Filtres
Type d'information
Secteur
Zone géographique
Période
Tri

BEH thématique n°6-7 « Surveillance et contrôle de la tuberculose en France : actions coordonnées pendant la pandémie de Covid-19 et en temps de guerre en Europe » (Document)

Imprimer la liste
Share

Le BEH thématique n°6-7 « Surveillance et contrôle de la tuberculose en France : actions coordonnées pendant la pandémie de Covid-19 et en temps de guerre en Europe », est paru mardi 19 mars 2024.

Lire le BEH

Ce numéro comprend un éditorial et 5 articles :

  • Éditorial. Tuberculose : ce que nous ont appris les dernières années
    François-Xavier Blanc (Nantes Université, CHU Nantes, service de pneumologie, l’Institut du thorax, Nantes ; Groupe de recherche et d’enseignement en pneumo-infectiologie (GREPI), Société de pneumologie de langue française (SPLF), Paris)
  • L’épidémiologie de la tuberculose en France à l’ère de la pandémie de Covid-19
    Jean-Paul Guthmann (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll.

Introduction – La France est un pays de faible incidence de tuberculose, avec une baisse moyenne de près de 5% par an depuis un demi-siècle. Cette tendance régulière a néanmoins été parfois interrompue par des variations plus marquées en lien avec des événements extérieurs. Nous analysons l’impact de la survenue de la pandémie de Covid-19 sur l’épidémiologie de la tuberculose.

Matériel et méthodes – Les cas de tuberculose maladie déclarés en France en 2022 à travers le dispositif de la déclaration obligatoire (DO) sont décrits. Les issues de traitement des cas déclarés en 2021 sont analysées. Les nombres de cas, taux de déclaration et pourcentages de cas ayant complété le traitement sont comparés avant et après la survenue de la pandémie de Covid-19.

Résultats – En 2020, 4 606 cas de tuberculose maladie ont été déclarés (taux de déclaration de 6,8 cas/100 000 habitants), soit une baisse significative de 10,4% par rapport à 2019 (p<0,01). La baisse du taux de déclaration, plus faible mais toujours significative, s’est poursuivie en 2021 (6,4 cas/100 000 habitants, n=4 306) et 2022 (6,2 cas/100 000 habitants, n=4 217) (soit une baisse de 7,0% et 2,6% comparé à l’année précédente, respectivement). Les données provisoires montrent une augmentation des cas en 2023 avec 4 728 cas déclarés.

Entre 2018 et 2022, le nombre de cas pédiatriques, des cas graves (total et pédiatriques), des cas multirésistants (MDR – MultiDrug-Resistant –) et des décès chez les patients atteints de tuberculose est stable ou en baisse. Le taux de déclaration des cas nés hors de France est de 32 cas/100 000 habitants en 2022, en baisse par rapport aux années précédentes (38,5 cas/100 000 habitants en 2019, 33,6 cas/100 000 habitants et 2020 et 32,2 cas/100 000 habitants en 2021). La proportion de cas de tuberculose déclarés en 2021 ayant achevé leur traitement est de 83,1%, sans variation significative comparé à l’année pré-pandémique (82,6% pour les cas déclarés en 2018, p=0,60), mais 45% des cas n’ont pas d’issue de traitement renseignée.

Discussion – L’incidence de la tuberculose en France a été touchée par l’ensemble des mesures sanitaires et sociales mises en place afin de limiter la diffusion de la pandémie de Covid-19, comme cela a été observé partout dans le monde. En 2022, la pandémie de Covid-19 n’avait pas eu de conséquences sur la sévérité et la mortalité par tuberculose. L’augmentation de l’incidence en 2023 est en faveur d’un rattrapage des cas diagnostiqués. Mieux renseigner les issues de traitement reste un objectif majeur de la surveillance de la tuberculose.

  • Focus. La télédéclaration de la tuberculose : premier bilan 21 mois après sa mise en place en France
    Jean-Paul Guthmann (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll.

  • L’organisation et le bilan du dépistage de la tuberculose chez les déplacés d’Ukraine en France en 2022
    Philippe Fraisse (Réseau national des centres de lutte antituberculeuse (RNCLAT), Groupe de recherche et d’enseignement en pneumo-infectiologie (GREPI) de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), Paris

L’Ukraine était en 2021 le deuxième pays où l’incidence de la tuberculose était la plus élevée en Europe. À la suite de l’invasion du pays le 24 février 2022, 8 millions de déplacés ont fui vers des pays étrangers. Cet article rend compte de la stratégie active de dépistage de la tuberculose par les centres de lutte antituberculeuse (Clat) chez les déplacés provenant d’Ukraine en France. La prévalence des cas rapportés par les Clat s’élevait à 197/100 000. Elle était supérieure à l’incidence annuelle estimée en Ukraine.

