La e-santé et la m-santé sont en train d’inverser la courbe de la fatalité et de l’isolement pour les populations les plus démunies. Le numérique, qui a déjà commencé à révolutionner le quotidien de millions de malades dans les pays émergents, refonde l’approche de la santé publique en Afrique, où près d’un milliard de téléphones mobiles sont déjà utilisés (sur les 7 milliards en circulation dans le monde !). Des exemples concrets démontrent chaque jour les spectaculaires progrès obtenus.
Ministres de la santé et grands intervenants du secteur de la santé sont venus en témoigner aux Rencontres organisées par le Leem, en partenariat avec l’OIF à Genève. Un état des lieux aux perspectives vertigineuses, suivi avec intérêt par une assemblée nombreuse, parmi lesquels deux des candidats déclarés à la Direction générale de l’OMS…
Porteur d’un immense espoir, le numérique rend de plus en plus crédible l’accès de tous les peuples à une meilleure santé. Philippe LAMOUREUX, Directeur général du Leem, a réaffirmé combien il était nécessaire, pour avancer encore dans cette voie, « de fédérer ces nouveaux outils en les intégrant aux politiques publiques pour offrir un accès facilité, à faible coût, à cette révolution numérique dont l’impact est majeur sur la santé des patients, en particulier dans le domaine des maladies infectieuses et des maladies chroniques ». Une profession de foi soutenue par S.E. Ridha BOUABID, Ambassadeur représentant de la Francophonie à Genève : « au vu de l’intérêt suscité et des évolutions en cours, il nous a semblé important d’approfondir notre réflexion sur le sujet pour poser les bases d’une coopération francophone durable… au sein d’une révolution en marche qui modifie déjà la manière dont un État peut appréhender ses politiques publiques de santé. »
Michel SIDIBE, directeur exécutif de l’ONUSIDA, a apporté sa contribution sur les avancées de la révolution numérique, parlant d’une véritable « démocratisation de l’accès à la santé » qui brise l’isolement des malades et des personnels de santé, « comme au Rwanda où l’on obtient des résultats spectaculairement efficaces » dans la lutte contre le sida.
Devant la multitude d’applications développées, une stratégie nationale s’impose pour définir les priorités et ne pas plaquer « des solutions qui cherchent un problème », met en garde le Dr Edward KELLEY, directeur Sécurité à l’OMS. On n’en est plus à « la création de solutions technologiques, mais à mieux appliquer celles qui existent et à y adapter les systèmes de santé – en les centrant sur la personne ». Il est crucial de placer le patient au centre du dispositif et de créer une architecture numérique autour de ses priorités. Selon le Pr Antoine GEISS-BUHLER, Médecin Chef du Service de Cybersanté et Télémédecine de Hôpital Universitaire de Genève, « la pérennité d’une stratégie de m-santé » passe par le fait « d’avoir le gouvernement dans le siège du pilote – et le citoyen dans la force motrice » !
Le cas de la Côte d’Ivoire, qui a mis la mère et l’enfant au cœur des préoccupations du ministère de la Santé, démontre l’impact qu’une application numérique peut avoir sur le rappel des vaccinations, sur la bonne gestion des dossiers — et à court terme sur la morbidité et la mortalité. Un bon exemple de l’apport colossal des solutions numériques à la santé des populations des pays émergents. La ministre de la Santé Raymonde GOUDOU-COFFIÉ met d’ailleurs à profit le succès du carnet de vaccination numérique, avec près de 500 000 mères inscrites, pour redynamiser les méthodes de lutte anti VIH, en partenariat avec Orange et ONUSIDA. Marie-Madeleine TOGO, Ministre de la Santé et de l’hygiène publique du Mali, se félicite pour sa part que, depuis la mise en place de la carte santé numérique, « il suffit d’appuyer sur un bouton pour avoir en temps réel la carte des établissements de santé et leur capacité d’accueil ». En outre, un programme mobile et connecté, en 3G et photovoltaïque, met en commun l’ensemble des données de santé pour les professionnels. Après Madagascar et le Bénin, les 4000 premiers patients maliens et leurs soignants apprécient ce Dossier Médical Partagé, dont l’approche intuitive et ludique rend simple l’accès à un outil complexe.
Les entreprises du médicament sont très en pointe, dans « un nouveau contexte où tout reste à inventer, un monde fascinant qui n’a pas fini de s’ouvrir devant nous », selon Bénédicte DENIEUL, Directeur des Solutions Patient Pays émergents de Sanofi, dont le programme d’éducation e-diabète « fait par les Africains pour les Africains », en partenariat avec l’UNFM, le RAFT, IUT et l’OMS, répond à un tragique déficit d’information devant le développement de ce fléau. Des plateformes numériques d’éducation thérapeutique rassemblent jusqu’à 1000 professionnels de santé à chaque session, tandis que la dynamique d’entraide issue des communautés de patients offre un irremplaçable partage d’informations et de solutions en ligne.
Autre initiative avant-gardiste, celle de la Fondation Pierre Fabre, qui vient de créer l’Observatoire de la e-santé dans les pays du Sud. Son objectif est de repérer les projets prometteurs en mal de financement, afin de les accompagner et de faciliter leur développement. Une base de données actualisée, en accès libre, donne à chaque projet, dûment “cartographié“ en fonction de son secteur, une visibilité unique, et met en avant les bénéfices qu’il peut apporter aux populations. Les innovations qui ont le plus fort potentiel seront officiellement primées le 4 juillet prochain, lors d’une remise des prix de la Fondation à Toulouse. Une première mondiale, relayée en ligne.
Profitant de la tribune offerte par ces Rencontres, et le Pr Philippe DOUSTE-BLAZY, Président d’UNITAID, ex ministre de la Santé et des Affaires étrangères français, et le Dr Tedros Adhanom GHEBREYESUS, Ministre des Affaires étrangères d’Éthiopie, tous deux candidats déclarés à la Direction générale de l’Organisation Mondiale de la Santé, ont pu faire partager leurs propositions sur ce que devrait être la stratégie de l’OMS et ses priorités. Parmi ces priorités : augmenter l’espérance de vie, faire respecter le règlement sanitaire international de l’OMS avec l’adoption d’une couverture santé universelle, favoriser la prévention dans le domaine des maladies non transmissibles, anticiper les crises sanitaires internationales, prévenir la résistance aux agents anti infectieux — et enfin donner une meilleure représentation à l’Afrique francophone.
Deux contributions qui démontrent que l’Afrique reste une des préoccupations centrales de l’OMS et une occasion unique pour les deux candidats d’enrichir leurs réflexions autour de la santé numérique.
En clôture de ces rencontres, le Dr Claude MONNERET, Président de l’Académie Nationale de Pharmacie de France, a remis le Prix 2015 de la Pharmacie Francophone au Pr Aboubacar SIDIKI DIAKITÉ, inspecteur général de la Santé en Guinée, artisan majeur de la mise en place du système de santé et de la ratification pionnière de Médicrime par son pays.
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Les Rencontres Leem-OIF-Délégations francophones constituent, depuis dix-huit ans, un événement international de tout premier plan. Elles sont une tribune exceptionnelle permettant de dresser l’état des lieux de la santé mondiale, à la veille de l’Assemblée Mondiale de la Santé à Genève. Elles réunissent officiels, professionnels de santé, OMS, organisations non gouvernementales, bailleurs de fonds, fondations privées, organisations internationales multilatérales et industriels du médicament, et mettent en avant les différentes initiatives pour améliorer la prévention et la prise en charge des pathologies dans les pays émergents ou en voie de développement.
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