Les travaux rigoureux menés récemment sous l’égide de la Société Française d’Orthopédie Pédiatrique [1] sur le dépistage des luxations congénitales de hanche durant les 20 dernières années font clairement apparaître une augmentation importante du nombre de découvertes tardives (après le 3ème mois) de luxations congénitales de la hanche, soit 10/100 000 naissances après 3 mois, et 4/100 000 naissances découverts seulement après l’acquisition de la marche, alors qu’elles avaient pratiquement disparu après la campagne de dépistage menée il y a 20 ans avec l’appui des autorités sanitaires.
Il est établi depuis longtemps que le pronostic défavorable à long terme de la coxarthrose invalidante et douloureuse nécessitant des corrections chirurgicales, source de dépenses importantes pour l’assurance maladie, est corrélé à un diagnostic initial tardif après l’âge de la marche.
Or, l’examen systématique des hanches des nouveau-nés par le pédiatre, certes obligatoire avant la sortie de maternité, ne dépiste pas obligatoirement tous les cas d’instabilité. D’autre part, l’examen lui aussi systématique par échographie à l’âge de 1 mois se heurte à son caractère opérateur- dépendant, tout comme l’ examen radiologique à 4 mois dont on doit redouter le caractère irradiant. Finalement, l’examen clinique répété des hanches à plusieurs reprises dans les 2 premiers mois reste le meilleur moyen de faire un diagnostic précoce. La constatation de la limitation de l’abduction de hanche est un signe clinique d’alerte de grande valeur, relativement facile à mettre en évidence.
Les gestes élémentaires de diagnostic clinique doivent impérativement être rappelés et il faut encore améliorer le dépistage par les pédiatres en maternité, avant le retour à domicile et renouveler l’examen obligatoire par la sage-femme ou le médecin dans les 8 premiers jours. Par la suite, le suivi des nouveau-nés et des bébés, le plus souvent assuré par le médecin de famille, exige aussi un effort de Développement Permanent des Connaissances (DPC) en ce domaine.
Tous les nourrissons doivent pouvoir bénéficier d’un suivi par l’examen répété de la mobilité de hanche dans les premiers mois de la vie et cet examen doit figurer chaque fois systématiquement dans le carnet de santé. Cet examen sera effectué par un pédiatre, ou un médecin de famille bien formé, et par la sage-femme à l’occasion de ses visites dites « suites de couches » ou dans les centres de PMI. Toute découverte d’une anomalie justifiera alors le recours à un échographiste compétent et à l’orthopédiste pédiatre.
[1] C. Morin, P. Wicart, Société française d’Orthopédie Pédiatrique ; Luxation congénitale de la hanche de découverte tardive, après l’âge d’un an : état des lieux et prise en charge. Revue de Chirurgie orthopédique et traumatologique (2012), 985, 5271/5276.
L’Académie a adopté le texte de ce communiqué avec 73 voix pour, 1 voix contre et 7 abstentions.
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