La présence d’un réseau national des Clat organisé a favorisé le dépistage des personnes déplacées, malgré des difficultés inhérentes à un afflux massif de réfugiés. Des pistes d’amélioration pour l’exhaustivité des dépistages sont proposées.

  • Actualités sur la tuberculose à bacilles multirésistants aux antibiotiques et ses nouveaux traitements
    Nicolas Veziris (Centre national de référence des mycobactéries et de la résistance des mycobactéries aux antituberculeux, Bactériologie-Hygiène, DMU BioGemH, AP-HP.Sorbonne Université, Paris) et coll.

La tuberculose à bacilles multirésistants (MDR – MultiDrug Resistant) touche chaque année près d’un demi-million de personnes dans le monde. En Europe de l’Ouest, le nombre de cas est faible et ceux-ci proviennent en grande partie des pays d’Europe de l’Est. En France, la surveillance effectuée par le Centre national de référence des mycobactéries et de la résistance des mycobactéries aux antituberculeux (CNR-MyRMA) montre qu’après un pic à plus de 100 cas en 2014, le nombre de cas a diminué jusqu’en 2021, à moins de 50.

Cette diminution est due principalement à une baisse des cas provenant de Géorgie. Toutefois, en 2022, le nombre de cas a augmenté à nouveau, secondairement à l’arrivée de cas en provenance d’Ukraine et de Géorgie. Au cours de ces 10 dernières années, le traitement des tuberculoses MDR a connu plusieurs révolutions avec la découverte de nouveaux antituberculeux, le repositionnement d’antibiotiques connus et les résultats de plusieurs essais thérapeutiques combinant ces molécules. Des options thérapeutiques très efficaces existent maintenant pour les cas autrefois considérés comme très complexes à traiter.

Ces nouveaux régimes ne comportent plus d’antibiotiques injectables, sont moins toxiques et sont désormais aussi courts que le régime standard de la tuberculose à bacilles sensibles.

  • La tuberculose maladie dans les Bouches-du-Rhône de 2018 à 2021 : caractéristiques des cas et étude des délais diagnostiques avant et pendant la pandémie de Covid-19
    Quiterie Mano (Santé publique France – Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse, Ajaccio) et coll.

Introduction – La réduction de l’accès aux services de santé pendant la pandémie de Covid-19 a déstabilisé la lutte antituberculeuse provoquant une baisse du nombre de cas diagnostiqués de tuberculose entre 2019 et 2020. Une étude a été menée dans le département des Bouches-du-Rhône afin d’étudier les filières et modalités de recours aux soins et au diagnostic des cas de tuberculose déclarés entre 2018 et 2021.

Matériel et méthode – L’étude rétrospective a porté sur les dossiers des patients atteints de tuberculose pris en charge de 2018 à 2021 par le centre de lutte antituberculeuse des Bouches-du-Rhône (Clat13). Les parcours de soins, dont les délais diagnostiques, ont été comparés entre 2018-2019 et 2020-2021. Les facteurs associés à un allongement des délais diagnostiques ont été analysés par des régressions logistiques binomiales.

Résultats – Au total, 518 patients ont été inclus dans l’étude. Le nombre de cas a diminué pendant la pandémie (-24%), mais les tendances étaient différentes selon les classes d’âge, le pays de naissance ou le lieu de résidence. Le délai patient médian était inférieur lors de la pandémie. Le délai patient était plus souvent court chez les patients en situation de grande précarité (odds ratio ajusté, ORa=0,2 ; intervalle de confiance à 95%, IC95%: [0,1-0,6]). Lors de leur premier recours, les patients qui avaient consulté un médecin généraliste avaient plus fréquemment présenté un délai soignant long que ceux ayant consulté un service d’urgence hospitalier (ORa=8,2 [3,8-18,7]).

Discussion et perspectives – Les résultats incitent à renforcer la formation des médecins généralistes et à maintenir les actions « d’aller vers » mises en place pour l’accès aux soins des plus précaires pendant la pandémie.

PJ

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Share