des virus aux antiviraux et des parasites aux antiparasitaires ; toutefois c’est surtout la résistance des bactéries aux antibiotiques (antibiorésistance) qui représente la menace majeure. Souvent qualifiée de « pandémie silencieuse », on estime d’ailleurs, qu’environ 5 millions de décès dans le monde sont aujourd’hui associés tous les ans à ces infections par des bactéries résistantes aux traitements. L’OMS estime que ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050 sans action résolue.
De même l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) précise que l’antibiorésistance constitue une menace croissante pour la santé animale et humaine, ainsi que pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Si les actions conduites depuis plus de 20 ans ont été utiles, les niveaux d’antibiorésistance préoccupants, y compris en France qui fait partie des pays européen les plus consommateurs d’antibiotiques, et en particulier chez les enfants.
Selon des données diffusées par Santé publique France en novembre 2023, la consommation d’antibiotiques se confirme en 2022 : les prescriptions et les consommations d’antibiotiques ont augmenté en 2022 à un rythme plus soutenu qu’en 2021, respectivement +16,6 % et +14,0 %
Pour renforcer ce constat, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé et de la Prévention met à disposition un outil de datavisualisation basé sur des indicateurs indirects de prescription (ou « proxy indicateurs ») permettant d’évaluer la pertinence des prescriptions d’antibiotiques des médecins généralistes.
En santé animale, l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a diminué de 52 % depuis 2011, grâce à l’engagement de tous les acteurs (vétérinaires, éleveurs, instituts de recherche…) dans le cadre des plans Ecoantibio 1 et 2, et l’exposition des animaux à certains antibiotiques critiques pour la santé animale comme les céphalosporines de 3ème et 4ème génération a baissé de plus de 90%.
« Une seule santé » : une nouvelle approche de la santé globale
Compte tenu de l’utilisation des antibiotiques et de la persistance de résidus d’antibiotiques ou de bactéries et gènes résistants dans l’environnement, l’antibiorésistance est un sujet qui s’inscrit particulièrement bien dans une approche « Une seule santé ».
Cette démarche globale et transversale, à la croisée des médecines humaine et vétérinaire, des sciences de l’environnement et des sciences sociales, permet la meilleure prise en compte des relations entre la santé humaine, celle des animaux et des écosystèmes qui sont intimement liées.
La nouvelle feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l’antibiorésistance affirme l’importance du développement de la recherche dans cette perspective ainsi que l’établissement d’indicateurs de surveillance intégrés « Une seule santé ». Depuis 2021, le méta-réseau de professionnel PROMISE fait travailler plus étroitement ensemble les acteurs de la santé humaine, animale et des écosystèmes, pour mieux comprendre les liens entre l’antibiorésistance et les atteintes à l’environnement et mettre en place un système de surveillance adapté et harmonisé.
Une nouvelle feuille de route interministérielle ambitieuse pour répondre à ces enjeux
Pour renforcer efficacement nos actions dans ce domaine, cette thématique fait aujourd’hui l’objet d’une feuille de route interministérielle dédiée depuis 2016.
A l’occasion de la Semaine mondiale de la sensibilité à la résistance aux antimicrobiens 2023, les ministères de la Santé et de la Prévention, de l’Enseignement supérieur de la Recherche, de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, publient une nouvelle feuille de route interministérielle ambitieuse à 10 ans « Prévention et réduction de l’antibiorésistance et lutte contre la résistance aux antimicrobiens ».
Dans la poursuite des efforts engagés depuis 2016, les cinq axes identifiés dans cette feuille de route se déclinent en 17 objectifs stratégiques dont la traduction opérationnelle fera l’objet d’une concertation dans les prochaines semaines.
- Engager chacun des acteurs et développer une stratégie pérenne de sensibilisation, formation, communication
- Recherche pour une meilleure compréhension des mécanismes
- Renforcer la coordination des outils de surveillance intégrée
- Préserver l’arsenal des produits existants, optimiser son utilisation et développer des innovations pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens
- Une équipe France, force motrice en Europe et à l’international pour explorer les pistes d’appui aux pays les plus vulnérables en matière de lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
Afin de répondre à cette menace préoccupante, ces nouvelles orientations visent à structurer et renforcer les ressources existantes en articulation avec les actions du Plan Innovation-Santé France 2030 pour l’infectiologie et les travaux menés par les partenaires européens et internationaux.
Cette nouvelle feuille de route complète les approches sectorielles portées par le plan Ecoantibio3 2023-2028 dans le champ de la santé animale et publié ce jour, ainsi que la « Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance en santé humaine » publiée par la France en février 2022.
Celle-ci répondait déjà à trois objectifs :
- Prévenir les infections courantes grâce à des gestes du quotidien et à la vaccination ;
- Réduire le risque d’infections associées aux soins ;
- Préserver l’efficacité des antibiotiques, en ne les utilisant que quand ils sont absolument nécessaires et en suivant les recommandations.
Concernant le volet environnemental, la feuille de route s’appuie sur l’état des lieux réalisé par l’ANSES sur « antibiorésistance et environnement » publié en 2020, qui pointait un ensemble de besoins de recherche. Il s’agit notamment d’étudier comment les facteurs environnementaux généraux (le changement climatique et les pollutions liées à l’activité anthropique notamment) influencent la propagation et l’adaptation des vecteurs de la résistance.
Contacts presse
Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
Cabinet de M. Marc Fesneau
cab-presse.agriculture@agriculture.gouv.fr
Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Cabinet de Mme Sylvie Retailleau
secretariat.communication@recherche.gouv.fr
Ministère de l’Organisation territoriale et des Professions de santé
Cabinet de Mme Agnès Firmin Le Bodo
sec.presse.cabotps@sante.gouv.fr
Secrétariat d’État du ministre de la transition Écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la Biodiversité
Cabinet de Mme Sarah El Hairy
secretariat.cann@biodiversite.gouv.fr