« Moi, je suis ministre pour les français, pour les patients, avant d’être préoccupé par le sort des professionnels de santé. C’est un sujet les professionnels de santé […] mais le combat c’est l’accès aux soins des français ».
Encore une sortie du Ministre délégué à la Santé et à la Prévention qui fait avancer la cause ! Franchement, dans quel monde vit Frédéric Valletoux pour passer à côté de cette information majeure : l’accès aux soins n’existe pas sans les soignants !
On n’imaginerait pas un ministre de l’agriculture se désolidariser des agriculteurs, un ministre de l’éducation se désolidariser des enseignants, un ministre de l’intérieur se désolidariser des fonctionnaires de police, parce qu’on sait qu’on ne peut pas assurer le service public et produire les services essentiels à tous nos concitoyens, sans les femmes et les hommes dont c’est la mission essentielle !
Médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, sages-femmes, etc. sont tous en sous-effectifs sur nos territoires et tous sur-sollicités par nos concitoyens. Face à la demande grandissante, les professionnels de santé font leur maximum, se plient en quatre pour trouver des solutions à leurs patients, dépassent allègrement la durée réglementaire du temps de travail, prennent des risques, subissent les violences verbales et parfois physiques de patients excédés par la lenteur de la prise en charge (65 signalements de violence chaque jour).
Régulièrement, des enquêtes rappellent aux pouvoirs publics que les professionnels de santé souffrent d’anxiété (45% des médecins généralistes sont en situation de burn-out), que le taux de suicide chez les étudiants en médecine dépasse largement celui de la population générale au même âge (un interne en médecine se suicide tous les 18 jours).
Selon une enquête Odoxa parue en octobre 2023, « les soignants sont toujours en moins bonne santé que la population générale et les inégalités d’accès aux soins explosent ». Les deux sujets ne peuvent pas être déconnectés ou hiérarchisés : c’est en améliorant l’un que l’on pourra agir sur l’autre.
C’est simple et basique pour tous, sauf pour le ministre qui s’enferme dans une vision binaire de la réalité : nous avons eu le droit aux libéraux contre l’hôpital, au privé contre le public, désormais aux soignants contre les patients. Il faut que ce discours délétère cesse, il est aujourd’hui contraire à la logique d’ouverture, de dialogue et d’apaisement que l’on attend légitimement du ministre !
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Emanuel Loeb
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